vendredi 31 décembre 2021

Les plaisirs démodés

 

Vous pouvez bien me le dire (je ne le répèterai pas): vous avez l'intention de passer le réveillon avec quelques amis?

Et vous êtes nostalgiques de cette époque, qui semble si lointaine à présent, où on pouvait se coudoyer, se bousculer, chahuter sans se préoccuper de distances et de barrières?

Au lieu de danser collés-serrés (ce ne serait pas très raisonnable), pourquoi ne pas faire comme nos amies Pyra, Mythra et Pneuma: un karaoké? (allez voir la vidéo sur Youtube, c'est plus grand)


Le karaoké (カラオケ, karaoke) est une façon divertissante de chanter, habituellement en suivant les paroles sur un écran (nous explique Wikipédia).

C'est amusant un karaoké! Mais attention: Pyra, Mythra et Pneuma disposent des pouvoirs spéciaux des Blades, qui les protègent (entre autres) des virus et de leurs attaques combinées; mais pas vous! Alors, gardez vos distances, restez juste assez près pour pouvoir suivre les paroles sur l'écran!

Merci à Pabo Babo, pour avoir posté cette vidéo à l'ambiance festive, qui me fait sourire chaque fois que je la revois (j'espère que ça marchera pour vous aussi).

Et bonne fin d'année à tous!


 Une vidéo de Pabo Babo; musique dans cette vidéo: Super Bass, licensed to YouTube by UMG (on behalf of Nicki Minaj/Cash Money)

samedi 11 décembre 2021

Quatre saisons


Allons, fidèles de Florence Magnin, encore un petit effort: il y a des stretch goals  à débloquer! Ne pensez-vous pas qu'un polyptyque aux couleurs des quatre saisons serait un agréable compagnon à votre Jeu de la Marelle? 



Zozo

 The Japanese billionaire Yusaku Maezawa, who founded the clothing retailer Zozo, will spend 12 days in orbit aboard the International Space Station with a production assistant who will document his stay.

 The New York Times


Le miliardaire japonais Yusaku Maezawa, fondateur d'une chaîne de boutiques de fringues appelée Zozo, passera douze jours en orbite dans la Station Spatiale Internationale, accompagné d'un assistant de production qui tournera un documentaire sur ce séjour.


Je fais, dans le titre de ce billet, un peu de publicité gratuite à cette chaîne de vêtements, ça ne peut pas lui faire de mal, c'est que ça coûte des sous les couchettes dans la Station Spatiale Internationale.



dimanche 5 décembre 2021

Royal

 Vous passez en revue, sans doute en ce moment même, les paquets que vous allez bientôt déposer au pied d'un arbre de Noël (ou glisser dans des chaussettes). Vous avez tout juste le temps de choisir les papiers-cadeaux les plus rutilants, et de vous entraîner à nouer les rosettes de ruban les plus parfaites! Songez donc à la chance que vous avez: ce n'est que dans un an - juste à temps pour la Noël 2022 - que les industrieux imprimeurs baltes qui façonneront le Tarot de la Marelle, avec la minutie qui a fait leur réputation, auront terminé leur ouvrage. Du temps, vous en aurez donc à revendre pour concevoir, pour ces cadeaux exceptionnels, des présentations encore plus brillantes que celles des cadeaux de cette année (vous en garderez un rien que pour vous, c'est bien compréhensible; mais peut-être choisirez-vous de le suspendre à une branche de votre sapin personnel? il vous faudra donc l'enrubanner aussi!). Quinze jours: c'est le temps qu'il vous reste pour décider combien d'exemplaires du Tarot vous seront nécessaires pour répandre la joie autour de vous. N'est-ce pas plus que suffisant? 

Et n'oubliez pas que, lorsque vous recevrez les exemplaires que vous aurez commandés (ici!), vous y découvrirez une carte inédite créée spécialement pour cette édition: le Roi de la Marelle! Lorsque vous le retournerez, quels secrets cet arcane hors du commun vous révèlera-t-il?


Le Tarot de la Marelle: un cadeau qui vaincra le temps!


samedi 4 décembre 2021

Il ne faut jamais désespérer d'Éric Chevillard

 

Son journal autofictif est un amer (ne vous y trompez pas: amer, c'est un terme de marine qui veut dire point fixe qui peut servir de repère visuel aux pilotes, quand personne ne sait plus où  est la côte*) dans les tempêtes que nous traversons. Il continue, Eric Chevillard, à y esquisser de petites saynètes qui nous semblent à ce point conformes à ce que nous vivons dans notre vie quotidienne qu'il nous faut un moment pour repérer l'endroit où, de la réalité au bloc-notes du Chevillard, il s'est opéré un glissement.


Nous étions si nombreux dans cette salle d’attente que les chaises manquaient. Puis les heures passaient et la porte ne s’ouvrait pas. Cela durait de l’autre côté, cela n’en finissait pas.


À bout de patience, je me levai. Résolument, je tournai la poignée et entrai. Je fus accueilli par un murmure de soulagement émis par toutes les personnes que je découvris là, assises sur des banquettes ou adossées aux murs.


Un homme sauta sur ses pieds et me dit, un brin d’exaspération dans la voix :

– C’est mon tour, je vous avoue que nous commencions à désespérer!

Éric Chevillard


* Bon, d'accord,  ça peut aussi être un apéritif, ou un digestif; il semble, d'ailleurs, que mes visiteurs l'apprécient à toute heure, cet amer, même quand le ciel est clair et la mer calme. Santé.


Au fait: vous avez sans doute remarqué que Chevillard (et son ami l'Arbre Vengeur) ont aussi besoin que vous donniez un coup de kick à leur starter! Au cas où ça vous aurait échappé: c'est ici.

jeudi 2 décembre 2021

De quoi ces noms sont-ils les noms?

 Variant Delta, Variant Omicron… 

ne dirait-on pas les joyeux habitants du Meilleur des mondes?

Éric Chevillard


Prédiction que l'on peut hasarder pour l'année prochaine: Varian, prénom qui n'avait jamais jusqu'à présent séduit beaucoup de jeunes parents (en dépit du rôle non négligeable que Varian Fry a joué pendant la seconde guerre mondiale - "Il n'a bénéficié que d'une reconnaissance tardive par la France peu avant sa mort", confesse Wikipédia) pourrait bien devenir le nouveau prénom à la mode. Que ce soient de bonnes ou de mauvaises raisons qui poussent d'heureuses mamans et d'heureux papas à choisir ce nom de baptême de préférence à Kevin, on ne pourrait que s'en réjouir, non?

Oh, vous trouvez que c'est une spéculation un peu tirée par les cheveux?

Bon, d'accord, en voici une autre, celle-ci, on peut l'avancer sans trop craindre de se tromper: dans un des prochains Astérix attendez-vous à ce qu'il y ait un personnage nommé Gestiondurix.



vendredi 26 novembre 2021

Non, c'est vrai?

 Hum-hum.


Encore?  Pourquoi donc ai-je l'impression d'avoir déjà ressenti cette sensation de... comment dire? de mauvais positionnement dans le temps?


samedi 20 novembre 2021

It's a wonderful world

 

Je pince entre les pouces et les index des deux mains la tranche de jambon, et je l'élève dans la lumière. Je contemple avec ravissement le chatoiement des reflets - comme d'une couche de vernis - qui la parcourent. Oui, je sais, c'est un rêve, mon rêve, et a priori il ne tiendrait qu'à moi, dans ce plus privé des cosmos privés, de décrocher un odorant jambon fumé des poutres d'une taverne, de m'en tailler une bonne tranche avec mon coutelas et de la dévorer à belles dents. Mais non, dans ce rêve-ci je me satisfais de m'émerveiller des modestes qualités esthétiques d'une tranche de jambon industriel sortie, ruisselant d'humidité, d'un film plastique.


