dimanche 21 mai 2017

Zootopia: une tragédie toute mignonne




    “We desire our present civilization to advance steadily 
toward some kind of Utopia. 
The thought that it may decay and collapse, 
and that all its spiritual treasure may be 
lost irrevocably, is repugnant to us. 
Yet this must be faced as at least a possibility. 
And this kind of tragedy, 
the tragedy of a race, must, I think, 
be admitted in any adequate myth.” 

Nous voulons que notre civilisation se fixe 
comme objectif de parvenir à une forme d'utopie. 
L'idée nous répugne que puissent être inscrits, 
dans le destin de cette entreprise, sa corruption 
et son effondrement, la perte de ses trésors spirituels. 
Cependant, cette perspective doit rester présente 
à notre esprit, au moins comme une éventualité. 
Ce motif tragique, la tragédie 
de la transmission d'un destin
ne doit jamais être absent lorsque nous 
essayons de créer un mythe.



Il y a des œuvres qui sont des jungles, d'autres qui sont des zoos, ou encore des parcs à la française ou des jardins de curé. Quelle catégorie, pour Zootopia? Méfions-nous des évidences.

Aux nombreuses attractions qu'offre, à ceux qui le rêvent,
ce rêve agité qu'est le Rêve Américain
s'est ajoutée récemment cette variante du Palais des Miroirs (également connu, dans quelques luna-parks, sous le nom de Palais des Illusions): la vision, située dans un futur proche, d'une société "color-blind". Une société dans laquelle, non seulement on aurait cessé de classer par réflexe ses concitoyens selon la nuance de leur épiderme, mais on prêterait moins d'attention à ce détail qu'à la marque de leur smartphone (il y a des limites à la suspension d'incrédulité: on aurait, je le crains, beaucoup de mal à convaincre nos contemporains  de la possibilité d'une société dans laquelle le choix d'un smartphone ne serait pas un marqueur social. Chassez l'esprit de discrimination par la porte, il revient par la fenêtre).


Zootopia nous emmène dans une utopie qui ressemble fortement au pays de rêveurs mentionné plus haut (c'est une utopie pleine de gratte-ciels). Peaux, poils et carapaces s'y parent de toutes les couleurs du spectre, mais on ne se permet pas d'en déduire quoi que ce soit sur le caractère de leurs porteurs (il y a des ours blancs et des moutons blancs, et, la nuit, les éléphants ne sont pas moins gris que les souris): ce n'est donc pas, dans ce pays-ci, la couleur (au sens littéral) qui compte* : la difficulté initiale que les Pères Fondateurs de Zootopia ont dû surmonter, c'est que certains des pèlerins multicolores qui l'ont construite étaient des prédateurs qui considéraient d'autres pèlerins tout aussi multicolores comme leurs proies.
L'idéal vers lequel tend la société zootopique n'est donc pas la "color-blindness" mais la, euh… blindness, ça veut dire cécité… la "cécité à la position dans la chaîne alimentaire", c'est un peu long, mais je ne sais pas faire plus court. La difficulté à le nommer, cet idéal, rend manifeste son rattachement  à la tradition anglo-saxonne du nonsense, non? Pour trouver un meilleur mot, il faudrait faire appel à un spécialiste de la chose, par exemple Humpty-Dumpty (je l'ai appelé, mais je n'ai eu que sa boite vocale: il était en conférence). À première vue, une telle société ne peut trouver naturellement sa place que dans les contrées brillamment colorées de la nursery-rhyme et de la whimsy (depuis longtemps annexées par le royaume enchanté de Disney Productions: ça tombe bien, c'est un film Disney).
Pour le vérifier, voyons si, en re-transposant  la situation décrite dans Zootopia dans le monde dominé par les humains, on obtient quelque chose d'absurde: ça donnerait: une société dans laquelle tout le monde aurait renoncé à se demander s'il est désirable que l'homme soit exploité par l'homme, ou s'il vaudrait mieux que ce soit le contraire...
Euh... j'ai dit une bêtise (ça m'arrive): 
en fait, on n'a pas tellement besoin de transposer.
Il nous suffit de jeter un coup d'œil autour de nous 
pour y voir des homo sapiens qui souhaiteraient construire 
exactement cette utopie-là.

