Comme, en ce moment, je ne mets pas le nez dehors, ça m'avait échappé: je viens seulement de l'apprendre.
Louis Pons, 1927-2021
Comme, en ce moment, je ne mets pas le nez dehors, ça m'avait échappé: je viens seulement de l'apprendre.
Louis Pons, 1927-2021
Bon, assez perdu de temps à des bêtises.
Si vous le pouvez, allez voir les dessins originaux de Thomas Ott pour son dernier album, La Forêt, à la galerie Martel. Thomas Ott, ça fait longtemps que vous l'avez repéré: vous savez que tout ce qu'il fait, il le fait bien.
Et si vous ne pouvez pas?
Hé bien, demandez La Forêt (Éditions Martin de Halleux) à votre libraire, c'est aussi simple que ça.
La Galerie Martel vous souhaite une très belle année 2021
et est heureuse de vous convier au vernissage de l'exposition
consacrée à THOMAS OTT et à son nouveau livre LA FORÊT publié par
Les Éditions Martin de Halleux
Le jeudi 14 janvier de 15h00 à 20h00
en présence de l'artiste
Dédicace le samedi 16 janvier à partir de 15h
Exposition du 15 janvier au 21 février 2021
17 rue Martel - 75010 Paris
Longtemps, à chaque apparition de Trump dans les media, m'est revenu en mémoire, automatiquement, cette affiche de campagne du siècle dernier, qui montrait une photo de Richard Nixon faisant son plus beau sourire, avec cette légende légèrement perfide: "Achèteriez-vous une voiture d'occasion à cet homme?" ("Would you buy a used car from this man?")…
… et je ne pouvais m'empêcher de me demander "Non mais sérieusement, il existerait quelque part des gens qui achèteraient une voiture d'occasion à ce Trump? On pourrait même en trouver plusieurs millions? Sérieusement?"
Je ne me pose plus la question depuis que j'ai pris le temps, ces jours-ci (la curiosité était trop forte) de parcourir quelques sites pro-Trump. L'explication est simple: les gens qui le soutiennent sont encore beaucoup plus cinglés que lui, au point de le faire paraître presque normal.
Il est bon de se demander, de temps à autre, ce que "normal" peut bien vouloir dire.
Pendant ce temps, Éric Chevillard, toujours fasciné par les bizarreries du langage, se demande quelle réaction chimique improbable peut bien se produire si, mû par la curiosité scientifique, on parvient à introduire les mots "Trump" et "humanisme" dans la même éprouvette:
Le trumpisme est un humanisme, hélas. Ce nom de trompette fanfaronne et néanmoins bouchée devrait être celui de l’espèce. Comme Trump, nous refusons d’admettre notre défaite, nous nous accrochons au pouvoir alors que nos décisions ont toujours été calamiteuses, pour ne pas dire criminelles, entachées d’abus de faiblesse et de prises illégales d’intérêts. Trump que nous sommes, nous ne reconnaissons pas l’échec complet de notre action, nous caressons l’idée d’un coup d’état encore, sur les mers et sur les forêts, après avoir réussi déjà l’exploit de faire de la banquise une terre brûlée. Au lieu de nous retirer, piteux, misérables, la trompe entre les pattes, dans les steppes les plus reculées, au fond des grottes, au lieu de laisser la place à de plus nobles bêtes. Tristes Trump que nous sommes…
Quand, en janvier 2020, j'écrivais "j'espère que le 21 février la météo sera meilleure", je n'avais pas l'impression d'en demander trop: je n'imaginais pas l'ampleur des changements qui surviendraient à cette date - ni de ceux qui viendraient après.
Alors, cette année, envisageons sereinement le futur, mais sans trop nous engager.
Krazy et Ignatz, depuis le mystérieux au-delà dans lequel ils résident, nous envoient en cette fin d'année un petit signe amical.
Vous noterez qu'Ignatz n'est toujours pas en peine de donner des réponses péremptoires à des questions que personne ne lui a posées, tandis que Krazy maîtrise toujours comme personne l'art de formuler des questions qui sont en même temps des réponses.
À eux deux, surtout s'ils marchent longtemps comme ça bras dessus-bras dessous, ils finiront bien par arriver quelque part.
Dessin de Georges Herriman, "Krazy Kat".
Un peu en avance sur le calendrier, j'ai reçu le cadeau que j'ai choisi pour moi-même: le livre de Neha Singh illustré par Priya Sebastian ( vous vous souvenez d'elle, n'est-ce pas?):
Is It The Same For You?
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Beau travail, Priya! Les illustrations sont comme le texte: sombres et illuminées de l'intérieur. |
... Et ne manquez pas de donner, à ceux dont ce tendre pain de mie* vous tient éloignés, autant de bonnes nouvelles que vous pouvez en collecter.
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Maman ne tousse plus! Grand-maman a pu se lever! |
*Oh-oh, on dirait que Coo, mon fantasque correcteur orthographique, se mêle à présent de censurer les expressions qu'il juge chargées de trop de connotations négatives, comme te*ps de pa****ie. Sacré Coo, il faut qu'on aie une discussion tous les deux.
