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vendredi 6 septembre 2024

Choses sérieuses

Les chefs d'État n'ont pas toujours les 18 Brumaire qu'ils voudraient bien avoir: parfois ils doivent se contenter d'une approximation douteuse:  par exemple un 5 septembre dangereusement proche du  4 septembre.
Toujours est-il que notre presque-président a déniché un premier ministre approximatif. Que va-t-il en faire? On aurait quelques raisons de s'inquiéter pour le bonhomme, ce garnement de président ayant l'habitude de casser ses jouets. 

Passons maintenant aux choses sérieuses:
Bon anniversaire China Miéville!
Bon anniversaire Donna Haraway!
Bon anniversaire Tony DiTerlizzi!

Oui, ils fêtent tous leur anniversaire le même jour: celui où on le souhaitait naguère au regretté Roland C. Wagner.
Ça a peut-être une signification cachée, mais laquelle?


mardi 18 juin 2024

L'homme du 18 juin

 De qui est-ce l'anniversaire aujourd'hui?

ERIC CHEVILLARD!

Bon anniversaire Éric Chevillard!
(psssst...    au cas ou vous ne sauriez pas comment le lui souhaiter:   il veut un train électrique).


jeudi 29 février 2024

Février s'en va sans insister

 Bon anniversaire, jeunes gens! (vous savez qui vous êtes*).


 Il y avait, potentiellement, beaucoup de sujets à traiter en ce mois de février (si vous vous demandez pourquoi je ne l'ai pas fait, voyez le billet précédent):une disparition, celle de Christopher Priest, une non-disparition: celle d'une guerre qui, pourtant, comme tout le monde, prend de l'âge à chaque anniversaire,  une autre disparition, celle de Brian M. Stableford... 
 Christopher Priest, c'est un monument dont la taille se mesure en kilomètres: il faudra sans doute (qu'en pensez-vous?) que je lui consacre un jour un gros billet. 
  Brian M. Stableford est mort samedi dernier. Il aurait eu 76 ans cet été, mais sa bibliographie comptait d'ores et déjà beaucoup plus de 76 titres.  J'ai le souvenir (vague à présent) d'avoir lu Les Royaumes de Tartare à sa parution chez OPTA en1981, tout récemment j'ai acquis Le Testament d'Erich Zann chez Les Moutons Électriques, et entre les deux... rien: vous voyez que je serais mal placé pour adopter la posture du spécialiste de son œuvre. Mais en jetant un coup d''œil sur sa bibliographie je n'ai pas seulement mesuré la profondeur de mon ignorance, j'ai aussi appris quelque chose qui m'a réjoui et m'a rempli de reconnaissance pour ce vieux monsieur que j'ai si mal connu: non seulement il a été encore plus prolifique comme traducteur que comme auteur, mais ce sont des auteurs français s'étant illustrés dans des genres auxquels je porte un intérêt tout particulier qu'il s'est attaché à faire découvrir à ses compatriotes! Et quels auteurs: des décadents: Jean Lorrain, Félicien Champsaur,  Catulle Mendès, Lucie Delarue-Mardrus, des symbolistes: Henri de Régnier, Judith Gautier, Marcel Schwob; des feuilletonistes: Paul Féval, Ponson du Terrail, Arnould Galopin, Gustave Le Rouge, Gaston Leroux; des précurseurs de la Weird Fiction: Restif de la Bretonne, Collin de Plancy, Jules Janin, Charles Nodier, Villiers de l'Isle-Adam, Gaston de Pawlowski, José Moselli;  et de la science fantasy, ce qu'on appelait à l'époque le merveilleux scientifique (vous vous souvenez de l'exposition à la Bibliothèque nationale en 2019?): Camille Flammarion, Robida,  Jules Lermina, Maurice Renard, Théo Varlet; des folichons et des saugrenus: Pétrus Borel, Alphonse Allais! Et encore: les contes de Madame d'Aulnoy et les poèmes de Renée Vivien! J'incite mes lecteurs anglophones à se pencher sur cette liste, je ne doute pas qu'ils y trouvent des choses qui leur plaisent.

Demain est un autre jour.

*Ayons une pensée émue pour ceux qui sont nés un 30 février et qui fêtent donc encore moins souvent leur anniversaire que ceux qui sont nés le 29.

jeudi 23 novembre 2023

Bon annauniversaire

 Quel jour sommes-nous aujourd'hui? Le 23 novembre? Voyons... Mais c'est l'anniversaire de Masamune Shirow!

Bon anniversaire  Masamune Shirow!


Toujours prêtes à faire la fête, Annapuma et Unipuma. 


jeudi 19 octobre 2023

Le visionnaire du dictionnaire

 Sir Thomas Browne, vous vous souvenez de lui? est mort le jour anniversaire de sa naissance, comme les gens qui aiment les comptes bien ronds: ce jour anniversaire, c'est aujourd'hui, le 19 octobre. Levons nos verres à sa mémoire.
Quelques comptes ronds à propos de Sir Thomas Browne:
- Selon les éditeurs de l'Oxford English Dictionary, il occupe, dans ce dictionnaire la 69ème place (ou la 70ème, il y a un doute) de la liste des auteurs les plus souvent cités comme source d'un mot.
- 775 (ou 777?) entrées attestent que dans la phrase citée le mot défini apparaît pour la première fois dans la langue anglaise,
- 4131 signalent prudemment que jusqu'à présent les auteurs n'ont pas trouvé de preuve formelle que le mot ait été employé auparavant,
- 1596 fois, il est noté que  Browne emploie pour la première fois dans une nouvelle acception un mot qui était déjà en usage dans une autre.
Quelques exemples de ces apports de Sir Thomas à la langue:

 'ambidextrous', 'antediluvian', 'analogous', 'approximate', 'ascetic', 'anomalous', 'carnivorous', 'coexistence', 'coma', 'compensate', 'computer', 'cryptography', 'cylindrical', 'disruption', 'ergotisms', 'electricity', 'exhaustion', 'ferocious', 'follicle', 'generator', 'gymnastic', 'hallucination', 'herbaceous', 'holocaust', 'insecurity', 'indigenous', 'jocularity', 'literary', 'locomotion', 'medical', 'migrant', 'mucous', 'prairie', 'prostate', 'polarity', 'precocious', 'pubescent', 'therapeutic', 'suicide', 'ulterior', 'ultimate', 'veterinarian'.

Autant de mots qui, dans des écrits du dix-septième siècle, paraissent anachroniquement modernes. On dirait que Browne anticipait les besoins de ses descendants du vingt-et-unième siècle, non?
Ou alors, puisqu'il était si intuitif, il pressentait peut-être qu'un jour Edward Gorey ressentirait le besoin de faire des listes de mots biscornus à faire figurer, dans des banderoles, au-dessus d'animaux également biscornus sur des fresques pour nurseries. Dans ses rêves de zodiographe, Sir Thomas Browne voyait-il des fantods, des Osbick birds ou autres dubious guests?

lundi 9 octobre 2023

Sempéternel

 Hé bien, il semble que vous soyez divisés assez équitablement, chers lecteurs, entre partisans des livres pleins d'images et amateurs de livres pleins de mots. Qui va vous mettre d'accord? Mais Sempé, bien sûr (qui d'autre?).  «En fait, il n’y a pas d’équivalent à Sempé», remarquait naguère Li-An. Du haut de la cime ennuagée où son petit vélo a fini par le conduire, Sempé continue à veiller à notre bien-être en inspirant des éditeurs.