Zootopia,  sous l'apparence d'une silly symphony hypertrophiée, serait donc une allégorie transparente? réductrice? naïve?
Transparente: oui.
Réductrice: pas tant que ça, car le scénario fait bon usage de la complexité de la nature: il y a de très gros herbivores au caractère pas commode, et les carnassiers les plus petits ne sont pas les moins teigneux: voyez les musaraignes.
Et naïve...
... posons une question naïve, pour voir: mais qu'est-ce qu'ils mangent, tous ces animaux dont les habitudes alimentaires ataviques sont si contrastées?

La réponse est dans le film, et elle n'est pas naïve:
ils mangent de la junk food.

Hmmmmmm... pas comme dans Soleil Vert, quand même? Non? Sûrement pas? ça passerait encore pour des carnivores, mais des herbivores, disons au hasard des ovins et des bovins qu'on nourrirait de sous-produits de carcasses d'animaux réduits en farine, ça ne pourrait exister nulle part, même au royaume des fables, ce serait encore plus absurde que des renards en chemise hawaïenne ou des dromadaires en jogging?
Oh.
Flûte, j'ai encore dit une bêtise 
(qu'est-ce que j'ai en ce moment?):
en fait, nous n'avons même pas besoin de nous forcer 
pour avaler cette énormité, 
nous sommes déjà en train de la digérer.

Ici, Joyce Carol Oates a envie de s'inviter dans le débat: dans la postface, intitulée "Réflexions sur le grotesque", de ce recueil de nouvelles dont nous parlions justement il y a quelques semaines, elle insinue: "la place de l'humanité dans la chaîne alimentaire… serait-ce là la connaissance innommable, le tabou ultime, qui donne naissance à l'art du grotesque?… ou à toute forme d'art, de culture, de civilisation?"

... Supposons que nous sommes des gnous ou des oryctéropes, et remplaçons "la place de l'humanité dans la chaîne" par "la place dans la chaîne de notre voisin de palier qui laisse des poils partout", et nous réalisons que la question soulevée par Oates vaut pour les zootopiens comme pour les humains.
Dès qu'on se demande "que mangent-ils, les zootopiens? d'où viennent les additifs dans leurs ice-creams, dans leurs pâtisseries, dans les délicieux entremets qu'on sert dans les mariages de musaraignes?" on s'aperçoit que la question que la scène d'ouverture du film (le spectacle de fin d'année de l'école primaire de Bunnyburrow) a évacuée d'une façon badine n'a jamais cessé de se poser.
Et on saisit mieux que la position la plus ambiguë, dans cette fameuse chaîne alimentaire, ce n'est pas celle des lions (qui sont prêts à beaucoup de concessions pour qu'on ne les dérange pas dans leur occupation la plus importante: la sieste), ni celle des lapins (qui ont tendance à préférer, à tout bouleversement social, la préservation même inconfortable du statu quo), c'est celle des moutons et des cochons.
Je n’ai rien contre les moutons et les cochons, notez bien: j’ai pour voisins plusieurs familles de moutons et de cochons, et, je peux en témoigner, ce sont de très braves gens, le coeur sur la patte et tout; mais  écoutons-les parler, il ne faut pas les encourager beaucoup pour qu’ils se laissent aller à dire, par exemple,  c’est pas normal qu’on ait créé des emplois réservés aux, comment on dit déjà, aux mammifères dotés d’un métabolisme différent, même que dans le temps, on ne disait pas ça, mammifères au métabolisme différent, avant on employait un mot plus facile à retenir et qui disait bien ce qu’il voulait dire, mais maintenant soi-disant que c’est pas zoologiquement correct, c’est comme ces lapins qui vous regardent de travers si vous leur dites qu’ils sont mignons, on se demande où ça va s’arrêter, groïnk.
D'où vient cette insécurité qui transparaît si fréquemment dans leur discours? Être mouton ou cochon, en zootopie, ça correspondrait, chez les humains, à faire partie d'une classe moyenne qui ressent intimement la fragilité des douteux privilèges à elle concédés par la méga-faune.
Et, songez-y: ce qui, dans une telle société, permet à des musaraignes de devenir big boss, c'est leur habitude de - leur aptitude à - manger sans discrimination tout ce qui n'aura pas eu la possibilité de les manger avant.
Ce sont les omnivores qui, à Zootopia, ont fixé les règles tant sociales qu'économiques: le choix qu'ont fait les Mister Big étant moins de les transgresser que de les appliquer sans prendre de gants. Peu importe qu'une musaraigne pèse moins d'un pour cent du poids du plus petit des ours; dès lors que la loi reconnaît à la musaraigne le droit de manger chaque jour trois fois son poids de protéines, la capacité de la musaraigne à amasser des victuailles fait suffisamment rêver les ours pour qu'ils la prennent pour role model et pour maître à penser: pour qu'ils adhèrent à un modèle économique qui donne la préséance à ceux qui ont vocation à accumuler de la richesse sur ceux qui ont vocation à en créer (le raccourci scénaristique qui nous fait passer des champs de carottes de Bunnyburrow à la barquette de plastique des carrots for one évoque ce modèle avec un réalisme réfrigérant saisissant).