Puis je me lève et, avant d'aller noter ce rêve (pendant qu'il est encore tout frais et brille de reflets de vernis), je tourne le bouton de la radio; il en sort la voix d'Armstrong "… and I speak to myself: it's a wonderful world".

 

Le rêve n'ouvre plus sur des lointains d'azur. Il est devenu gris. La couche de poussière grise sur les choses en est la meilleure part. Les rêves sont à présent des chemins de traverse menant au banal. La technique confisque définitivement l'image extérieure des choses, comme des billets de banque qui vont être retirés de la circulation. Dans le rêve, la main s'en saisit une dernière fois, elle prend congé des objets en suivant leurs contours familiers. Elle les saisit par l'endroit le plus usé. Ce n'est pas tou­jours la manière la plus convenable : les doigts des enfants n'entourent pas le verre, ils plongent dedans. Par quel côté la chose s'offre-t-elle aux rêves ? Quel est cet endroit le plus usé ? C'est le côté qui a pris la patine de l'habitude et qui est garni de sentences commodes.

Walter Benjamin, Œuvres II,
Gallimard, Folio, 2003

ISBN : 9782070426942


Il m'arrive en effet d'en faire, de ces rêves dont "la couche de poussière grise sur les choses est la meilleure part". Je n'en tire pas la conclusion pessimiste de Walter Benjamin, que "la technique confisque définitivement l'image extérieure des choses". Il me semble au contraire que la particularité de ces rêves est qu'ils me gratifient - le temps d'un sommeil paradoxal - d'une capacité d'émerveillement supérieure à celle dont je jouis pendant la journée (une sorte de "remise à neuf" de cette utile capacité à laquelle c'est notre rugueuse existence diurne qui inflige une usure), et je leur en suis reconnaissant, au point de m'éveiller content de n'avoir gardé d'un rêve que le souvenir de quelques grains de poussière dans un rayon de soleil.


jeudi 18 novembre 2021

Et on joue à la Marelle, et hop, et hop

 

Il y a eu, jusqu'à aujourd'hui, un léger flou autour du projet "Tarot de la Marelle", la réédition, pas-tout-à-fait-à-l'identique-mais-presque (pour des questions de droits), de ces fascinants Atouts* dont, nous a appris Roger Zelazny, princes et princesses d'Ambre* ne se séparent jamais, et auxquels Florence Magnin, après avoir illustré les couvertures de la série de romans pour Denoël, avait ouvert un portail* vers l'Ombre* que nous habitons: une réédition que vous attendiez tous depuis des années, n'est-ce pas, amis?; au vu des informations pas toujours concordantes  postées ici et là, il était permis de se demander: la souscription serait-elle lancée le 10 novembre, ou plus tard? Sur Kickstarter, ou sur Ulule?

Voici, heureusement, qui va éclairer votre lanterne: 

Retrouvez toutes les informations ici!

*Je vous renvoie aux romans de Zelazny pour les détails.

mardi 16 novembre 2021

Il s'appelle James, je crois, ou alors Sean

 Cette nuit, c'est James Bond que je rencontre (à moins que je ne regarde un film: ça m'arrive souvent en rêve). Le vrai James Bond, la preuve: c'est à Sean Connery qu'il ressemble le plus (désolé, Daniel Craig: c'était bien essayé). Détendu, bronzé, sous le soleil de quelque Riviéra, il vient sans doute d'effectuer quelques acrobaties dans son Aston-Martin car il en laisse refroidir le moteur sur le bord de la route.
Et c'est dans une discussion très sérieuse et animée à propos du bon usage des gadgets de ladite Aston-Martin qu'il est plongé, avec la James Bond girl qui l'accompagne: elle semble trouver qu'il en a fait un usage un peu inconsidéré. En effet, les cascades précédentes ont laissé quelques traces sur leurs tenues à tous les deux: smoking blanc pour lui, robe de soirée en lamé pour elle, sont un peu froissés et défraîchis, et surtout, trempés (peut-être a-t-il testé la fonction "sous-marin" de la James Bond car en oubliant de fermer le toit ouvrant?). Mais rassurez-vous, même fripés, ils restent tous les deux très sexy.
 


mardi 9 novembre 2021

Et si c'était demain?

 Vous en avez vu assez à présent, lecteurs éclairés, pour reconnaître la touche inimitable d'une de nos illustratrices préférées
(n'est-ce pas?)…
Mais que nous montre, au juste, cette fenêtre sur un autre monde?
Ouvre-t-elle sur un univers impossible?
Ou sur celui que nous n'avons jamais quitté?


Sur le passé?
Sur le futur?
Et si c'était…  
… sur demain?

À suivre...

samedi 6 novembre 2021

En éclaireuse

 ... Mais oui, ce n'est pas simplement un feu follet parmi d'autres, c'est une lanterne portée par une énigmatique figure féminine...


 ... de quel futur vient-elle en éclaireuse?

De quels arcanes est-elle la messagère?

Le saurons-nous bientôt?

 

À suivre...


mardi 2 novembre 2021

Sombre...

 On nous avait prévenus: la nuit allait tomber une heure plus tôt.
Ouille!
Ça n'a pas raté: l'hiver a rajouté une couche, en étendant sur les journées d'hier et d'avant-hier nuages noirs et pluie persistante.
Depuis le changement d'heure, je ne suis pas sûr que le jour se soit encore levé.
Mais… que vois-je, là, tout au bout de l'obscurité?


 Serait-ce une lumière?
 
À suivre…

samedi 30 octobre 2021

Écrire un nom

 

J'ai appris aujourd'hui la naissance (il y a deux jours) d'un petit garçon que ses parents ont prénommé Liberté. J'ai aussitôt pensé à ce personnage du roman de Primo Levi, La clé à molette (La chiave a stella), que son père avait voulu déclarer à l'état-civil sous le prénom de Libertario: refusé. Par dépit, le père avait alors proposé Libertino: accepté.  Ce que raconte La chiave a stella, ce sont donc les souvenirs de Libertino Faussone (vous les avez lus, j'espère?).
Apparemment, le prénom Liberté n'a pas posé de problème au fonctionnaire de l'état-civil français: il y aurait donc ici et là des choses qui changent pour le mieux? Même si, comme nous l'a rappelé kwarkito, hier 29 octobre c'était l'anniversaire de la mort de Brassens, je suis content de pouvoir garder, de la fin de cet octobre-ci, le souvenir de la naissance d'un beau bébé (qui sait? peut-être qu'un livre racontera un jour ses aventures?), ça change de la monotonie de toutes ces journées où on a appris la mort de quelqu'un.

 

 

mardi 26 octobre 2021

On le reconnait bien là

 J’ai bien cru que mon miroir s’était brisé en mille morceaux. Mais je fus rassuré en passant la main sur sa surface lisse, intacte. C’est moi qui n’allais pas très fort.

Éric Chevillard


 Rassurons  Éric: il nous est arrivé à tous (surtout ces derniers temps) d'avoir la même impression, et dans tous les cas l'explication est la même: c'est le miroir qui débloque.
 

lundi 18 octobre 2021

Par une porte avec un miroir: Silvina Ocampo, Inventions du souvenir

 

— Y tenemos más miedo que usted, porque no sabíamos que vivíamos en un mundo raro y gracias a usted lo hemos descubierto.
— Et nous avons encore plus peur que vous, car nous ne savions pas que nous vivions dans un monde étrange, et nous venons de le découvrir grâce à vous.