Le numéro 114 de l’Atelier du roman (trimestriel dont il se trouve que c'est aussi le trentième anniversaire) rend hommage à Sempé, un an après son décès. Dans le dossier Sempé pour toujours, contributions de Frédéric Pajak, Benoît Duteurtre, Philippe Delerm, Yves Hersant, Denis Grozdanovitch, Pavel Schmidt, Philippe Garnier...  Ils en parlent beaucoup, du mieux qu'ils peuvent (Frédéric Pajak : « Il connaît par cœur la vanité des grands discours, leur pédantisme. Un dessin, une légende, et tout est dit, comme un coup de poing dans la figure infligé avec une infinie douceur. ») mais ça ne laisse pas beaucoup de place aux dessins...

.... ne partez pas déjà! pour les dessins, il y a Les Cahiers Dessinés (maison d'éditions indispensable, si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer: vous avez déjà leurs cahiers sur Gébé et sur Topor, je suppose?) qui ont publié il y a deux ans les Carnets de Bord  de Sempé, pleins de dessins jamais vus (ce sont des croquis pris sur le vif, des brouillons, des notes, des premiers jets).

Voilà, tout le monde est servi?

 L’Atelier du Roman n° 114

 Sempé, Carnets de Bord
Éditions Les Cahiers Dessinés 2021
ISBN: 979-10-90875-94-4

mardi 5 septembre 2023

Lunes qui vont par treize, années qui vont par vingt

 En cette semaine de rentrée où les journées (et les nuits) spéciales se sont bousculées: la nuit de la Super-Lune (celle qui revient once in a blue moon), le vingtième anniversaire du décès de J. R. R. Tolkien...  il n'y aurait rien de surprenant (avec toutes ces lentilles à astiquer, tous ces hymnes en qenya à mémoriser) à ce que  vous ne sachiez déjà plus où donner de la tête. Il s'ajoute pourtant aux deux précédents un événement qu'il est important de célébrer, même si les journaux en ont moins parlé: les vingt ans du blog de Michel Volkovitch! Michel Volkovitch  ne manque jamais de mettre à jour sa page au début de chaque mois, et je suis certain que, pour vous comme pour Tororo,  visiter son journal infime et son carnet du traducteur, c'est devenu au fil des années un petit rituel mensuel; ce mois-ci, il conviendra en outre de lever quelques coupes, de choquer quelques chopines (si vous lisez en bonne compagnie), ou de pousser quelques hourras pendant votre lecture, pour souhaiter à l'infatigable traducteur-éditeur-apiculteur* de continuer à rendre le web plus intéressant pendant encore de nombreuses années.

*il s'est spécialisé dans la récolte du miel d'ange: si vous croyez que c'est facile!...

jeudi 23 février 2023

Cent mille milliards de bougies

 

Avant-hier, ce sera l'anniversaire de Raymond Queneau.
Bon anniversaire de Raymond Queneau à tous ceux qui, comme lui, fêteront, ou auront fêté, ou auraient fêté leurs cent vingt ans. 

 

dimanche 13 novembre 2022

Et un berceau pour le chat

 Il s'en est passé des choses le 11 novembre (il y a des dates comme ça, qui ont un agenda chargé... ce n'est pas Didier Da Silva qui dirait le contraire). Par exemple, c'était l'anniversaire de Kurt Vonnegut: il est né le 11 novembre 1922, il y a juste cent ans! Ces dernières années, j'avais un peu perdu l'habitude de lui souhaiter son anniversaire; il faut dire que depuis qu'en avril 2007, il est parti, appelé par des affaires urgentes, pour la planète Tralfamadore (d'où viennent les soucoupes volantes), il ne peut plus guère répondre aux cartes de voeux. Heureusement, un de nos blogs préférés, feuilleton, est là pour nous rafraîchir la mémoire! Alicia Raitt (merci, John Coulthart, pour le lien) a relu tous les romans de Kurt Vonnegut (ce qui est déjà une très bonne idée: vous devriez en faire autant) et leur a imaginé des couvertures toutes neuves. Bravo Alicia, et bon anniversaire Kurt! Je suis un peu en retard, mais un centième anniversaire, on peut l'étaler sur quelques jours, non?

mercredi 16 juin 2021

Tu es une grande fille maintenant

 

C'est l'anniversaire de qui aujourd'hui?
Celui de Joyce Carol Oates.
Bon anniversaire Joyce Carol Oates!

 

Hé oui, ça tombe le même jour que Bloomsday, que voulez-vous, il n'y a que 365 jours par an; mais où est le problème? Vos toasts célèbreront, alternativement, l'un et l'autre de ces anniversaires .

 

mardi 14 juillet 2020

Et vous, combien de kilomètres?



Aujourd'hui nous sommes le 14 Juillet; 
et le 14 Juillet, 
c'est l'anniversaire de qui?

Bon anniversaire Christopher Priest.

mercredi 1 avril 2020

Un premier avril comme les autres


Cette nuit, le gris est la couleur ultime, le résultat final. 
Les cendres sont la couleur du ciel, le couvercle de la ville, le mastic dans la bouche. 
Le temps vit avec l'espace, imperturbable: Papa Temps, Maman Espace. 
Ils sont les souverains du monde, de l'univers et de tout le tremblement. 
Invincibles. Il n'existe rien d'autre.
Aucun bruit dans la pièce, sa respiration a la légèreté d'une plume. Un événement intime est en train de se produire, que les visages de la tristesse ne sauraient venir perturber. Loplop, l'Oiseau supérieur, se prépare dans la solitude altière de son aire à devenir de plus en plus petit et à disparaître.
Il est comme un lac doté d'un écho: je dis Max, tout le monde dit Max, le lac dit Max,  l'écho (déjà lointain) dit Max, et Max est partout. Il est au fond de ma gorge et dans le papillon de nuit qui volette. 


Je tiens à deux mains mes oreilles qui hurlent mais que je suis seule à entendre.



Dorothea Tanning, La vie partagée (Between Lives, 2001)
traduit par Marc Amfreville, Bourgois, 2002


1° avril 1976 mort de Max Ernst


vendredi 3 janvier 2020

Nananniversaire, nanananana


C'est l'anniversaire de qui aujourd'hui?
Celui de Greta Thunberg.
Bon anniversaire Greta Thunberg!

S'il te plaît, Greta, dis-nous que tu les enterreras tous? 
Hein? S'il te plaît?




mardi 18 juin 2019

Nel mezzo del cammin di nostra vita


“55 ans aujourd’hui… Diable dieu, comme le temps file, me voici déjà presque au mitan de mon existence!” 
…  écrit, en ce 18 juin, Éric Chevillard.

Je n'aurais su mieux dire: bon anniversaire Éric!


lundi 25 mars 2019

À tout jamais, tout jamais et demi



En ce jour, le 25 mars 
de l'an 3019 du Troisième Âge, 
l'Anneau Unique fut détruit 
dans les profondeurs ardentes du Mont du Destin 
et Sauron le Seigneur Sombre 
disparut du monde 
 à tout jamais… 


mardi 13 mars 2018

L'anniversaire du Lear



Tout à mes préoccupations actuelles, j'ai omis de vous rappeler qu'hier 12 mars était la Journée Internationale du Hibou et de la Minouchette, instituée en 2012 par la Reine pour commémorer la naissance d'Edward Lear.
J'espère que vous n'avez pas oublié de la célébrer.
Voici, en réparation de ma négligence, un poster à suspendre au-dessus de votre table à thé.

