Océanique est composé de nouvelles écrites entre 1989 et 2008. Yeyuka* a été écrite en 2004. La science-fiction, c'est ce qui se démode; est-il nécessaire d'énumérer toutes les anticipations que quelques années ont suffi à démoder? Les fictions de Greg Egan résistent mieux au temps, parce que, même si, dans des futurs proches ou lointains, nous ne colonisons jamais d'astéroïdes, même si nous n'avons jamais à déclarer à l'état-civil la naissance d'enfants artificiels, même si nous n'avons jamais à gérer d'épidémie comparable à celle de yeyuka*, la façon dont Egan a imaginé les réactions des humains à ces situations continuera à nous apprendre quelque chose.
Prendre en compte le facteur humain, c'est ce que Greg Egan réussit le mieux.
- Qu'est-ce qui t'a amené à la médecine? demandai-je à Iganga.
- Les attentes familiales. C'était ça ou le droit. La médecine m'a semblé moins arbitraire: rien dans le fonctionnement du corps ne peut être invalidé par un jugement en appel. Et toi?
- Je voulais participer à la révolution. Celle qui devait en finir avec toutes les maladies.
- Ah, cette fameuse révolution.
- Je me suis trompé de boulot, bien sûr. J'aurais dû faire de la biologie moléculaire.
Greg Egan, Yeyuka, dans Océanique
*Le yeyuka (ou faut-il dire la yeyuka?) qui donne son nom à une des nouvelles, c'est, vous l'avez deviné, une maladie toute neuve, pas encore inventée à l'heure où je vous parle: une maladie de science-fiction.
Greg Egan: Océanique (Oceanic, Orion/Gollancz, 2009),
traduit par Sylvie Denis, Francis Lustmann,
Quarante-Deux, Pierre K. Rey, Francis Valéry
2019 Le Bélial et Quarante-Deux
ISBN 9782 25315988 9
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