Silvina Ocampo,
La tête de pierre (La cabeza de piedra),
dans Mémoires secrètes d’une poupée

 

Lisez Silvina Ocampo, découvrez que nous vivons dans un monde étrange, et ayez peur.


Silvina Ocampo avait déjà confié au papier les Mémoires secrètes d'une poupée. Mais elle avait encore beaucoup de secrets à écrire. Dans Inventions du souvenir, elle a écrit (en vers) les secrets d'une petite fille, que  Silvina Ocampo doit avoir bien connue, sûrement, pour qu'elles s'en soient confié autant l'une à l'autre, de secrets. En les lisant il arrive qu'on se demande "Mais… ce secret-là, c'est le secret de qui?", car parfois Silvina Ocampo en parlant de la petite fille dit "elle", parfois elle dit "je", et parfois elle dit "elle" et "je" dans la même phrase. Pourquoi? C'est un secret.
Voilà un exemple d'une de ces phrases où Silvina dit à la fois "elle" et "je":

Se rappelant les vicissitudes de la vie
elle m'avait dit un jour:
je suis arrivée à la conclusion que tous les moments
peuvent être mis profit,
particulièrement ceux qui nous semblent le plus inutiles :
le temps de la pauvreté,
le temps de la maladie,
le temps du désenchantement,
le temps  du dégoût,
le temps du regret.
Mais plus que tout autre le temps de la maladie,
qui semble plus irrémédiablement perdu.

Ça, ça ressemble plus à quelque chose qu'une grande fille dirait à une petite fille, qu'à quelque chose qu'une petite fille dirait à une grande fille, non? Inventions du souvenir, c'est un livre sur le partage des secrets: tout le monde sait qu'un secret c'est une chose qu'on ne peut pas dire à tout le monde, mais à certaines personnes, on peut. Par exemple Silvina et la petite fille, elles peuvent.

 "Comme The Prelude, Inventions du souvenir est composé de fragments écrits à différentes époques: les premiers remontent approximativement à 1960; les derniers à 1987. L'ordre des souvenirs n'obéit pas à une chronologie stricte mais possède une cohérence narrative secrète qui ne peut procéder que d'un talent poétique infaillible": Ernesto Montequin nous explique tout dans un avant-propos écrit dans le style sérieux des avant-propos (" afin de préciser les époques que recouvrent ces souvenirs et de pouvoir les situer dans les contextes où ils se sont déroulés, il convient d'avoir certains éléments présents à l'esprit…", vous voyez?); il se souvient parfaitement, Ernesto Montequin, il ne l'a pas inventé, que Silvina Ocampo est née le 28 juillet 1903 dans la maison située au 550, rue Viamonte.
Silvina Ocampo, elle, se souvient que

La maison de ses parents
communiquait avec celle de ses grand-tantes
par une porte avec un miroir…

Les notes rédigées par Anne Picard nous apprennent, elles, que "la fille de l'air, qu'on appelle aussi tillandsia, est une plante de la famille des broméliacées, elle se fixe sur des végétaux, des rochers, des arbres".
Tout ça ce ne sont pas des secrets, toutes ces informations peuvent se retrouver dans d'autres livres.
Mais le long poème en vers irréguliers  nous apprend des choses qui ne se trouvent  dans aucun autre livre, car qui pouvait s'en souvenir, sinon Silvina Ocampo et la petite fille?
Silvina Ocampo, par exemple, savait exactement à quels moments la petite fille a pleuré pour de vrai, et ce qui se passait ensuite.

Mais quand elle pleurait pour de vrai
Personne ne s'en apercevait.
"Tu es enrhumée?" lui demandait-on.

Pleurer pour de vrai sans que personne ne s'en inquiète.
Dire un gros mensonge et être félicité pour sa franchise.
Dire la vérité et être traitée de menteuse.
Frissonner de dégoût et entendre quelqu'un dire "Cette petite n'est pas assez couverte".
Ce sont des choses qui vous arrivent quand vous êtes petit. Petit, vous êtes entouré d'adultes qui pensent que s'ils vous caressent les cheveux vous vous direz forcément que tout va bien.
Tout ça, vous ne l'oubliez pas, tandis que vous pouvez oublier comment s'appelait un visiteur autour de qui tout le monde s'empressait; vous pouvez oublier le nom d'une personne, mais pas l'intonation de la voix de votre mère quand elle prononçait ce nom; oublier à quel moment vous avez quitté une ville pour une autre, à quoi ressemblaient la gare de départ et celle d'arrivée, mais pas quel parfum on sentait en entrant dans une pièce; comment était meublée une chambre, mais pas qu'il y avait un ange au-dessus du lit.

Mais avant de s'embarquer elle fit ses adieux à Palermo.
Elle ignorait qu'elle faisait ses adieux.
Au moment de faire nos adieux
Nous ne savons jamais que nous faisons nos adieux.

Les adieux, c'est une des choses qu'il faut que, plus tard, les souvenirs inventent.  

Les jours passent, même si ça n'en a pas l'air.

Lisez Silvina Ocampo, découvrez que nous vivons dans un monde étrange, et ayez peur.

Inventions du souvenir de Silvina Ocampo,
traduit de l’espagnol (Argentine)
et annoté par Anne Picard,
avant-propos et note sur l'édition par
Ernesto Montequin, 2021,
Editions Des Femmes /Antoinette Fouque.
ISBN 978 2 7210 0721 6
EAN 978 2721007216

 

Quelle jolie petite fille!
On dirait une poupée.

 

Image: Silvina Ocampo en 1908 "tous droits réservés"

samedi 16 octobre 2021

Fantômes muets et encombrants

Le propre des cachots encombrés de fantômes,
c'est qu'ils sont difficiles à désencombrer.

La date du 17 octobre semble vouée au désencombrement des cachots.


La Chine de l'après-révolution culturelle avait offert à Pa Kin (Ba Jin, 巴金) un cachot doré et orné d'une quantité de babioles, dorées également (présidence de l'association des écrivains chinois, vice-présidence de la Conférence consultative politique du peuple chinois, titre de Monument de la littérature chinoise) en contrepartie de l'actualisation - de la mise aux nouvelles normes, si vous préférez - de ses œuvres écrites avant 1949. Cette situation semblait devoir s'éterniser (son cent-unième anniversaire approchant, seuls des soins intensifs le maintenaient en vie, inconscient) quand, le 17 octobre 2005, il trouva une porte de sortie. Son statut de Monument de la littérature chinoise s'en trouva confirmé, et il ne fut plus considéré comme encombrant.

Peut-être en avez-vous entendu parler: chez nous en France, c'est aussi un 17 octobre (le 17 octobre 1961), que fut testé un procédé expérimental pour apporter une solution - préventive, celle-ci - à l'encombrement des lieux de privation de liberté comme on dit à présent, des centres d'internement comme on disait alors (cachots, c'est un mot qu'on n'emploie plus depuis longtemps dans la conversation polie). Ce procédé ne fut cependant jamais validé par les autorités compétentes, les statisticiens n'ayant pu se mettre d'accord sur le chiffrage des résultats de l'expérience.


 

 

vendredi 15 octobre 2021

Noir et sans sucre? Non, noir et social

Vous ne savez pas quoi faire ce week-end?

Que diriez-vous d'aller à Besançon?
Vous n'avez à perdre que vos chaînes.