Vous pouvez trouver cette image à une
plus haute définition sur le site du
Bélial.

Où est le hibou, me demandez-vous? Ma foi, ne perdez pas de vue que tous les hiboux ne sont pas ce qu'ils ont l'air d'être - et inversement.


Illustration de Nicolas Fructus 
Le Bélial 2018

lundi 5 mars 2018

L’image a détourné la tête (Ursula LeGuin, 7; L'Anniversaire du monde, 6)

Nous retrouvons une dernière fois L'Anniversaire du Monde, et ses Paradis perdus.
Bien sûr, le titre de la nouvelle se réfère à l'œuvre de Milton; mais est-il interdit (Ursula LeGuin ayant une connaissance étendue des lettres françaises) d'y voir aussi un souvenir de celle de Baudelaire?


"The Tiger"
Of course there are pictures of moons and suns and animals, all labelled with names. In the Library on the bookscreens you can watch big things running on all fours over some kind of hairy carpet and the voices say, "horses in wyoming," or "llamas in peru." Some of the pictures are funny. Some of them you wish you could touch. Some are frightening. There's one with bright hair all gold and dark, with terrible clear eyes that stare at you without liking you, without knowing you at all. "Tiger in zoo," the voice says. Then children are playing with some little "kittens" that climb on them and the children giggle and the kittens are cute, like dolls or babies, until one of them looks right at you and there are the same eyes, the round, clear eyes that do not know your name.
"I am Hsing," Hsing said loudly to the kitten-picture on the bookscreen.
The picture turned its head away, and Hsing burst into tears.
Teacher was there, full of comfort and queries. "I hate it, I hate it!" the five-year-old wailed.
"It's only a movie. It can't hurt you. It isn't real," said the twenty-five-year old.
Only people are real. Only people are alive. Father's plants are alive, he says so, but people are really alive. People know you. They know your name. They like you. Or if they don't, like Alida's cousin's little boy from School Four, you tell them who you are and then they know you.
"I'm Hsing."
"Shing," the little boy said, and she tried to teach him the difference between saying Hsing and saying Shing, but the difference didn't matter unless you were talking Chinese, and it didn't matter anyway, because they were going to play Follow-the-Leader with Rosie and Lena and all the others. And Luis, of course.

"Le Tigre"
Bien sûr, il y a des images de lunes et de soleils et d’animaux, toutes avec des noms écrits sur des étiquettes. Dans la Bibliothèque, sur les livrécrans, on peut voir de grosses créatures qui courent à quatre pattes sur une sorte de tapis avec des poils, et les voix disent "chevaux dans le wyoming" ou "lamas au pérou". Quelques-unes des photos sont drôles. Il y a des créatures qu’on aimerait bien toucher. Il y en a qui font peur. Il y en a une qui a des poils brillants, dorés et noirs, avec des yeux clairs terrifiants qui vous regardent sans vous aimer, sans vous connaître du tout. "Tigre au zoo", dit la voix. Ensuite, on voit des enfants qui jouent avec des petits "chatons" qui leur grimpent dessus, et les enfants gloussent et les "chatons" sont adorables, comme des poupées ou des bébés, jusqu’à ce que l’un d’eux vous regarde directement et ce sont les mêmes yeux, les yeux ronds et clairs qui ne connaissent pas votre nom.
- Je m’appelle Xing, a dit Xing d’une voix forte à l’image du chaton sur le livrécran.
L’image a détourné la tête, et Xing a fondu en larmes.
La maîtresse a tout de suite été là, pleine de réconfort et de questions.
- Je le déteste, je le déteste, a hurlé la petite fille de cinq ans.
- Ce n’est qu’un film. Il ne peut pas te faire de mal. Il n’est pas réel, a dit la jeune femme de vingt-cinq ans.
Seuls les gens sont réels. Seuls les gens sont vivants. Les plantes de Père sont vivantes, c’est ce qu’il dit, mais les gens sont vraiment vivants. Les gens vous connaissent. Ils vous connaissent par votre nom. Ils vous aiment. Ou s’ils ne vous connaissent pas, comme le petit garçon de la cousine d’Alida, à l’École Quatre, vous leur dites qui vous êtes et alors ils vous connaissent.
- Je m’appelle Xing.
- Shing, a dit le petit garçon, et elle a essayé de lui expliquer la différence entre dire Xing et dire Shing, mais la différence n’avait aucune importance à moins de parler chinois, et ça n’avait aucune importance après tout puisqu’ils allaient jouer à Jacques-a-dit avec Rosie et Léna et tous les autres. Et Luis, bien sûr.



Les malentendus culturels ne guettent pas que les anthropologues futurs qui partiront un jour explorer la galaxie.
Alexeï Panshin, lui-même auteur d'une ces "histoires de vaisseau où vivent des générations successives" - qui, nous rappelait Le Guin, ont fini par constituer un des sous-genres de la SF - et non une des moins mémorables, puisqu'il s'agit de l'excellent Rite de Passage (prix Nebula du meilleur roman 1968), avait rédigé une critique, sinon totalement négative, du moins très réservée de La Main Gauche de la Nuit à l'époque de sa parution: il s'était dit choqué par les libertés que LeGuin y prenait avec la grammaire, aussi bien en accordant au masculin des substantifs féminins qu'en usant uniformément de pronoms masculins pour les appliquer à des personnages décrits dans des "rôles" féminins; plus précisément, il y voyait un pur artifice maniériste, contre-productif en ce qu'il distrayait inutilement le lecteur (il semble loin, le temps où un critique pouvait, si chevronné fût-il, être déconcerté par cette timide audace).
Il n'est pas douteux, cependant, qu'Ursula LeGuin avait des idées très claires sur les rapports qu'entretiennent les différences - ou les similitudes - biologiques et l'affectivité.




"If nothing is very different from you, 
what is a little different from you 
is very different from you."

Luis was very different from Hsing. For one thing, she had a vulva and he had a penis. As they were comparing the two one day, Luis remarked that he liked the word vulva because it sounded warm and soft and round. And vagina sounded rather grand. But "Penis, peee-niss," he said mincingly, "pee-piss! It sounds like a little dinky pissy sissy thing. It ought to have a better name." They made up names for it. Bobwob, said Hsing. Gowbondo! said Luis. Bobwob when it was lying down and Gowbondo when it stood up, they decided, aching with laughter. "Up, up, Gowbondo!" Luis cried, and it raised its head a little from his slender, silky thigh. "See, it knows its name! You call it." And she called it, and it answered, although Luis had to help it a little, and they laughed until not only Bobwob-Gowbondo but both of them were limp all over, rolling on the floor, there in Luis's room where they always went after school unless they went to Hsing's room.