Ouvrons une parenthèse:
saviez-vous que le talentueux Peter De Sève
a été un des principaux contributeurs
au character design de Zootopia?
Fin de la parenthèse.

En Zootopie, ce n'est pas le fait d'être doté de cornes, de ramures, de défenses, de canines, de carnassières qui assure l'intégration des mammifères dans la société: c'est leur capacité à adhérer à (et à tirer le meilleur parti de) ce système  de production globalisé dans lequel une protéine est une protéine, peu importe d'où elle vient.

On a beaucoup parlé d'économie ces derniers temps; il n'est pas inopportun qu'un dessin animé plein de mignonnes créatures aux grands yeux nous rappelle (à nous mammifères superlatifs, pardon supérieurs) que notre choix d'un système économique dépend de ce que nous sommes, au sens propre comme au sens figuré, disposés à avaler.

Il y a deux cents ans William Blake notait sévèrement: Même Loi pour le Lion et le Bœuf, c'est Oppression.
Je me demande si c'est la lecture de William Blake (si les Indiens lisent William Blake, pourquoi les buffles du Cap ne le liraient-ils pas?) qui a inspiré au capitaine Bogo la réflexion désabusée: Ce n'est pas vous qui avez cassé le monde, Hopps. Il a toujours été cassé
Je suis sûr d'avoir déjà entendu ce genre de maxime sortir du mufle d'officiers de police à l'oreille fendue, dans nombre de classiques (des cinéphiles plus méthodiques que moi trouveront sûrement une foule de références, pour l'instant il ne m'en vient qu'une ou deux, pas toutes neuves, à l'esprit): les "capitaine Bogo", ces officiers no-nonsense, bourrus, cachant un cœur énorme sous d'épaisses couches de lard et de cuir tanné, on les a déjà vu dans un tas de films et de feuilletons… n'est-ce pas, capitaine Dobey?

Et que dire des demi-sels qui vous jettent, d'une pichenette, leur cure-dent à la face, des seconds couteaux qui font le signe de croix avant d'aller réfrigérer, des gentilles fliquettes qui rosissent comme des éléphantes quand leur chef leur souhaite un bon anniversaire, et de l'appartement triste où l'on entend tout ce que beuglent les voisins... autant d'images familières qui nous arrachent un sourire de connivence...
Puis, au détour d'un couloir de commissariat, nous croisons un guépard**, un représentant de l'ordre… euh, non, de l'espèce la plus rapide (sur courte distance) de tous les mammifères terrestres… mais c'est un guépard obèse.
Un guépard obèse. Vous commencez à comprendre pourquoi, dans le titre de ce billet, j'ai appelé Zootopia "une tragédie"? J'aurais dû plutôt dire un mythe tragique, imaginé par des gens qui ont médité l'avertissement d'Olaf Stapledon. Une utopie qui transforme les guépards en boules de suif est déjà bien lézardée***.

Le scénario fait passer ça en jouant sur le cliché immédiatement reconnaissable du flic accro aux donuts (qui doit être présent, la tradition l'exige - à moins que ce ne soit inscrit dans une convention syndicale? - dans tous les polars américains). Encore un! Zootopia, c'est vrai, fait un usage abondant - surabondant même, aux yeux de certains critiques - de clichés empruntés aux crime movies, aux noir, aux police procedurals, à l'urban fiction...
Mais justement, cette accumulation de clichés n'a pas qu'une vocation comique.