 

dimanche 10 octobre 2021

Mots-clés


"Bientôt son Journal de bord, sur Livre de bord!"
C'est la dernière chose que j'ai pu lire sur le site web que je parcourais en rêve (une de mes activités oniriques récurrentes).
Le journal de qui? Et c'est quoi "Livre de bord"?
Auparavant, toujours dans ce rêve, j'avais fait une recherche (sur l'internet des rêves) avec comme mot-clé "Histoire de Paris". Je me demande comment cette recherche m'avait amené là.

jeudi 7 octobre 2021

A la renverse

  J'ai assisté l'autre jour à une scène bien curieuse, une sorte de combat à front renversé, chez des amis: l'un d'eux (né avant-guerre) qui a l'habitude de critiquer tout (et un peu n'importe quoi) sans prendre de gants (et parfois n'importe comment), en qui je voyais donc un parfait candidat pour la défense de thèses complotistes, défendait mordicus la vaccination.
L'autre (un "millenial"), esprit critique aussi, mais - à ce qu'il m'avait toujours semblé -  plus fin, plus subtil, plus ouvert et surtout plus diplomate, affirmait haut et fort (je ne l'avais jamais vu s'opposer à son aîné, sur aucun sujet, avec autant de virulence) son intention de ne pas se faire vacciner, du moins jusqu'à ce qu'il ait "trouvé sur internet des informations plus fiables que celles que donnent les media".
J'étais bien perplexe. Moi qui balance entre deux âges, j'avais un peu envie de dire au jeunot qu'on a beaucoup plus de chances de trouver sur internet des informations moins fiables que celles des media, que le contraire; je me suis abstenu, sachant qu'il pourrait facilement démontrer que sa familiarité avec internet était bien plus grande que la mienne. J'avais en même temps envie de dire à l'autre qu'on peut aussi opposer des objections solides à la "feuille de route" que nous présente notre cher gouvernement mais… bref, je me suis abstenu aussi. Entre l'arbre et l'écorce, il n'est pas bon de mettre le doigt, n'est-ce pas?

Surprise! voilà que, feuilletant les dernières pages ajoutées à son Journal par ce vieux ronchon de Harry Morgan je tombe sur...  vous connaissez, bien sûr, Harry Morgan comme un des meilleurs analystes, historiens, exégètes…  bref spécialistes de la bande dessinée. La lecture de ses Principes des littératures dessinées est indispensable à tous ceux qui s'intéressent aux petites bêtes à grandes oreilles.  Sur différents aspects d'autres secteurs des cultures populaires  (cinéma, télévision,  pulpsserials… ), il donne volontiers son avis, parfois un peu strident, mais toujours appuyé sur une argumentation bien construite. Et le vieux ronchon a souvent raison, son seul tort étant d'exposer ses constructions logiques sans failles dans son dialecte de vieux ronchon (et à l'occasion d'y interpoler à contre-temps ses obsessions personnelles de vieux ronchon, qui le font passer pour plus réac qu'il n'est). 

Citons-le:

Manifestations contre la généralisation du «passe sanitaire». Il y a là une leçon politique. La désinformation génère la défiance. Or la gestion de la pandémie a confirmé que les autorités recouraient systématiquement à la tromperie, sans aucun souci des conséquences. Il s’agit d’affirmer aujourd’hui ce qui paraît le plus expédient, quitte à affirmer le contraire demain: le virus ne circule pas en France, il n’y a pas de pénurie de masques, qui d’ailleurs ne servent à rien; on ne fermera pas les écoles, on n’arrêtera pas la vie; après quoi on impose le masque, on impose non le couvre-feu mais les arrêts domiciliaires, le confinement; il n’y aura pas de vaccination obligatoire pour telle ou telle catégorie; il n’y aura pas d’extension du passe sanitaire; après quoi on annonce la décision exactement inverse. On pourrait tout résumer par ce trait: dans «réglementeur», il y a «menteur». Il était impossible de démontrer de façon plus éclatante aux populations qu’on ne pouvait accorder aucun crédit à la parole institutionnelle, triplement marquée par le mépris, la bêtise et la duplicité.
En pareil cas, ce ne sont pas les modérés, les raisonnables, qui l’emportent. Le peuple auquel on a fait injure, excédé à la fin, se jette dans les bras des lunatiques et des conspirateurs. On a, de cette façon, l’assurance que tout le monde divague. Les comploteurs qui «refusent d’être des cobayes» testent les théories qu’ils sont allé dénicher sur la Toile. En face, le politique et les médias s’enferrent: le virus présenté comme saisonnier, la vaccination censée permettre la reprise de «la vie d’avant», l’appel au civisme. Compte tenu de la contagiosité des variants  –  le variant delta est aussi contagieux que la varicelle  – la vaccination n’amènera pas d’immunité collective (et le vaccin ne permettra donc pas la reprise d’une «vie normale»). Le vaccin freine l’infection, il ne l’empêche pas. «La majorité de la population planétaire, même vaccinée, sera infectée par le virus, vraisemblablement plus d’une fois», écrit François Balloux de University College, Londres. Le vaccin diminue la transmission, il ne l’empêche pas: vacciné, on contaminera toujours les autres, même si ce sera dans une proportion moindre. En revanche, les vaccins permettent d’éviter les formes sévères de la maladie. En somme, on se vaccine pour se protéger soi-même. Or cette explication est trop compliquée pour le binarisme du discours public, et elle heurte de front son moralisme.
[…]
Le plus fort est que les instruits, les aisés, sont prisonniers des mensonges ni plus ni moins que les gens qui «ont fait des recherches sur internet», puisque, trop confiants dans le discours médiatique, ces vertueux, ces adaptés, ces vaccinés, pensent que les restrictions sont dues au refus de se vacciner des autres, des comploteurs (encore une fois, les restrictions sont dues à la contagiosité ravageuse du variant delta, contre laquelle le vaccin ne protège pas). Et les aisés se radicalisent contre la plèbe. On arrive donc à une franche rupture, comme aux États-Unis, entre les élites woke et la population des «déplorables»  (Il n’est pas certain du reste que le pouvoir trouve à redire à pareille situation. Je crois plutôt qu’il y voit l’occasion de recruter et de mobiliser).

Hé bien, voilà ce que j'aurais pu dire à mes deux amis, si j'aurais causé aussi bien que comme Harry Morgan. Mais je me demande si je n'ai pas aussi bien fait de me taire: ce n'était sans doute pas ce qu'ils avaient - ni l'un, ni l'autre - envie d'entendre. 

 

Citation de Harry Morgan donnée à titre d'exemple et d'illustration.


lundi 4 octobre 2021

Mourir innocent

 Venue de quelque part dans les profondeurs de la radio, une des voix interchangeables qui ânonnent les nouvelles résume ainsi le changement apporté par la mort de Bernard Tapie à sa situation judiciaire: "le jugement de son procès en cours n'ayant pas été rendu, Tapie est mort innocent". Savoureux, encore qu'un peu morbide, n'est-ce pas?
À l'heure qu'il est, le rire de Bernard Tapie, que ces dernières années, on n'avait plus entendu que fêlé, chevrotant, réduit par la maladie à un simple murmure, doit éveiller, plus tonitruant que jamais, les échos des voûtes de l'Hadès, et soulever des vagues sur le Styx… tant le tapage fait par les papelarderies hypocrites qui ont accueilli sa mort éclipse celui, pas mangé des vers non plus mais malgré tout plus mesuré, qui avait salué celle de Chirac!
Morts innocents aussi, ni plus ni moins que Tapie,
ceux du mois de Septembre.
Tout le monde (la liste serait trop longue), ce Septembre-ci, a rendu hommage à Jean-Paul Belmondo: moi-même, je vous en fais la confidence, j'ai essayé, devant mon miroir, d'approcher, dans la mesure de mes moyens, la nonchalance de dandy avec laquelle il se recoiffait de son feutre dans le mémorable dernier plan du Doulos. Pauvre hommage: on fait ce qu'on peut.
Belmondo, en voilà un qui savait faire le mort élégamment.
Dans leur coin - presque seuls - Éric Chevillard rendit hommage à Bruno Roy, et Jérôme Leroy à Roland Jaccard: à défunts discrets, hommages dépourvus de boursouflure. Je ne vais pas laisser Septembre s'éloigner sans vous rappeler que le mois passé vit une disparition encore plus discrète: celle d'Henriette Valium, en vous montrant une de ses œuvres (relativement) récentes, judicieusement intitulée: 

Last Moments.