Si rien n’est très différent de vous, 
ce qui est un peu différent de vous 
est très différent de vous

Luis était très différent de Xing. Par exemple, elle avait une vulve et il avait un pénis. Alors qu’ils comparaient les deux, un jour, Luis lui a fait remarquer qu’il aimait le mot vulve parce que le son évoquait quelque chose de chaud, doux et rond. Et vagina avait un son assez impressionnant. Mais pénis, pinisse, dit-il en prenant des airs, pipisse! On dirait un tout petit machin pisseux. On devrait lui trouver un meilleur nom. Ils ont inventé des noms. Bobwob, a dit Xing. Gobwondo! a dit Luis. Bobwob, ce serait quand il se reposait, et Gobwondo, quand il se relevait, décidèrent-ils, en se tordant de rire. Allez, debout, debout, Gobwondo! criait Luis, et la tête se levait légèrement en s’écartant de la mince cuisse soyeuse de Luis. Tu vois, il reconnaît son nom! Appelle-le, toi. Et elle l’appelait, et il répondait, même s’il fallait que Luis l’aide un peu, et ils ont ri jusqu’à ce que non seulement Bobwob-Gobwondo devienne tout à fait flasque, mais qu’eux aussi se retrouvent sans force, à se rouler par terre de rire, là, dans la chambre de Luis où ils allaient toujours après l’école, à moins qu’ils n’aillent dans la chambre de Xing.

 Les choix typographiques et orthographiques de la traduction française sont légèrement différents de ceux du texte anglais: tirets au lieu de guillemets, etc; le prénom chinois de la petite fille est transcrit selon le système pinyin, au lieu de l'être, comme dans l'anglais,selon le système Wade. Dans les paragraphes ci-dessus, j’ai respecté ces choix; je ne suis revenu que sur un des choix de traduction parce que bon, vagina, je veux bien qu’à des oreilles anglaises ce mots sonne "rather grand" mais  dire en français que "vagin a un son assez impressionnant" ce serait, au minimum, un peu exagéré, non? Alors j’ai remis le mot employé dans le texte anglais, il a au moins la majesté fanée des termes latins.

Comme L’Anniversaire du monde, Paradis perdus a pour sujet un changement de paradigme. Changement de paradigme c’était une expression qui avait l’air un peu savant et même un peu prétentieux jusqu’à ce que, depuis quelques années, tout le monde se mette à l’employer; ça désigne pourtant quelque chose qui n’a rien de nouveau, c’est même, depuis toujours, le sujet principal des récits d’anticipation, scientifiques ou pas; pendant longtemps, il a fallu du temps pour qu’on les remarque, ces changements, mais maintenant que les paradigmes changent tout le temps on s’est mis à ressentir le besoin d’aller chercher dans des pages pas trop fréquentées des dictionnaires le mot pour les désigner.
Dans Solitude, une mère ne prend que tardivement conscience que pour ses enfants, l’éducation qu’ils recevront sur une planète dont les habitants ont délibérément tourné le dos à la civilisation que leurs ancêtres avaient bâtie ne leur apprendra pas seulement des mots nouveaux et des techniques artisanales autochtones, mais façonnera aussi, chez eux, une vision du monde totalement différente de la sienne.
Ce changement de paradigme dont elle est exclue, nous percevons, en creux, à travers le récit serein de sa fille, Sérénité, si bien nommée, la souffrance qu’il lui a causé:
Ce n’était pas facile pour ma mère. C’était difficile pour elle, et compliqué. Elle était forcée de faire semblant de connaître des détails alors même qu’elle était en train de les apprendre, et elle était obligée de penser à le façon d’écrire et d’expliquer cette façon de vivre dans des rapports adressés à des gens d’ailleurs qui ne la comprenaient pas.

La souffrance liée au changement de paradigme est présente dans toutes les nouvelles de LeGuin.
Dans L’anniversaire du monde, un enfant élevé pour être le dieu vivant de son peuple se retrouve, à l’âge adulte, sans peuple pour le vénérer.
Dans Solitude, c'est l'adulte, pas l'enfant, qui est confrontée à des "images qui détournent la tête", et qui ne comprend pas.
Dans les récits qui se passent sur Yeowe et Werel (Musique Ancienne... et les quatre de Quatre chemins vers le pardon), les artisans du renversement de l’ordre ancien vivent assez vieux pour se retrouver veufs et veuves de la Révolution, morte en accouchant d’un nouvel ordre.
Et dans Paradis perdus...
... il arrive aux protagonistes une chose presque aussi étrange que de devenir vieux après avoir été jeunes: après avoir été petits, ils deviennent grands. Gobwondo!

Voilà, je referme L'Anniversaire du Monde; je serais ravi que vous le rouvriez quand vous en aurez l'occasion, surtout si vous vous demandiez par quel bout aborder les fictions d'Ursula Le Guin, car ce recueil, par la diversité des textes qui le composent, me semble une bonne introduction à son œuvre (Le Livre d'or d'Ursula Le Guin, chez Pocket, en est une autre: mais attention, je crois qu'on ne le trouve plus que chez les bouquinistes!).
Dans les semaines à venir, peut-être trouverons-nous d'autres façons de nous rapprocher d'elle, qui sait?

À suivre...


L'Anniversaire du Monde, nouvelles 
(The Birthday of the World, Harper Collins, 2002; 
traduction française de Patrick Dusoulier, 
Robert Laffont, 2006)


samedi 17 février 2018

Bon anniversaire, le monde (Ursula Le Guin, 4; L'anniversaire du monde, 3)


… et le monde tel que je l'ai connu 
a déjà pris fin à plusieurs reprises.
Ursula Le Guin

Retrouvons donc Ursula Le Guin, après ce billet-ci, celui-ci, et celui-là.

Cailloux précieux comme des diamants

Les cailloux s'invitent souvent dans les fictions d'Ursula Le Guin… ou pour mieux dire, quand ils apparaissent, ils sont traités en invités de marque. Situés dans le futur, et racontés au passé.

Il y a quarante ans, dans une des premières nouvelles du cycle de l'Ekumen, Le Collier de Semlé, il était déjà question de cailloux. Perdus. Retrouvés. Rendus.
Et il sera question ailleurs de planches déjetées. Matériaux de rebut. Grains de sable qui furent un jour façades de gratte-ciels en verre-miroir.
On retrouvera ainsi une de ces sociétés bâties sur des ruines dans un recueil plus récent, Always Coming Home (traduit en français La vallée de l'éternel retour).

Les cailloux, il existe un autre espace dans lequel ils occupent une place d'honneur: ces boites à biscuits, ou à pilules, ou à cigares, qu'on anoblit du titre de boite à trésors, et où l'on conserve des objets singuliers, aussi longtemps qu'on a l'âge de s'émerveiller des trouvailles faites sur le bord du chemin. Les personnages de ces nouvelles de Le Guin font tous l'expérience de pertes matérielles mais surtout immatérielles, de la perte de certitudes, de souvenirs, de refuges, ils ont tous besoin d'un sac d'âme, d'une petite chose qu'on peut serrer dans son poing.

Les deux fragments ci-dessous illustrent un des procédés dont use Le Guin pour tisser des liens - tracer d'étroits passages  - des pistes d'envol pour petits poucets - entre ses récits et entre ses mondes. Avec l'aide de ses amis les cailloux.