Ses ressorts comiques, Zootopia va les chercher  très loin des inoffensives petites blagues anthropomorphiques qui parsemaient les précédents films Disney, et beaucoup plus près des cruautés balzaciennes de la comédie animale de Grandville. Dans les "classiques" de Disney, l'attribution occasionnelle à des animaux d'un comportement caricaturalement humain sonnait toujours un peu faux: le vieux Saint-Hubert, dans Les 101 Dalmatiens, qui parlait comme un général en retraite, pour ne rien dire du colonel Hathi dans le Livre de la Jungle (version  1966), étaient en décalage avec les autres personnages. Ces grossières tentatives de satire alourdissaient des films qui devaient l'essentiel de leur charme à la légèreté de leurs protagonistes. Aucune rupture de ton de ce genre dans Zootopia, pas davantage de faux raccord entre le monde merveilleux où les lapins peuvent entrer à l'académie de police et le nôtre: des dromadaires qui font du jogging... nous en croisons tous les jours, n'est-ce pas?

Même l'échange, dans l'avant-dernière séquence, entre Judy et son partenaire,  la fameuse réplique  digne d'une comédie de Lubitsch ou de Wilder ("Do I know that? Yes. Yes I do"), remplit une fonction bien précise (en plus de celle de faire fondre le cœur de tout spectateur normalement constitué comme fond un Jumbo Pop sur un toit brûlant): celle de nous confirmer (en tirant définitivement un trait sur l'impossibilité, jusque-là supposée, d'une romance entre nos deux peluches favorites) que les personnages de Zootopia sont bien, en réalité, des humains. Des humains avec de grandes oreilles, mais des humains quand même****.






Oui, décidément, j'aimerais bien lire un essai de Joyce Carol Oates sur Zootopia. Respectueusement, je lui proposerais pour épigraphe une citation de son cher Edgar Poe:
... Une tragédie qui s'appelle L'Homme
Et dont le héros est le Ver conquérant.


Il y a des œuvres qui sont des jungles, d'autres qui sont des zoos, ou encore des parcs à la française ou des jardins de curé. Pour moi, Zootopia, c'est… au moins jusqu'à un certain point, le parc mémorial de Ground Zero. Un mémorial, un mémento du prix payé pour ce que nous appelons la civilisation*****.





Dans une scène de Zootopia coupée au montage (mais visible sur youtube), on entend le grand-papa Hopps s'exclamer "Foxes are red because the Devil made them!". Mais bon, c'est un lapin.

** Si, si, regardez-le bien, regardez ses taches: ce n'est pas un léopard, c'est bien un guépard.

*** Cette locution imagée ne doit en aucune façon être interprétée comme impliquant un appel à la ségrégation ou à la discrimination envers les lézards.

**** Il ne reste plus, à nos détectives au poil soyeux, qu'une vérité choquante à révéler à leurs concitoyens:  Carrots for one are people!

***** Puisque depuis un certain temps déjà vous tolérez sans protester que je déballe ici mes récits de rêves, je peux bien vous en raconter un tout récent: j'ai rêvé l'autre nuit que je lisais les news sur allo ciné ou un autre site web de ce genre-là, et j'apprenais qu'une suite de Zootopia est prévue. Même que (spoiler) dans une des intrigues secondaires, nos mammifères préférés enquêteront sur un mystère dans lequel Gazelle sera impliquée: vous n'avez donc pas fini de l'entendre, il faudra vous faire une raison.
A moins bien sûr que ce rêve n'ait eu aucun caractère prémonitoire.
Et vous savez quoi? Sur le caractère prémonitoire (ou non) des rêves, je ferai comme Confucius: je me garderai bien d'émettre une opinion.


Illustrations © Disney, Amblinn, Peter de Sève et The New Yorker. 

vendredi 19 mai 2017

Ectopie d'un rêve qui est fatigué



Cette nuit, je dois partir à la recherche d'Atom Egoyan, pour l'interviewer. J'ai, pour retrouver sa trace, une piste semée, non de petits cailloux, mais de feuilles dactylographiées jetées sur le macadam à intervalles réguliers. Les feuillets sont passés, cornés, froissés, salis par des traces de pas; sans doute attendent-ils depuis longtemps que quelqu'un les remarque.
On dirait le brouillon d'un scénario.
Soudain la piste s'arrête, devant un de ces cylindres de métal qu'on plante au bord des trottoirs pour empêcher les voitures de s'y garer. Quelqu'un a fait un rouleau du reste des feuillets et l'a fourré - comme dans une corbeille à papiers - dans l'ouverture en haut du cylindre: il en dépasse assez pour que je puisse l'en sortir et le réunir à la liasse que j'ai déjà ramassée.
Ceci fait, quand je lève les yeux, Atom Egoyan est devant moi.
Il regarde dans le vide, et quand il se met à parler, c'est avec un fort accent marseillais.
Pour être précis, il parle avec la voix de Robert Guédiguian.
D'ailleurs, il a aussi le visage de Robert Guédiguian.
Pourtant, je ne doute pas que ce soit Atom Egoyan.
Cela me surprend un peu, mais pas trop. Sans doute les gens qui habitent dans les rêves forment-ils une sorte de grande famille: quoi d'étrange à ce qu'ils aient, précisément, un air de famille? Rien n'arrive à me surprendre dans ce rêve, même pas le fait que je reconnais le décor autour de nous. Mon enquête ne m'a pas entraîné très loin: la rue dans laquelle nous nous trouvons, facilement identifiable, se trouve à cent mètres de chez moi.