Au revoir Septembre, à la prochaine.


Image © Henriette Valium


samedi 18 septembre 2021

On ressent tous la même chose

 Vous savez, ce n'est pas parce que L'École des Loisirs n'a plus rien publié depuis longtemps sur les enquêtes de Bobby Potemkine qu'on peut en conclure que Bobby Potemkine a disparu. Quand on enquête, surtout sur des affaires bizarres, il ne faut pas se hâter de sauter aux conclusions. Bobby Potemkine vous le dirait s'il était là. Bon, d'accord, il n'est pas là: ça ne veut pas dire qu'il n'est nulle part. L'hypothèse que j'étudie actuellement (quand on enquête sur des affaires bizarres, il vaut mieux passer du temps sur des hypothèses que sur des conclusions) c'est que Bobby Potemkine doit être ailleurs, peut-être en train, une fois de plus, de se faire des amis bizarres (quand on enquête sur des affaires bizarres, ce sont des choses qui arrivent).

Ne t'inquiète pas, Numéro Huit, a dit Mimi Yourakane en me tendant une tasse de thé. Les odeurs ont leur importance, mais on n'est pas dans une histoire d'odeurs, pour l'instant. Je sais ce qui te met en souci. Des souvenirs bizarres, des trous de mémoire, des gens qui s'en vont pour toujours, l'ambiance qui change. On est tous touchés de la même manière. On ressent tous la même chose.
- Et ça vient de quoi? ai-je demandé.
- À mon avis, c'est parce que notre monde est en train de disparaître.
- Il va être rayé de la carte?
- Oui et non. Le Fouillis va s'étendre partout et le remplacer. Bientôt, on habitera tous soit dans le Fouillis, soit sur la Lune.
Je ne savais pas comment réagir à ce qu'elle me disait, alors j'ai fait un sourire un peu triste.
- Bientôt, on sera ailleurs, a poursuivi Mimi Yourakane.
- Et vous le regretterez?
- Non, a dit Mimi Yourakane. Il ne faut jamais regretter d'être ailleurs.

Manuela Draeger, La course au kwak,
2004, L'École des loisirs,

ISBN 978-2-211-09437-5


Au fait, vous avez vu qu'Antoine Volodine vient de publier un nouveau livre qui s'appelle Les filles de Monroe?  Et que Frères sorcières est sorti en poche?     C'est bon à savoir, non?

 

mercredi 15 septembre 2021

Penchons-nous sur l'œuvre de Kirkinue Apokalips

 Fin de rêve, pas encore tout à fait éveillé mais presque.
Dans le demi-sommeil qui suit le rêve, m'apparaît une image qui emplit tout l'écran de l'intérieur de ma tête: une aquarelle représentant un coin du désert d'Arizona (tel qu'il apparaît dans les rêves): de larges bandes horizontales dans des tons rouge et brun-rouge, ça fait un peu penser à une toile de Georgia O'Keefe.
L'image est signée, d'une écriture appliquée, en grosses lettres noires, et je peux lire distinctement le nom de l'artiste:
"Kirkinue Apokalips".


Pas de lien pour cette fois, ni de date de copyright;
les informations sur l'œuvre de Kirkinue Apokalips
ne sont disponibles que dans les rêves.


dimanche 12 septembre 2021

Monstrous dose of reality, massive dose of disconnect

 Edwin Turner citait samedi 11 sur son blog Biblioklept ce texte de Susan Sontag, qui, à l'époque de sa publication, ne lui a pas valu que des amis:

Monstrous dose of reality | Susan Sontag on 9/11
Posted on September 11, 2021 by Biblioklept    
    The disconnect between last Tuesday’s monstrous dose of reality and the self-righteous drivel and outright deceptions being peddled by public figures and TV commentators is startling, depressing. The voices licensed to follow the event seem to have joined together in a campaign to infantilize the public. Where is the acknowledgment that this was not a “cowardly” attack on “civilization” or “liberty” or “humanity” or “the free world” but an attack on the world’s self-proclaimed superpower, undertaken as a consequence of specific American alliances and actions? How many citizens are aware of the ongoing American bombing of Iraq? And if the word “cowardly” is to be used, it might be more aptly applied to those who kill from beyond the range of retaliation, high in the sky, than to those willing to die themselves in order to kill others. In the matter of courage (a morally neutral virtue): whatever may be said of the perpetrators of Tuesday’s slaughter, they were not cowards.
From The New Yorker’sTalk of the Town,” published 14 Sept. 2001.

La lucidité de Susan Sontag au sujet des attentats du 11 septembre ne semble pas avoir été, à l'époque, la chose au monde la mieux partagée (l'est-elle devenue à présent? hum). Je me souviens avoir publié, le 11 septembre 2002, au premier anniversaire de la chute des tours, sur un forum de discussion, fréquenté majoritairement par des Américains, auquel j'étais inscrit à l'époque, ce texte de Baudelaire (assorti d'une traduction en anglais de mon cru, qu'il vaut mieux que je vous épargne):

Symptômes de ruine. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre. Des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des coecums, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. – fissures. Lézardes, humidité provenant d’un réservoir situé près du ciel. – Comment avertir les gens, les nations? Avertissons à l’oreille les plus intelligents.
Tout en haut, une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n’a encore croulé. Je ne peux plus retrouver l’issue. Je descends, puis je remonte. Une tour labyrinthe. Je n’ai jamais pu sortir. J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. – Je calcule, en moi-même, pour m’amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, de marbres, de statues, de murs, qui vont se choquer réciproquement seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d’ossements concassés.
– Je vois de si terribles choses en rêve, que je voudrais quelquefois ne plus dormir.


Je l'avais fait avec appréhension, m'attendant, face à cette publication dont l'intention me paraissait limpide (suggérer que bien longtemps avant de s'effondrer, les tours, monuments dédiés à une entreprise impériale vouée, dans toutes les hypothèses, à mal finir, étaient déjà fissurées), à des réactions de surprise, de colère, d'indignation.
Il n'y en eut aucune de cette sorte.
L'intention qui m'avait paru limpide était demeurée opaque à tous les utilisateurs du forum (tous grands amateurs de polémiques, si le choix de la date de cette publication leur avait paru inopportun, ils me l'auraient fait savoir sans mâcher leurs mots). Mais non. Quelques-uns d'entre eux, au contraire, me félicitèrent… d'avoir attiré leur attention sur un texte peu connu de Baudelaire.

 

mercredi 1 septembre 2021

Driiiiiiiiing!

 

En Septembre, il se passe quoi? 