Cette nuit-là, dormant dans la chambre qui donnait sur la terrasse de Yaramera, Esdan rêva qu'il avait perdu une petite pierre ronde et plate qu'il avait toujours sur lui dans un petit sac. La pierre venait du pueblo. Quand il la serrait dans sa paume pour la réchauffer, elle était capable de parler, de parler avec lui. Mais cela faisait longtemps qu'il ne lui avait pas parlé. Il s'apercevait maintenant qu'il ne l'avait plus. Il l'avait perdue, laissée quelque part. Il pensait que c'était dans le sous-sol de l'ambassade, mais la porte était fermée à clef, et il ne trouvait pas l'autre porte.
Il se réveilla. C'était le petit matin. […] Il pensait à son rêve, à la pierre qui parlait. Il aurait aimé entendre ce qu'elle disait.
Ursula Le Guin, 
Musique Ancienne et les femmes esclaves
dans L'Anniversaire du Monde 
(The Birthday of the World, 2002)

Un des cailloux dans mon sac d'âme, un vilain petit caillou gris que j'avais ramassé un certain jour à un certain endroit dans les collines au-dessus de la rivière pendant le Temps Argenté, un petit morceau de mon monde: voilà ce qui est devenu mon monde. Chaque nuit, je le sortais de mon sac et je le tenais dans ma main, en pensant à la lumière du soleil dans les collines au-dessus de la rivière, en écoutant le doux bruissement des systèmes du vaisseau, comme un océan mécanique.
Ursula Le Guin, 
Solitude
dans L'Anniversaire du Monde 
(The Birthday of the World, 2002)

Vous l'avez remarqué, je me répète: serais-je distrait? Non, je voudrais simplement mettre en évidence ce fil ténu qui traverse romans, novellas et nouvelles d'Ursula Le Guin, un lien bien plus discret que le "ruban adhésif fait de mots" dont elle se moque gentiment dans la préface déjà citée: le fil de cette sonde jetée vers des strates d'idées situées trop loin du langage pour être verbalisées comme elle le dit dans The Child and the Shadow.  

Romans et nouvelles de Le Guin, que leur thème les rattache ou non à la science-fiction (c'est aussi vrai de romans "mainstream", comme on dit, comme Lavinia ou Loin, très loin de tout)  traitent de l'une ou l'autre de ces méthodes que nous - individus aussi bien que collectivités - avons trouvé pour ne pas perdre toute trace de notre passé.
De ce besoin que nous ressentons à un moment de notre vie, de ramasser quelque chose sur le bord du chemin, et de l'investir, arbitrairement, d'une signification. De préférence une petite chose brillante, tant qu'à faire.
Dans l'avant-dernière nouvelle du recueil, celle qui lui donne son nom, L'Anniversaire du Monde, une petite communauté traditionaliste subit une acculturation brutale, perd en quelques épisodes violents tout cet ensemble de petites choses ramassées au bord du chemin: ses croyances, sa vision du monde, ses rites; c'est un de ses membres qui nous le raconte - au passé.
On pourrait être tenté de résumer ce témoignage aux allures de conte en disant qu'une dystopie y est remplacée par une autre dystopie: ce serait oublier que chez Le Guin, les dystopies ne sont pas moins ambiguës que les utopies. C'était mieux avant, vous êtes sûrs? Ce sera mieux après, vous pensez? Vous vous dites peut-être que ça ne pourrait pas être pire: pas possible!
Qu'est-ce qui, dans l'héritage de la petite épouse de Dieu, valait la peine d'être conservé?
Qu'est-ce qu'il était opportun de rendre, comme Sérénité (dans Solitude) avait rendu un de ses sacrés?
Qu'est-ce qu'il valait mieux perdre?


Petits poucets de l'espace

Quant à la dernière nouvelle, nous l'avons vu dans l'introduction de Le Guin, elle appartient à un genre de science-fiction un peu différent, et comme l'autrice l'a noté, codifié de longue date par les nombreux écrivains qui s'y sont essayé.
 La dernière et [la plus] longue nouvelle, Paradis perdus, ne suit pas ce schéma, et n'est absolument pas une histoire de l'Ekumen. Elle se déroule dans un autre univers, encore un univers fréquemment utilisé, un univers de science-fiction générique et partagé: le "futur".
[…] En d'autres termes, c'est une histoire de vaisseau où vivent des générations successives. (Deux ouvrages remarquables, Aniara de Harry Martinson et The Dazzle of Day de Molly Gloss … ont utilisé ce thème)...
C'est sans doute à dessein que Le Guin choisit de ne citer que deux ouvrages récents, mais on pourrait ajouter à ces deux titres une très longue liste, en commençant par Pour une autre Terre  de Van Vogt et Croisière sans escale de Brian Aldiss... En fait, c'est à une des figures classiques du récit de science-fiction que s'est attaqué Le Guin dans cette nouvelle (ou peut-être novella): d'Asimov à Delany,  presque tous les auteurs canoniques y sont allés de leur histoire de micro-société enfermée dans un vaisseau géant. Ce que Le Guin y apporte de neuf, c'est l'empathie pour les personnages, qu'on trouve dans toutes ses nouvelles; les protagonistes perçoivent les dysfonctionnements de la société en vase clos dans laquelle ils vivent (sur leur arche de l'espace), pressentent les impasses vers lesquelles elle risque de se diriger; ils aspirent à y apporter des changements, et sont confrontés à la découverte déstabilisante que, parmi leurs contemporains, d'autres groupes se forment, qui, avec la même ardeur juvénile qu'eux-mêmes, souhaitent eux aussi des changements, mais des changements radicalement différents.

C'est une des plus anciennes figures de la science-fiction que ce départ vers l'inconnu, non pas, comme dans la mythologie, de figures héroïques et solitaires mais de tout un peuple, d'un échantillon d'humanité.
Les héros mythologiques, les Jason et les Gilgamesh, changeaient le monde (du moins, les aèdes le supposent, car après tout, le seul monde qu'ils connaissent, c'est celui  qui perdure, après que les héros l'aient changé). Les voyageurs de l'arche de l'espace (pas des géants, pas des héros: vous, moi, nos rejetons) le voyage les change, la signification du voyage change pour eux.
Et, comme ils sont nombreux et d'origines diverses, les changements ne sont pas les mêmes pour tous.
Le titre anglais de la nouvelle est bien Paradises lost, au pluriel, une nuance qui en français peut être perdue à l'oral;  en effet, dans cette nouvelle, il est question de plusieurs sortes de paradis, et surtout de plusieurs façons de perdre. Mais aussi de la façon dont, même quand on est perdu dans l'espace profond, on peut trouver des cailloux à ramasser.
On en parle dans un prochain billet, si vous voulez?


À suivre...




Le site officiel d'Ursula Le Guin;
sa bibliographie selon wikipedia.

L'Anniversaire du Monde, nouvelles 
(The Birthday of the World, Harper Collins, 2002; 
traduction française de Patrick Dusoulier, 
Robert Laffont, 2006)

mardi 13 février 2018

Petits morceaux de mondes (Ursula Le Guin, 3; L'anniversaire du monde, 2)



Je suis allée dans mon refuge secret au bord de la rivière 
et je me suis mise à pleurer. 
J'ai sorti les sacrés de mon sac d'âme et je les ai disposés par terre. 
Un des sacrés - ça n'a plus d'importance si je vous le dis - était 
un cristal que Ned m'avait donné, clair au sommet, 
d'un rouge laiteux à la base. Je l'ai tenu un long moment 
et puis je l'ai rendu. J'ai creusé un trou sous un rocher 
et j'ai enveloppé le sacré dans des feuilles de duhur, 
puis dans un carré de tissu que j'ai arraché de mon kilt, 
un magnifique tissu très fin que Hyuru 
avait fabriqué et cousu pour moi. 
J'ai déchiré le carré juste sur le devant de mon kilt, 
là où ça se verrait. J'ai rendu le cristal, 
 je suis restée assise là, longtemps, à côté de lui. 
Quand je suis rentrée à la maison, je n'ai pas parlé 
de ce que Didsu m'avait dit. 
Mais Ned était très silencieux, et ma mère avait l'air soucieuse. 
"Qu'est-ce que tu as fait à ton kilt, Ren?" m'a-t-elle demandé. 
J'ai légèrement relevé la tête, et je n'ai rien répondu; 
elle a ouvert la bouche pour parler, mais n'a finalement rien dit.   
Elle avait fini par apprendre à ne pas parler 
à une personne qui a choisi de rester silencieuse.
Ursula Le Guin, Solitude
dans L'Anniversaire du Monde.



