lundi 23 octobre 2017

Aussitôt, plongeant dans l'espace-temps...



Je l'ai finalement vue, cette fameuse adaptation de Valérian par Luc Besson.
L'accueil fait à ce film, par les gens qui aiment la BD, n'était pas des plus encourageants. Tous s'accordaient pour dire, en des termes plus ou moins vigoureux, "pour le rôle de Valérian, Dane De Haan est une énorme et incompréhensible erreur de casting".
Même le très sage Phersv 
(philosophe jusqu'au fatalisme, il résume ainsi ses impressions sur le film: 
"Pour aller vite, ce n'est pas si mal"), 
sur son blog Anniceris, ne peut s'empêcher de remarquer: 
"Le principal défaut me paraît être le manque de "chimie" visible à l'écran entre les deux personnages."

Il n'aurait sans doute pas été évident pour Besson de trouver un acteur ressemblant physiquement au personnage dessiné par Mézières (qui se souvient que Mézières quand il avait créé Valérian il y a un demi-siècle, s'était inspiré de photos d'Hugues Aufray? J'ai entendu quelqu'un au fond de la salle demander "c'est qui Hugues Auffray?" Bon, c'était un chanteur des années 60 qui avait un petit peu, à l'époque, la tête qu'a Vincent Cassel aujourd'hui. Vincent Cassel aurait peut-être été un choix envisageable, mais il était déjà pris pour jouer le lieutenant Blueberry).

Mon impression? Hé bien... ce n'est pas encore ici et maintenant que vous lirez que Dane De Haan dans Valérian n'était pas une énorme et incompréhensible erreur de casting. Incompréhensible, ou du moins inattendue: Besson a des talents divers (mais si!), au nombre desquels on a pu compter une certaine aptitude à réunir à l'écran des couples improbables et qui pourtant marchaient comme sur des roulettes.

Je me permets cependant de hasarder une hypothèse: Dane De Haan était peut-être, parmi les acteurs interviewés pour le rôle, celui qui, physiquement (en dépit de l'âge qui est inscrit sur ses papiers d'identité), ressemblait le plus à ce à quoi Besson ressemblait quand il avait huit ans, l'âge où il envisageait ainsi son avenir: "Quand je sera grand je me marierai avec Laureline, d'abord. Et puis je ferai agent spatio-temporel comme métier, aussi".
Il se trouvait des petits malins, dans la cour de l'école, pour lui répondre:
"D'abord même pas t'es cap de faire agent spatio-temporel, d'abord".
Ce qui le poussait à renchérir:
"Si je suis cap. Et puis aussi je me marierai avec Laureline, d'abord".
Les malins ricanaient encore plus fort, et un petit garçon de huit ans se retrouvait par terre.
Distribuer à Dane De Haan le rôle de Valérian était peut-être, pour Luc, une façon civile de réaliser la promesse qu'il avait faite à ces petits caïds de bac à sable et que des circonstances indépendantes de sa volonté l'avaient empêché de mettre à exécution: "Tu vas voir ta gueule à la prochaine récré".

Luc Besson est un grand garçon maintenant,
cette photo sans trucage en apporte la preuve.

J'espère sincèrement pour Luc Besson qu'en visionnant les rushes de son film, il a eu la joie de se reconnaitre dans le personnage, et de voir se matérialiser ce vieux rêve.

Ça, au moins, c'est une motivation que je peux admettre. Il y a des rêves auxquels il ne faut pas renoncer.
Pour ma part j'ai récemment décidé que quand je serai grand je me marierai avec Judy Hopps.
Et rien ne m'y fera renoncer.

mercredi 11 octobre 2017

Sonnent les matines



Allons bon, j'avais perdu de vue un instant que dans ce rêve c'était la guerre, et que dans cette guerre j'avais à jouer un rôle bien précis: faire redémarrer ce fichu engin! Et (fichu rêve, dans lequel je me trouvais être le seul mécano du commando) mes quatre équipiers n'avaient rien trouvé de mieux, pour m'encourager, que de se mettre à chanter.
Adossés au mur en ruine, alignés et souriants comme pour une photo, ils répétaient:

FRÈRES JACQUES! FRÈRES JACQUES!
Doo-dee-doo… Doo-dee-doo…
Doone, done, deene…  Doone, done, deene…
Doo-dee-dong! Doo-dee-dong!

C'était, apparemment, ce qui, dans leur répertoire, approchait le plus d'une chanson en français.
Il faut le reconnaître, pour des Alliés, ils prononçaient ce qu'ils en avaient retenu, "frères Jacques"  (le reste, ils l'improvisaient) d'une façon assez  convaincante, malgré leurs accents aussi exotiques qu'indéfinissables. Étaient-ils néo-zélandais? écossais? australiens? gallois? cockneys? irlandais? un peu de tout cela? La couleur sable de leurs uniformes devait au moins autant à la poussière accumulée pendant des heures de route dans le désert qu'à aucun règlement militaire; quand je les observais du coin de l'œil, il me semblait bien que l'un d'eux portait un kilt - ou s'agissait-il de jodhpurs en tartan? - un autre, un couvre-chef bizarre… mais bon, c'était des alliés, c'est toujours ça.
Et ces couleurs… elles ressemblaient de plus en plus à celles d'une photo sépia. Fichu sable! Et fichue guerre. On nous avait expliqué que si cette guerre était nécessaire, c'était parce qu'elle devait être la dernière, plus jamais d'autre guerre après ça: cela voulait-il dire que c'était la première? La deuxième? La prochaine?
Et fichue mécanique aussi. 
Le rêve s'achevait, et je n'avais toujours pas fini de la réparer. 
Je n'entendais plus chanter FRÈRES JACQUES.  
Depuis combien de temps? 
En levant les yeux, devant le mur lézardé, je ne voyais plus personne.