Ah, déjà une bonne réponse (c'est bien, il y en a qui suivent): la rentrée!
La rentrée sera, cette année, euh… un peu compliquée.
Raison de plus pour bien la préparer: prenez exemple sur ces deux élèves,
Li-An et Boulet qui ont commencé leurs préparatifs à l'avance:
Li-An en rangeant son pupitre et en faisant de la place pour tous les crayons neufs et les rames de papier dont il aura besoin en octobre (on lui a déjà donné le programme pour octobre);
Boulet en mettant en ordre ses notes de l'année dernière (il les a déjà bien potassées, et il donne ici des conclusions intéressantes) et en en faisant des polycops pour distribuer à tous ses copains: ça rendra service à tout le monde, aux redoublants comme à ceux qui passent!
Et pour rendre ça un peu plus ludique ils vous invitent à venir leur donner un coup de main! Ludique, ça le sera au point qu'il y aura des chips et du Champomy des images à gagner! Pas la peine que je les poste ici, ces images: vous pourrez en voir tout plein ici et .


Quand vous bouclerez votre cartable, demandez à votre papa et à votre maman de vous donner un peu de sous, ils se montreront compréhensifs quand vous leur direz que c'est pour les imprévus de la rentrée (ils connaissent ça).

mardi 31 août 2021

Never call me your drummer again

Il arrive un moment où nous nous apercevons
que nous connaissons plus de morts que de vivants.  
François Truffaut

 

Charlie Watts 1941-2021

Ainsi finit le mois d'Août.
On en connu de meilleurs.
Mais, consolons-nous: 

on en connaîtra de pires.

dimanche 22 août 2021

Un acte officiel


"Le contrat avec Bentley est signé le 22 août 1836: c'est en quelque sorte l'acte de naissance officiel d'Olivier Twist".

- L'enfant qu'on avait à moitié baptisé sous le nom d'Olivier Twist, il a neuf ans aujourd'hui.
- Le chéri! fit Mme Mann, en se frottant l'œil gauche pour le rougir avec le coin de son tablier.
_ Et malgré une offre de récompense de dix livres; même qu'elle avait été ensuite portée à vingt. Malgré les efforts les plus prodigieux, et, comme qui dirait, les plus surnaturels de la part de notre commune - dit Bumble - on n'a jamais pu découvrir qui est son père, ni quel était le nom de sa mère, ni sa situation de fortune ou de famille.
Mme Mann leva les bras, de stupeur; mais elle ajouta, après un instant de réflexion:
- Alors, comment que ça se fait qu'il ait un nom quand même?
L'appariteur se rengorgea, avec beaucoup de fierté, et dit: C'est moi qui l'a inventé.
- Vous, monsieur Bumble!
- Moi-même, madame Mann. Nous, on nomme nos enfants trouvés par ordre alphabétique. Le dernier, c'était un S: Swubble, que je l'ai appelé. Le prochain qui viendra, ce sera Unwin, et celui d'après Vilkins. J'ai des noms tout prêts jusqu'à la fin de l'alphabet, et de quoi recommencer encore d'un bout à l'autre quand on arrivera à Z.
- Ma parole, vous êtes un véritable homme de lettres, monsieur! dit madame Mann.
- Ma foi, ma foi, dit l'appariteur, manifestement enchanté de ce compliment, c'est bien possible. C'est bien possible, madame Mann.



Charles Dickens, Les aventures d'Olivier Twist,
traduction de Sylvère Monod,
Garnier 1957

 

Si quelqu'un méritait bien d'être appelé un véritable homme de lettres, c'est Charles Dickens: regardez tous les noms qu'il a inventés!

Bayham Badger
Cornelia Blimber
Mister Brownlow
Mister Bucket
Mister Bumble
Charles Cheeryble
Anne Chickenstalker
Canon Crisparkle
Bentley Drummle
Affery Flintwinch
Anthony Jeddler
Caroline “Caddy” Jellyby
Alfred Jingle
Abel Magwich
Charity Pecksniff
Clara Peggotty
Betsy Prig
Betsy Quilp
Barnaby Rudge
Cleopatra Skewton
Augustus Snodgrass
Adolphus Tetterby
Betsey Trotwood


Bon, parfois il les a empruntés à des gens qui existaient pour de vrai, il le confia lui-même, parmi d'autres souvenirs, à son premier biographe, John Forster:

Mon travail consistait à couvrir les pots de cirage, d'abord avec une feuille de papier huilé, puis avec une feuille de papier bleu; ensuite, lisser le papier et couper ce qui dépassait tout autour, bien net, pour qu'il ait l'air aussi chic qu'un pot de pommade de chez l'apothicaire. Quand un certain nombre de grosses de ces pots étaient bouchées à la perfection, je devais coller par-dessus des étiquettes imprimées, puis recommencer avec autant d'autres pots.
Dans ce sous-sol, deux ou trois autres garçons étaient affectés à la même tâche que moi, pour le même tarif. Au matin de mon premier lundi, l'un d'eux, avec un tablier loqueteux et un chapeau de papier, vint me montrer les tours de main pour enrouler la ficelle et pour serrer le nœud. Son nom était Bob Fagin, et bien plus tard je pris la liberté d'utiliser son patronyme, dans Oliver Twist.

My work was to cover the pots of paste-blacking; first with a piece of oil-paper, and then with a piece of blue paper; to tie them round with a string; and then to clip the paper close and neat, all round, until it looked as smart as a pot of ointment from an apothecary's shop. When a certain number of grosses of pots had attained this pitch of perfection, I was to paste on each a printed label, and then go on again with more pots. Two or three other boys were kept at similar duty down-stairs on similar wages. One of them came up, in a ragged apron and a paper cap, on the first Monday morning, to show me the trick of using the string and tying the knot. His name was Bob Fagin; and I took the liberty of using his name, long afterwards, in Oliver Twist.


Sois remercié, Bob Fagin au chapeau de papier, pour la transmission du tour de main qu'il fallut plus tard au petit Charles, pour coller sur ses personnages des étiquettes aussi seyantes que Bentley Drummle, Arthur Pickwick ou Anne Chickenstalker, contribuant à les rendre inoubliables!
 

Au fait: merci aussi Wikipedia, infatigable colleuse de petits bouts de papier!

mercredi 18 août 2021

L'ignorance du basilic

 

Je l'aime bien, ce petit livre d'Olivier Dubouclez,  Histoire du basilic. Vous avez déjà noté qu'on y parle de Sir Thomas Browne; on s'y intéresse à bien d'autres sujets, on va jusqu'à inviter le basilic à se regarder en face. 


"Me regarder en face? Si je le faisais,
ne serais-je pas jugé un peu présomptueux?"
se demande la créature.
 

Il ne s'agissait pas de lui pourtant, enfoui dans les profondeurs de la terre. Il s'agissait d'un être de fiction, d'une chimère qui lui avait peut-être emprunté certains traits, mais qui à bien y regarder n'entretenait aucun rapport avec les membres de son espèce. On disait qu'il était né d'un œuf de coq et qu'il avait un bec acéré. On disait aussi qu'il était couvert de plumes. On mettait en garde contre son regard injecté de sang. On ajoutait que ses griffes étaient plus tranchantes qu'une épée.
Ne possédant aucune image de lui-même, le basilic ignorait quelle part de vérité était contenue dans de telles descriptions.