Ce billet-ci est la suite de ce billet-là et encore de ce billet-là.

Cinquième nouvelle du recueil L'Anniversaire du Monde,  Solitude m'a semblé mériter une attention spéciale.
Cette nouvelle porte un sous-titre: "Appendice à PAUVRETÉ: le second rapport sur Onze-Soro, du Mobile* Entselenne'temharyonoterregwis Feuille; par sa fille Sérénité**".


SolitudeAn addition to "POVERTY: The Second Report on Eleven-Soro" by Mobile Entselenne'temharyonoterregwis Leaf; by her daughter, Serenity.
My mother, a field ethnologist, took the difficulty of learning anything about the people of Eleven-Soro as a personal challenge. The fact that she used her children to meet that challenge might be seen as selfishness or as selflessness. Now that I have read her report I know that she finally thought she had done wrong. Knowing what it cost her, I wish she knew my gratitude to her for allowing me to grow up as a person.
Shortly after a robot probe reported people of the Hainish Descent on the eleventh planet of the Soro system, she joined the orbital crew as back-up for the three First Observers down onplanet. She had spent four years in the tree-cities of nearby Huthu. My brother In Joy Born** was eight years old and I was five; she wanted a year or two of ship duty so we could spend some time in a Hainish-style school. My brother had enjoyed the rainforests of Huthu very much, but though he could brachiate he could barely read, and we were all bright blue with skin-fungus. While Borny learned to read and I learned to wear clothes and we all had antifungus treatments, my mother became as intrigued by Eleven-Soro as the Observers were frustrated by it.
All this is in her report, but I will say it as I learned it from her, which helps me remember and understand. The language had been recorded by the probe and the Observers had spent a year learning it. The many dialectical variations excused their accents and errors, and they reported that language was not a problem. Yet there was a communication problem. The two men found themselves isolated, faced with suspicion or hostility, unable to form any connection with the native men, all of whom lived in solitary houses as hermits or in pairs. Finding communities of adolescent males, they tried to make contact with them, but when they entered the territory of such a group the boys either fled or rushed desperately at them trying to kill them. The women, who lived in what they called "dispersed villages," drove them away with volleys of stones as soon as they came anywhere near the houses. "I believe," one of them reported, "that the only community activity of the Sorovians is throwing rocks at men."

Ma mère, une ethnologue de terrain, prit comme un défi personnel le fait qu’il était difficile d’apprendre quoi que ce soit sur la population de Onze-Soro. Qu’elle se soit servie de ses enfants pour relever ce défi peut paraître de l’égoïsme, ou de l’abnégation. Maintenant que j’ai lu son rapport, je sais qu’elle a finalement conclu qu’elle avait mal agi. Sachant ce que cela lui a coûté, je voudrais qu’elle sache à quel point je lui suis reconnaissante de m’avoir permis de devenir une personne.
Peu après que la sonde robotique eût signalé une population de souche Hainienne sur la onzième planète du système de Soro, ma mère rejoignit l’équipage en orbite pour se tenir en réserve des trois Premiers Observateurs descendus sur la planète. Elle avait passé quatre ans dans les arbres-cités de Huthu, une planète voisine. Mon frère Né Dans La Joie** avait huit ans et j’en avais cinq; ma mère souhaitait passer un an ou deux à bord d'un vaisseau pour que nous puissions bénéficier d’une scolarité hainienne. Mon frère avait beaucoup aimé les forêts de Huthu, mais bien qu’il eût appris à se balancer de liane en liane, il savait à peine lire, et nous étions tous les deux entièrement bleus à cause d’un champignon sur la peau. Pendant que Ned apprenait à lire et que j’apprenais à porter des vêtements, et qu’on nous administrait des traitements fongicides, la fascination de ma mère pour Onze-Soro grandissait, à la mesure de la frustration qu’éprouvaient les Observateurs.
Tout cela figure dans son rapport, mais je vais l’exposer tel que je l’ai appris d’elle, ce qui m’aide à me remémorer et à comprendre. Le langage avait été enregistré par la sonde et les Observateurs avaient passé un an à l’apprendre. Les nombreuses variantes dialectales pouvaient excuser leur accent et leurs erreurs, et ils informèrent le vaisseau que le langage ne posait aucun problème. Il y avait pourtant un problème de communication. Les deux hommes se trouvèrent isolés, en butte aux soupçons ou à l’hostilité, incapables de nouer un lien avec les indigènes mâles, qui vivaient tous en ermites dans des maisons isolées, ou quelquefois à deux. Après avoir découvert l’existence de communautés d’adolescents, ils essayèrent d’entrer en contact avec eux, mais quand ils pénétrèrent dans le territoire d’un de ces groupes, les garçons s’enfuirent ou se jetèrent désespérément sur eux pour tenter de les tuer. Les femmes, qui vivaient dans ce qu’ils appelèrent des villages dispersés, leur jetaient des volées de pierres dès qu’ils s’approchaient des maisons. Je crois, a dit l’un des Observateurs, que la seule activité collective chez les Soroviennes consiste à lancer des pierres sur les hommes.




Lucide dans le ciel 
(avec cailloux en lieu de diamants)

Une anthropologue, son grand garçon, et sa petite fille, y vivent une expérience d'immersion dans une culture qui leur est étrangère. La mère-anthropologue (tiens, c'est curieux… il me semble me souvenir qu'Ursula Le Guin est elle-même née dans une famille d'anthropologues) poursuit une mission pour le compte de l'Ekumen: elle espère que son rapport aidera les universitaires de Hain à comprendre comment l'éclatement de la civilisation la plus urbaine de la galaxie (la planète quasi-déserte qu'elle étudie a autrefois été couverte par une mégalopole de quatorze milliards d'habitants) a pu engendrer une société ultra-individualiste réduite à quelques poignées d'individus, vivant dans un isolement volontaire, répudiant non seulement toute technologie, mais aussi (presque) toute structure sociale - à la plupart des concepts qui rendent possible la vie sociale au sens où nous l'entendons (nous, et les Hainiens, bien sûr: dans l'Ekumen, c'est eux dont la vision du monde est la plus proche de la nôtre, celle du moins à laquelle il est le plus tentant pour nous d'adhérer), ils donnent le nom péjoratif de "magie". Pour les habitants de Onze-Soro, quiconque essaie d'exercer une influence sur d'autres gens, ou de les rendre dépendants de quoi que ce soit - d'une relation, d'une habitude, d'une ressource quelconque, par exemple d'objets fabriqués - "fait de la magie": c'est mal. Inutile de dire que le chantage affectif (qui est sur notre planète le couteau suisse des relations parents-enfants) est mal vu sur Onze-Soro.