"Ce projet-ci, j'y ai travaillé longtemps".

Il parle doucement, comme pour lui-même.
L'Atom Egoyan de mon rêve semble fatigué.
Peut-être ce rêve est-il fatigué.
Ou alors, c'est moi qui suis fatigué.


mardi 16 mai 2017

Une maxime pour les hommes du jour



Nous avons coutume, sur ce blog, chaque fois que le joli Mai, en revenant parmi nous, apporte avec lui quelque changement notable, de demander à notre ami Bernard Shaw ce que ces nouvelles lui inspirent; et, vous en souvenez, fidèles lecteurs, en 2007 comme en 2012, la pertinence de ses commentaires nous a laissé sans voix. 

Cette-fois-ci, au moment où nous nous apprêtions à le convoquer, un de ses compatriotes nous fit entendre, d'un coup sec frappé sur la table, qu'il souhaitait intervenir.

Après s'être présenté, il énonça posément:


- Treason doth never prosper: 
what’s the reason? 
Why, if it prosper, 
none dare call it treason.

- Vous plairait-il, Sir John (osâmes-nous dire), traduire pour nos amis de la langue de France?

- Trahison jamais ne prospère; 
raison comment? 
Hé quoi, si elle prospère, 
nul n'ose plus l'appeler trahison.

- Grand merci, sir John.

Et nous soufflâmes la chandelle.


L'avez-vous reconnu? C'était Sir John Harington
Vous retrouverez cette forte maxime dans ses Épigrammes (Epigrams, Book IV, Epistle 5). 

Ce qui ne manque pas de sel, c'est que sir John, humaniste, lecteur de Rabelais et traducteur de l'Arioste, soit resté dans l'Histoire comme l'inventeur de la chasse d'eau. De sa fréquentation, les hommes du jour ont certainement beaucoup à apprendre.


vendredi 12 mai 2017

Owl and Pussycat Day


Aujourd'hui n'est pas un jour ordinaire: 
c'est l'anniversaire d'Edward Lear!
Il est né il y a deux cent cinq ans*.

Et il n'a pas vieilli d'un poil.

Enfin, si, pour être honnête,
mais juste de quelques poils.

Levons, à sa mémoire, un verre de vin de Marsala.


*Outre-Manche, ce jour est célébré sous le nom de "Owl and Pussycat day".
Exigeons du nouveau président de la République qu'il instaure en France une Journée Nationale du Hibou et de la Minouchette!



Origine des illustrations: 
(pour le Portrait d'Edward Lear à l'âge de cinq ans par sa sœur Ann)
(pour la photographie d'Edward Lear 
vers l'âge de cinquante-cinq ans - tirage albuminique, circa 1860)

mardi 9 mai 2017

Puisqu'on parle de changements subtils



Submergés 
- nous l'avons tous été ces derniers temps - 
de balivernes entre lesquelles il était bien difficile de faire le tri, vous seriez (presque) excusables d'avoir omis de noter que Jo Walton sera présente aux Imaginales, à Épinal, pendant toute la durée du festival (du 18 au 21 mai), et qu'elle participera à 
une rencontre-débat le 20! 
Et elle ne repartira pas tout de suite: 
elle sera à la librairie La Dimension Fantastique 
(106, rue La Fayette, à Paris) 
le 23 mai à partir de 18.30!

Si vous lui parlez gallois, ça la fera sûrement sourire.


vendredi 5 mai 2017

Une brève citation pour un long week-end


La sensation misérable qui précède le vomissement est toujours plus désagréable que le vomissement lui-même.