Olivier Dubouclez, Histoire du basilic

Actes Sud, 2015

samedi 14 août 2021

Lys de Gueules sur Champ d'Argent

 

C'est une triste nouvelle (une de plus… ça commence à faire beaucoup) que nous apprend le blog Anniceris: la disparition d'un des plus sympathiques des auteurs de jeux de rôle, Steve Perrin. Phersv nous rappelle qu'il ne fut pas seulement un des créateurs du monde de Glorantha, mais aussi un des fondateurs de la Society for Creative Anachronism, une de ces inventions improbables qui prouvent que, si le monde tel qu'il est fonctionne plutôt mal, il est possible d'y introduire des vistemboirs construits de bric et de broc qui, eux, fonctionnent plutôt bien.  Être un des plus sympathiques représentants d'une corporation qui n'admet en son sein que des gens sympathiques, ça ne lui suffisait pas: il formait avec Luise Perenne un couple si beau qu'il semblait lui aussi presque improbable: qu'ils soient remerciés d'avoir prouvé qu'improbable n'est pas la même chose qu'impossible.
On ne peut que reprendre la conclusion du billet d'Anniceris: toutes nos pensées vont vers Luise.

 

 Après Grognardia, sur Advanced Designers and Dragons Shannon Applecline fait une rétrospective de la carrière de Steve Perrin, et le site de Chaosium revient en une série de six épisodes sur son rôle dans la genèse de RuneQuest (merci pour les liens à Imaginos).

samedi 7 août 2021

Une fameuse révolution, parmi d'autres aussi fameuses

 

Océanique est composé de nouvelles écrites entre 1989 et 2008. Yeyuka* a été écrite en 2004. La science-fiction, c'est ce qui se démode; est-il nécessaire d'énumérer toutes les anticipations que quelques années ont suffi à démoder? Les fictions de Greg Egan résistent mieux au temps, parce que, même si, dans des futurs proches ou lointains, nous ne colonisons jamais d'astéroïdes, même si nous n'avons jamais à déclarer à l'état-civil la naissance d'enfants artificiels, même si nous n'avons jamais à gérer d'épidémie comparable à celle de yeyuka*, la façon dont Egan a imaginé les réactions des humains à ces situations continuera à nous apprendre quelque chose.
Prendre en compte le facteur humain, c'est ce que Greg Egan réussit le mieux.

- Qu'est-ce qui t'a amené à la médecine? demandai-je à Iganga.
- Les attentes familiales. C'était ça ou le droit. La médecine m'a semblé moins arbitraire: rien dans le fonctionnement du corps ne peut être invalidé par un jugement en appel. Et toi?
- Je voulais participer à la révolution. Celle qui devait en finir avec toutes les maladies.
- Ah, cette fameuse révolution.
- Je me suis trompé de boulot, bien sûr. J'aurais dû faire de la biologie moléculaire.

Greg Egan, Yeyuka, dans Océanique

*Le yeyuka (ou faut-il dire la yeyuka?) qui donne son nom à une des nouvelles, c'est, vous l'avez deviné, une maladie toute neuve, pas encore inventée à l'heure où je vous parle: une maladie de science-fiction.


Greg Egan: Océanique (Oceanic, Orion/Gollancz, 2009),
traduit par Sylvie Denis, Francis Lustmann,
Quarante-Deux, Pierre K. Rey, Francis Valéry
2019 Le Bélial et Quarante-Deux
ISBN 9782 25315988 9

 

jeudi 5 août 2021

Soeur comme Franz Kafka

 

Cette nuit je suis la sœur de Kafka. Laquelle, me demandez-vous, il en avait trois? Seulement la sœur de Kafka, dans ce rêve je n'ai pas d'autre identité. Nous sommes en train d'emballer nos affaires personnelles, car nous nous préparons à quitter l'appartement dont nous avons été quelque temps locataires; nous devons rentrer au domicile familial, on nous a dit que notre père est malade et nous demande. "Tu sais, il t'aime beaucoup, il dit que tu es la couronne de sa tête", m'entends-je dire avec la voix de la sœur de Kafka. Franz ne dit rien, quelque conviction que sa sœur anonyme ait mise dans cette affirmation, lui ne semble pas entièrement convaincu. Le sol de la pièce presque sans meubles est encore encombré de petits objets qui n'ont pas trouvé de place dans les bagages, un plumier, un bougeoir, beaucoup de feuilles de papier, d'une boite en carton un peu cabossée se sont échappées des enveloppes vierges, le coffre - vide et renversé - d'une machine à coudre à l'ancienne met une note un peu incongrue. 


mardi 3 août 2021

Scarabées durs

 

Le billet précédent vous a-t-il donné des envies de scarabées d'or?
Laissez tranquilles les scarabées que vous croiserez dans vos promenades estivales à travers la campagne, ils ont assez de soucis avec les pesticides et autre chose à faire que vous conduire à des trésors.
Trouvez vos trésors vous-mêmes, ou mieux, fabriquez-les: comme ces artistes qui, de par le monde, se spécialisent en création d'insectes artificiels.

D. Allan Drummond (bronze)

D. Allan Drummond (bronze)

Dashi Namdakov
(bronze, émail, or, perles de verre)

Jordan Sprigg
(fer et bronze)

Julie-Alice-Chappell
(assemblage)

Richard Wilkinson (dessin)

Justin Gershenson-Gates
(assemblage)

Sasha Vinogradova
(émail sur laiton et verre)


Ou alors, rêvez-en.

dimanche 1 août 2021

Îles, trésors: scarabées d'or


Paul Auster:
When I was 9 or 10, my grandmother gave me a six-volume collection of books by Robert Louis Stevenson, which inspired me to start writing stories that began with scintillating sentences like this one: “In the year of our Lord 1751, I found myself staggering around blindly in a raging snowstorm, trying to make my way back to my ancestral home.”
 First book bought with my own money: “The Complete Tales and Poems of Edgar Allan Poe” (a Modern Library Giant) at age 10 or 11.


Quand j'eus 9 ou 10 ans, ma grand-mère m'offrit une collection (en six volumes) des romans de Robert Louis Stevenson, ce qui me poussa à me lancer dans la confection d'histoires au début desquelles scintillaient des phrases telles que: "En l'an de Notre Seigneur 1751, il m'advint qu'en route pour rejoindre ma demeure ancestrale, je me vis cerné par les tourbillons d'une sauvage tempête de neige…"
Premier livre que j'achetai tout seul avec mon argent: "Les contes et poèmes d'Edgar Allan Poe" (collection: Modern Library Giants) quand j'avais dix ans, peut-être onze.


Romain Gary:
Un autre de mes ouvrages favoris était L'île au Trésor de R. L. Stevenson, encore une lecture dont je ne me suis jamais remis.
L'image d'un coffre en bois plein de doublons, de rubis, d'émeraudes et de turquoises - je ne sais pourquoi, les diamants ne m'ont jamais tenté - est pour moi un tourment continuel. Je demeure convaincu que cela existe quelque part, qu'il suffit de bien chercher. J'espère encore, j'attends encore, je suis torturé par la certitude que c'est là, qu'il suffit de connaître la formule, le chemin, l'endroit.
Ce qu'une telle illusion peut réserver de déceptions et d'amertume, seuls les très vieux mangeurs d'étoiles peuvent le comprendre entièrement. Je n'ai jamais cessé d'être hanté par le pressentiment d'un secret merveilleux et j'ai toujours marché sur la terre avec l'impression de passer à côté d'un trésor enfoui.
Lorsque j'erre parfois sur les collines de San Francisco, Nob Hill, Russian Hill, Telegraph Hill, peu de gens soupçonnent que ce monsieur aux cheveux grisonnants est à la recherche d'un Sésame, ouvre-toi, que son sourire désabusé cache la nostalgie du maître-mot, qu'il croit au mystère, à un sens caché, à une formule, à une clé; je fouille longuement du regard le ciel et la terre, j'interroge, j'appelle et j'attends. Je sais naturellement dissimuler tout cela sous un air courtois et distant : je suis devenu prudent, je feins l'adulte, mais, secrètement, je guette toujours le scarabée d'or, et j'attends qu'un oiseau se pose sur mon épaule, pour me parler d'une voix humaine et me révéler enfin le pourquoi et le comment.