Le professeur Feuille s'investit dans cette mission avec une foi de charbonnier, et autant de certitudes qu'en avaient, naguère, ceux que chez nous on appelait les hussards noirs de la République.
Elle constate (et, en bonne scientifique, elle essaie de faire entrer cette constatation dans une des grilles de lecture fournie par l'anthropologie) que les adultes sont plus que réticents à communiquer avec elle: elle finit par attribuer cette réticence à une question d'étiquette: sur Onze-Soro il est contraire à toutes les convenances, pour un adulte, de paraître vouloir enseigner quoi que ce soit à un autre adulte (et, de ce fait, un adulte qui, comme elle, pose des questions à un autre adulte fait étalage d'une choquante immaturité - elle découvrira assez tôt que, dans son voisinage, on l'appelle "la folle").
Toute transmission se fait des adultes vers les enfants, non par un système d'enseignement institutionnel, mais par la répétition (ou l'improvisation) de chants qui accompagnent toutes les activités quotidiennes. Au contraire, l'idée même de transmission d'un savoir entre adultes a quelque chose d'embarrassant, de choquant, d'obscène même. Aussi la scientifique a-t-elle recours à une tactique de terrain qui, ailleurs, a souvent donné de bons résultats: ses deux enfants serviront de médiateurs entre elle et la petite communauté à laquelle elle essaie de s'intégrer.
Sa fille - la narratrice - s'engage alors dans une autre mission, une qu'elle se donne à elle-même peu après son arrivée sur Onze-Soro: devenir un être humain, comme les autres enfants du village: cela implique de répudier l'usage de la magie qui a causé la perte des Anciens ( les Gens, comme les appellent les Soroviens, pour les distinguer des personnes ): non seulement la production industrielle, mais toute forme de socialisation impliquant l'échange. Au contact des habitants de la planète Onze-Soro, la jeune fille a adopté leurs vues sur la civilisation, profondément différentes de celles de sa mère - autrement dit des nôtres: ne serions-nous pas tentés de décrire une société où les mâles adultes vivent en ermites (en ermites occasionnellement cooptés par des femmes comme reproducteurs), où la seule activité collective des femmes "semble (aux observateurs extérieurs) consister à lancer des pierres sur les hommes" (soupçonnés de préméditer un mauvais coup dès qu'ils s'approchent des villages sans y être invités), et où les adolescents mâles vivent en bandes tenues à distance tant par les femmes que par les hommes, comme une société profondément dysfonctionnelle?
Mais la nouvelle d'Ursula LeGuin, quant à elle, adopte le  point de vue de Sérénité, la fille de Feuille l'anthropologue. Le point de vue d'une post-anthropologue?


Quand je lui racontais les histoires de l'Avant-Temps que Tante Sadne et Tante Noyit racontaient à leurs filles et à moi, elle les comprenait souvent de travers. Alors que je lui parlais des Gens, elle m'a dit: "Ce sont les ancêtres des gens qui sont maintenant ici". Quand je lui ai dit: "Il n'y a plus de gens ici", elle n'a pas compris. "Ici, maintenant, il y a des personnes", ai-je ajouté, mais elle n'a toujours pas compris.
[…]
La clef, bien sur, est le mot tekell, qu'on peut traduire en hainien par magie, un art ou un pouvoir qui viole les lois naturelles. Il était difficile pour Mère de comprendre que certaines personnes considèrent réellement que la plupart des relations humaines sont contre nature: que le mariage, par exemple, ou le gouvernement, peut être vu comme un sortilège maléfique élaboré par des sorciers. Il est difficile pour son peuple de croire à la magie.


Souvent, Sérénité se réfère aux rapports officiels écrits par sa mère pour les archives de Hain:
J'ai lu la description qu'elle en a donné dans ce qu'elle a appelé "Un Adolescent Mâle quittant le Cercle des Tantes: Survivance d'un Vestige de Cérémonie".
En rédigeant cet "appendice" au travail de sa mère, elle fait effort pour se montrer aussi précise qu'elle dans ses descriptions.
"Notre vie de tous les jours dans le cercle de tantes était monotone. A bord du vaisseau, plus tard, j'ai appris que les gens qui vivent des existences artificiellement compliquées appellent ce genre de vie "simple". Je n'ai jamais rencontré personne, où que je sois allée, qui ait trouvé que la vie était "simple". Je crois qu'une vie ou une époque paraît simple quand on ne regarde pas les détails, de même qu'une planète semble lisse quand on est en orbite."


Et ça, est-ce que c'est une chose compliquée
qui paraît simple quand on la regarde de près,
 ou une chose simple qui paraît compliquée
quand on la regarde de loin?

Comme toujours dans les déserts

Après avoir, devenue adolescente, passé, de nouveau, quelque temps sur le vaisseau Hainien qui l'a amenée, réfléchi sur ce à quoi ressemble une planète quand on la voit de l'espace, et complété de son mieux l'œuvre de sa mère, Sérénité choisit de retourner pour toujours sur Onze-Soro.
J'avais mon sac d'âme, le couteau de Ned attaché à une ficelle autour de mon cou, un implant de communication dans le lobe de mon oreille droite, et une trousse médicale que Mère avait préparée pour moi. "Ce serait bête de mourir d'une infection au doigt, après tout", avait-elle dit. L'équipage de la navette m'a dit au revoir, mais j'ai oublié de le faire. Je me suis mise en route pour quitter le désert et rentrer à la maison.
Le sol n'était que bosses et creux et grottes, des ruines de l'Avant-Temps; nous marchions sur de minuscules débris de verre et d'autres matériaux, comme toujours dans les déserts.

A l'image d'un désert planétaire où les débris de verre et de béton tiennent lieu de sable, la civilisation de Onze-Soro est bien moins simple qu'elle ne le paraît.
Qu'on y découvre un caillou poli revêt une signification particulière.
Vous vous souvenez de la phrase dédaigneuse par laquelle l'astronome Laplace avait coutume de balayer la croyance superstitieuse, colportée par des paysans ignorants et à laquelle des charlatans et des demi-savants essayent de donner une apparence de crédibilité, selon laquelle on pourrait trouver sur Terre des aérolithes, des cailloux tombés du ciel? "Il ne peut tomber de cailloux du ciel, pour la bonne et simple raison qu'il n'y a pas de cailloux dans le ciel".
Historiquement, une des premières leçons que la science-fiction a retenu de la science lui fut donc donnée par ce contre-exemple, celui d'un scientifique qui avait péché par manque d'imagination : les cailloux ne sont donc pas choses à dédaigner (Asimov donna d'ailleurs à un de ses ouvrages ce titre ironique: "Cailloux dans le ciel").
Sérénité sera passée de la planète-jungle où elle a fait ses premiers pas (sur les branches des arbres) à l'environnement aseptisé du vaisseau spatial hainien où on l'a décrassée et dégrossie, puis à une planète presque exsangue où l'on chante tout le temps, puis de nouveau au vaisseau, puis de nouveau la planète aride, il a bien fallu qu'elle se raccroche à quelque chose. C'est à ça que ça vous sert, un sac d'âme: à ranger les choses qui n'ont de valeur que pour vous.
Qu'y a-t-il dans un sac d'âme?
Un des cailloux dans mon sac d'âme, un vilain petit caillou gris que j'avais ramassé un certain jour à un certain endroit dans les collines au-dessus de la rivière pendant le Temps Argenté, un petit morceau de mon monde: voilà ce qui est devenu mon monde. Chaque nuit, je le sortais de mon sac et je le tenais dans ma main, en pensant à la lumière du soleil dans les collines au-dessus de la rivière, en écoutant le doux bruissement des systèmes du vaisseau, comme un océan mécanique.