Illustration d'Henry Morin,
pour Nane d'André Lichtenberger
Vous voudriez bien vous changer les idées, quoi de plus normal?
Si vous en avez l'occasion, allez donc voir de drôles de dessins faits par de drôles de Coréens, à la galerie Martel, où l'exposition ICINORI est prolongée jusqu'au 2 janvier 2021.
Ouverture exceptionnelle le dimanche 20 décembre;
la galerie sera ouverte sur rendez-vous du 27 décembre au premier janvier.
Galerie Martel
17 rue Martel - 75010 Paris
Ouvert de 14h30 à 19h (ou sur rendez-vous, selon les dates).
Il me semble déjà que j'ai été bien mal inspiré, en allant chercher des liens pour documenter le billet sur Corben, de parcourir les pages d'actuabd. J'y ai appris encore trois nouvelles déprimantes: en quelques jours, Taffin, Le Hir et Malik ont rejoint Corben au pays des ombres. Et ce n'est pas la lecture des blogs d'Alias, d'Anniceris et d'Imaginos, qui tous déploraient le départ prématuré de Jérôme Bianquis, encore quelqu'un qu'on connaissait et qu'on appréciait, qui pouvait me remonter le moral.
"Douze/douze, l'année n'est pas finie, et de 2020 déjà j'ai ma dose", constate, de son côté, Nikolavitch.
Sortez couverts, amis.
"Enfin voir ces visages aperçus" c'était la traduction (infidèle, mais pas si mauvaise après tout) du titre d'une des premières collaborations de Jan Strnad et Rich Corben (To Meet the Faces You Meet, Fantagor, 1972) dans ACTUEL n° 35, en 1973. C'est donc probablement la première histoire dessinée par Corben que j'ai lue (je me jetais en ce temps-là sur chaque numéro d'Actuel dès qu'il paraissait). Une histoire courte, si pleine de bonnes idées visuelles et narratives que les auteurs de films de science-fiction on pu y puiser libéralement dans le demi-siècle qui a suivi.
Perverse synchronicité: juste avant que l'on n'apprenne son décès, une adaptation en long-métrage de cette graphic novelet séminale venait justement d'être crowdfunded, comme on dit.
How Howie Made It in the Real World
Si vous aviez croisé Richard Vance Corben dans la rue, vous auriez pu le prendre pour un petit homme effacé, sans trait distinctif mémorable autre qu'une tendance précoce à la calvitie.
Mais le reflet que vous auriez pu voir dans les yeux de ses collègues, de ses (rares) pairs et (nombreux) émules, dessinateurs de BD, de comics, de manga et illustrateurs, quand ils se tournaient vers lui (en s'en tenant à une distance respectueuse), c'était celui d'un géant glabre - deux mètres, cent kilos de muscles au moins - toujours prêt à défier les lois de la pesanteur et des probabilités.
Un monolithe étrange, c'est ainsi que le décrivait Moebius qui s'y connaissait en monolithes et en étrangeté.
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c'est bien simple: en présence de Corben, tous les dessineux, du plus grand au plus petit, sentaient un frisson glacé parcourir leur échine. |
Le décalage entre un humain très ordinaire et l'image qu'un miroir lui renvoie de lui-même (monstre ou demi-dieu?), c'est un des thèmes que Corben n'a cessé d'illustrer.
Toute sa vie, Corben dessina des unheroes, des "autre-chose-qu'un-héros" cousins de Razar the Unhero (là, les traductions françaises, "Razar le lâche" et "Razar, l'homme qui n'aimait pas les héros" sont nettement à côté de la plaque).
Corben avait bien regardé ce qu'avaient fait ses devanciers dans ses genres favoris (de Roy Krenkel à Joe Kubert, de Virgil Finlay à Frank Frazetta), il avait médité les leçons des grands directeurs de la photo (de ceux de la UFA à ceux de la Hammer), et il avait décidé qu'il ferait aussi bien qu'eux, mais tout à sa façon, pas comme tout le monde.
Méticuleusement.
Il n'avait pas son pareil pour décider lesquels, d'entre les modelés, d'entre les matières, serait le mieux rendu par un entrelacs de petits traits, lesquels par une trame mécanique ou une éclaboussure d'encre noire. Sans égal pour sa maîtrise du noir et blanc, il n'était pas moins perfectionniste pour la couleur: il était même connu, dans les années 70-80 (on n'avait pas d'outils informatiques en ce temps-là), pour faire lui-même, à la main, la séparation des couleurs sur ses illustrations, avant de les envoyer chez le photograveur. Perfectionniste, ses derniers albums démontrent qu'il l'a été jusqu'au bout.
Sur actuabd, Jean-Mathieu Méon avait assez bien résumé sa carrière en 2018.
Et vous trouverez une bibliographie assez exhaustive sur Muuta.
Sur le blog de Li-An, le billet du 16 décembre contient un bel hommage à Corben et, dans les archives, un autre billet détaillait (plus que je ne l'ai fait ci-dessus) sa technique de mise en couleurs.
"Qu’ajouter de plus si ce n’est qu’il va nous manquer."
Affiche du festival d'Angoulême 2019,
illustration © Richard Corben
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