Gallimard 1960, édition définitive 1980

jeudi 29 juillet 2021

La complainte des mal-tués (David B: Le Mort Détective)

Le Mort Détective et la Fille aux Mille Poignards:
a match made in Heaven! (or is it perhaps Hell???)
  


Quand j'aurai du vent dans mon crâne,
Quand j'aurai du vert sur mes osses,
P't'êt' qu'on croira que je ricane,
Mais ce sera qu'une impression fosse.
Boris Vian


Si vous estimez avoir besoin d'une peau de nain (je ne veux pas savoir dans quel dessein), ce n'est pas vers le Mort Détective que je vous conseille de vous tourner: au mieux, il ne pourra que vous confirmer que toutes les peaux de nain disponibles ont été monopolisées par le Grand Vieillard (et, à cette idée, en dépit de son flegme de détective, il ne pourra dissimuler un rictus de dégoût).
Vous vous souvenez de l'anecdote selon laquelle Jean Ray, pressé par son éditeur de lui livrer des traductions des Aventures de Harry Dickson (le Sherlock Holmes américain!), se lassa au bout de quelques tentatives de lire les textes originaux qu'il trouvait insipides, et se lança, pour chaque fascicule, dans une improvisation débridée, à partir des illustrations de couverture (en chromolithographie! elles dataient de plus de quarante ans) de l'édition originale allemande, dont l'éditeur avait acheté les droits en lot en même temps que ceux des textes. Et Jean Ray ne craignait pas d'ajouter du grotesque au grotesque! C'est ainsi qu'une image représentant de façon banalement théâtrale la découverte (littérale) d'un cadavre dans un placard donna naissance à la saga du Mort en Habit, passe-murailles qui s'écriait triomphalement "Cric-croc!" en commettant les pires méfaits.
C'est à ce petit jeu que vous invite l'album
de David B. (ce n'est pas une BD "classique": c'est une collection d'images reliées, par un fil narratif un peu lâche, et surtout par un univers dans lequel on entrera tout de suite si on est déjà fan du Nain Jaune ou des Incidents de la Nuit: on n'est pas très loin, non plus, des Mystères de Harris Burdick) : un titre de chapitre, une image, un court extrait du chapitre que l'image est supposée illustrer, et laissez votre imagination galoper! À vous d'improviser, dans votre tête, pour combler les vides entre les images, les tirades grandiloquentes du Grand Vieillard, les sarcasmes de la Fille aux Mille Poignards, les répugnants bruits de succion émis par le Poulpe Géant et les ricanements de hyènes des adversaires improbables qui guettent le tout aussi improbable tandem de héros au détour de chaque page (attention en tournant les pages! ce livre mord!).
Cet album, vous l'avez compris, s'est échappé de la camisole de force dans laquelle on a coutume d'enfermer (juste par précaution) les albums de BD et les comics: c'est l'album qu'il vous faut si vous êtes en manque de David B. - il se faisait rare ces derniers temps (hé, Monsieur Dargaud, vous déciderez-vous un jour à lui demander la suite de la série Les Chercheurs de Trésors?).


Note pour les connaisseurs: David B. et s
es Incidents de la Nuit, tonton Alias en parle bien aussi.

David B.,  Le Mort Détective
L'association, Hors Collection, 2020
ISBN : 9782844147486

Image © David B. / L'Association

dimanche 18 juillet 2021

In illo tempore (les Grands Webcomics, la vie, et tout le reste)

 

Three Gods, one nymph, and one mortal woman enchanted to look like a nymph…  were about to unknowingly embark on separate but simultaneous journeys to the Mortal Realm. On any other occasion, such a mundane trip would be harmless and altogether unmemorable.
However, the combination of these specific individuals fated to cross paths on this particular day would prove to have disastrous results.
And one of these five souls would not be returning to Olympus.

Lore Olympus (épisode 166)



Sur l'Olympe, tout baigne dans le nectar et l'ambroisie: Arès, Dieu des triomphes et des carnages, joue gentiment avec le favori (un hamster) de l'adorable benjamin de sa compagne Aphrodite, sous le regard béat de celui-ci… Zeus et Héra ruminent, chacun de son côté: tout baigne, je vous dis…
Et pendant ce temps:

"Trois Dieux, une nymphe et une mortelle déguisée en nymphe par un puissant enchantement, sont sur le point de rendre, séparément mais simultanément, visite au Domaine des Mortels. En toute autre journée, ce n'eût été qu'un concours de circonstances tout à fait anodin, sans rien qui justifie qu'on en préserve la mémoire.
Et pourtant, les interactions qui se produiront entre ces cinq individus (
en grec: idiota) quand, ce jour d'entre les jours, leurs chemins se croiseront auront de désastreuses conséquences.
Et un des cinq ne retournera pas sur l'Olympe
."


C'est Rachel Smythe qui le dit, alors ça doit être vrai, non?

Thanatos, moissonneur des âmes attaché à sa routine quotidienne, pour qui une journée parmi les mortels ne saurait être qu'une journée comme les autres: qu'est-ce qui pourrait tourner mal? hein? tourner mal pour QUI?

Daphné, la nymphe qui croit encore qu'un flirt avec Apollon peut n'être qu'une bagatelle sans conséquences…

Psyché, la mortelle que les Parques dans leur insondable sagesse destinaient dès sa naissance à partager l'immortalité d'une certaine divinité dont le caractère un peu trop frivole avait besoin d'être tempéré (mais parfois, Dieux et mortels emmêlent sans même s'en apercevoir le fil des Parques, en trébuchant dessus; pas étonnant: c'est un fil invisible)…

Artémis, chasseresse solitaire dont le cœur déborde de sentiments contradictoires qu'elle ne sait comment exprimer…
 
Apollon, le Dieu qui inspire aux Sibylles des oracles qui ne sont jamais que, justement, euh… sibyllins… se pourrait-il qu'en mainte occasion, comme le premier venu des gros lourds de chez lourd, il dise et fasse n'importe quoi?

Ah… vous l'avez entendu vous aussi, le grincement du rouet des Parques? Vous vous dites que ça sent la fin de deuxième saison, pour ce passionnant feuilleton de mystère, de suspense (et de romance!) signé Rachel Smythe?

Si tout va bien (par précaution, faites une offrande de lait et de miel à Tyché, déesse qui n'a pas encore été mentionnée dans Lore Olympus, mais qui a peut-être son mot à dire dans tout ça, comme dans tout le reste) le gros volume qui regroupera les saisons 1 et 2 sera prêt à temps pour,  à la fin de l'année, se retrouver au pied d'un certain arbre… Transposer sur le papier une histoire comme celle que Rachel Smythe a si brillamment adaptée au format webtoon, se jouant de ses contraintes et de ses limites, et les transformant en points forts, cela veut dire affronter un nouveau bataillon de limites et de contraintes tout aussi traîtresses… comment Rachel (et sa fidèle équipe, car, ne l'oublions pas, c'est un travail qui a déjà fait appel à trop de collaboratrices pour que je puisse les citer toutes) s'en sortira-t-elle? (et après, on attend avec impatience la troisième saison, n'oublie pas, Rachel!)

Quant à l'adaptation en série animée… tenez, à la réflexion, faites une deuxième offrande de lait et de miel…