* Mobile est le titre que portent les agents de l'Ekumen qui se rendent sur les planètes extérieures.
Ceux qui, sur la planète-mère, centralisent les informations reçues des Mobiles s'appellent, vous n'en serez pas surpris, des Stabiles.


** Les enfants du Professeur Feuille ont été enregistrés par l'état-civil hainien sous les  prénoms choisis par leur mère de Né dans la Joie (In Joy Born, dans l'original) et Sérénité (Serenity). Dès qu'ils eurent un peu grandi, ils préférèrent qu'on les appelle Ned (Borny, dans la version anglaise) et Ren.


À suivre...

Ursula Le Guin,

Les citations (paragraphes en vert) 

apparaissant dans le texte 
proviennent toutes de la nouvelle d'Ursula Le Guin, Solitude
dans le recueil L'Anniversaire du Monde.


Le site officiel d'Ursula Le Guin;
sa bibliographie selon wikipedia.

L'Anniversaire du Monde, nouvelles 
(The Birthday of the World, Harper Collins, 2002; 
traduction française de Patrick Dusoulier, 
Robert Laffont, 2006)


dimanche 11 février 2018

Des paradis à perdre (Ursula Le Guin, 2: L'anniversaire du monde, 1)


Il pensait à son rêve, à la pierre qui parlait. 
Il aurait aimé entendre ce qu'elle disait.
Ursula Le Guin
Musique Ancienne et les femmes esclaves
dans L'Anniversaire du Monde 



Ce billet-ci est la suite de ce billet-là
Reprenons: je vais m'épancher un peu sur les nouvelles qui composent L'Anniversaire du Monde.

L'Anniversaire du Monde

Toujours dans la préface à L'Anniversaire du monde, l'auteur revient, un peu plus loin, sur la construction de son recueil (composé de textes écrits entre 1994 et 2002), dont le sommaire comprend:
Puberté en Karhaïde; 
La Question de Seggri; 
Un amour qu'on n'a pas choisi; 
Coutumes montagnardes; 
Solitude; 
Musique Ancienne et les femmes esclaves; 
L'Anniversaire du monde; 
Paradis perdus.
"Ces sept nouvelles [les premières] ont une structure commune: elles montrent, d'une façon ou d'une autre, par ou à travers un observateur (qui a tendance à s'intégrer à la population), des gens dont la société diffère de la nôtre, dont la physiologie même peut être différente, mais qui ressentent les choses comme nous."[…] La dernière et [la plus] longue nouvelle, Paradis perdus, ne suit pas ce schéma".


La première nouvelle du recueil, Puberté en Karhaïde, malgré son titre qui dans notre idiome répand des odeurs médicamenteuses d'infirmerie, est une histoire de non-amour.
Non! Ça ne veut pas dire que c'est une histoire triste (pas une histoire de cœurs brisés ou quelque chose de ce genre): je vous rappelle que le non-amour est à l'amour ce que les non-anniversaires sont aux anniversaires: la même chose mais à un autre moment - on dit aussi (demandez aux spécialistes que sont, en ces matières, respectivement, Lewis Carroll et Serge Gainsbourg) ananniversaire et anamour... tiens, finalement, je trouve qu'anamour c'est plus joli. Alors c'est une histoire d'anamour. Une histoire d'amour qui ne peut prendre place qu'à un moment bien précis.
On dirait d'ailleurs, tout simplement, que c'est une histoire sur la découverte de l'amour, si ça ne se passait sur cette fichue planète glaciale dont les habitants ne sont sexués qu'à temps partiel; en effet, la province de Karhaïde, vous savez où c'est: ça se trouve sur la planète Gethen, que vous avez déjà visitée (n'est-ce pas?) dans La Main Gauche de la Nuit. Vous n'avez pas lu La main gauche de la nuit? Qu'est-ce que vous faites encore là? Pardon, je me suis laissé emporter. Mais non, tout de même, si vous ne l'avez pas encore lu vous devriez. D'abord, si vous ne l'avez pas lu, vous devez vous sentir perdus au milieu de ces histoires d'Ekumen, de Cétiens et d'ansibles: ce roman est une bonne porte d'entrée dans l'univers de Le Guin. Et puis...  c'est un roman qui a été publié à une époque charnière; il serait intéressant de demander à toutes celles et ceux qui ont contribué à l'émergence, dans les trente dernières années, des études sur le genre si, par hasard, La Main Gauche de la Nuit n'aurait pas fait partie de leurs lectures d'adolescence…


Les trois nouvelles suivantes (La Question de Seggri; Un amour qu'on n'a pas choisi; Coutumes montagnardes) tournent autour d'un paradoxe qu'on pourrait résumer ainsi: on peut bien essayer de les rendre plus simples; on peut bien essayer de les rendre plus compliqués; mais rien ne coule jamais de source, rien, jamais, ne va de soi dans les rapports entre les sexes. Thème qu'on pourrait croire rebattu (de La Princesse de Clèves au Journal de Bridget Jones), et sur lequel Le Guin est revenue souvent (dans chacun de ses écrits, en fait): elle le traite pourtant, une fois de plus, brillamment, et sans facilités (pas tout à fait sans clichés toutefois: mais que celui qui n'a jamais cliché lui jette la première pierre).

J'avoue une tendresse particulière pour la cinquième nouvelle, Solitude, qui, elle, a pour thème principal la relation entre une mère et sa fille.
Et, en arrière-plan, la tendresse maternelle un peu envahissante de toutes les civilisations pour ceux qu'elles entendent faire profiter de leurs bienfaits.
Cette nouvelle porte un sous-titre: "Appendice à 
PAUVRETÉ: le second rapport sur Onze-Sorodu Mobile* Entselenne'temharyonoterregwis** Feuille; 
par sa fille Sérénité".
Certains paragraphes ont, pour des raisons compréhensibles, un peu de la sécheresse d'un rapport pour une académie; d'autres, au contraire... vous verrez bien.
Je l'aime au point que je lui consacrerai la totalité d'un des prochains billets de cette série consacrée aux nouvelles d'Ursula Le Guin.

À suivre...

Notes

* Mobile est le titre que portent les agents de l'Ekumen qui se rendent sur les planètes extérieures au système de Hain.
Ceux qui, sur la planète-mère, centralisent les informations reçues des Mobiles s'appellent, vous n'en serez pas surpris, des Stabiles.

** Oui, vous avez remarqué? Les personnages de Le Guin (héritage de - ou peut-être clin d'œil amusé à - certaine tradition de la science-fiction) ont des noms de famille difficiles à mémoriser (et ne parlons même pas de les prononcer). Heureusement qu'ils ont des prénoms de hippies.


Sauf indication contraire, les citations (paragraphes en vert) apparaissant dans le texte sans autre indication d'origine proviennent de la préface d'Ursula Le Guin à L'Anniversaire du Monde; les autres des différentes nouvelles de ce même recueil.


Le site officiel d'Ursula Le Guin;
sa bibliographie selon wikipedia.

L'Anniversaire du Monde, nouvelles 
(The Birthday of the World, Harper Collins, 2002; 
traduction française de Patrick Dusoulier, 
Robert Laffont, 2006)