vendredi 22 septembre 2017

Des cartoons pour les kids


Vous avez vu le dernier cartoon de Liniers
(bon anniversaire Stephen King!)? 
Il est tellement bien que je l'emprunte sans hésitation, pour vous le montrer, au blog de Dan Wagstaff the casual optimist 
("spread the love", c'est ma devise):

- Je lis une histoire qui fait peur...
- "ÇA", de Stephen King.
Ça parle d'un monstre qui ressemble à un clown
avec des dents pointues, qui apparaît à un enf...
- ...
- Ne te vexe pas!
J'aime bien Liniers, j'aurais dû vous en parler plus tôt. 
Il remplit des albums entiers de jolis dessins, par exemple, la série Macanudo, en français (du Québec) aux Éditions de la Pastèque, ou les leçons de coloriage d'Enriqueta, en français (de France) aux éditions Ici Même qui publient aussi Hans Rickheit et Caro, le monde est petit. Et son dernier album s'appelle Good night, planet, mais il n'est pas encore traduit chez nous, alors il vous faudra le lire en argentin d'Argentine ou en anglais des Amériques.




Et ce n'est pas tout, vous vous en souvenez, 
je vous avais annoncé "pour la fin de l'année" 
la version française de 
Don't get eaten by anything de Dakota McFadzean,  
sous le titre Soudain l'univers prend fin? Hé bien ça y est, soudain, il est apparu sur les rayons de toutes les bonnes librairies! Publié, lui, par les éditions Çà et là. Et la traduction n'est pas mal (par exemple, "boo" est traduit astucieusement par "bou").

Alors? Comment vous situez-vous? 
Vous êtes plutôt "çà et là" ou plutôt "ici même"? 
Plutôt pastèque, vous êtes sûrs?


Illustrations: dessins de Liniers.

mardi 12 septembre 2017

Une bonne idée


Pochée est un court roman de Florence Seyvos, pour lequel j'ai une tendresse toute particulière (en voilà un, de ces livres pas tout jeunes dont je parlais dans mon précédent billet). Son héroïne est une tortue très douée pour la décoration d'intérieur: c'est peut-être pour cette raison que ce roman est paru chez un éditeur labellisé "jeunesse", l'école des loisirs. Vous l'avez sans doute remarqué: les biographies de tortues au tempérament d'artiste peinent à trouver place dans les collections de "littérature blanche", on en chercherait en vain à la NRF, chez POL, dans la Pléiade, aux éditions de Minuit...
 Si je rencontrais Pochée, j'aurais envie de la serrer contre mon cœur. Je m'abstiendrais sans doute, raisonnablement, de le faire: pour une tortue, ce ne serait pas très agréable d'être pressée contre la poitrine d'un grand machin maladroit et vertical, une sorte d'échafaudage ambulant qui contrôle mal ses émotions, pas plus que, pour vous ou moi, de recevoir l'accolade d'un rhinocéros ou d'un hippopotame. À la place, je suppose que, pour manifester ma sympathie, je ramasserais un caillou bleu et que je le ferais briller, en silence, avec ma manche, en espérant qu'elle comprendrait l'intention (est-ce que ce serait une bonne idée? je ne sais pas, il m'arrive, à moi aussi, d'être maladroit quand je m'essaie à la communication inter-espèces).
Pochée, jeune tortue, a tout pour être heureuse. Elle a un ami (il était assis à côté d'elle à l'école) très beau, très gentil, et très intelligent. Ils prévoient de rester toujours ensemble, et de faire des grands voyages tout le temps. Un accident stupide (la chute d'un caillou) les sépare. Souvenez-vous, lecteurs, de ne pas jeter vos cailloux n'importe où, ça peut faire très mal à une tortue. Pochée mettra longtemps, disons la moitié d'une vie (c'est long, une vie de tortue) à se reconstruire, comme on dit. Longtemps, elle aura du mal  à nouer des relations sereines avec les gens qu'elle rencontrera, même quand ce seront de gentils escargots ou de gentils hérissons.  Florence Seyvos en parle avec le vocabulaire des "livres pour enfants", mais avec un sérieux dépourvu de pathos que pourraient lui envier bien des romans "pour adultes". Claude Ponti a dessiné minutieusement le cadre des aventures de Pochée: d'amples paysages de forêt et de montagne, dans lesquels Pochée paraît toute petite (c'est un peu normal: elle n'est pas bien grande), petite... aussi petite qu'Icare dans le tableau de Brueghel, La chute d'Icare.

Le monde est grand, Pochée est toute petite.


Puis... il y a une ellipse, une longue ellipse (je vous l'ai dit, c'est long, une vie de tortue) et quand nous retrouvons Pochée, elle est grand-mère. Elle raconte ses aventures à ses nombreux petits-enfants: comment elle a vécu longtemps toute seule dans une grotte, comment elle a rencontré un escargot azimuté, un hérisson timide... elle raconte avec verve, c'est une bonne conteuse, et les petits tortillons rient beaucoup. Sauf une de ses petites-filles: Bulle.

Au bout d'un moment, Bulle dit:
- Moi, Grand'mère, quand je serai grande, je ne ferai rien comme toi.
- Ah bon? dit Pochée.
- Non, dit Bulle. Moi j'aurai un ami. Il sera assis à côté de moi à l'école. Il sera très très beau, très très gentil, et très très intelligent. Il sera tout comme je veux. Et après on fera des grands voyages tout le temps. Et je serai toujours très heureuse. Et il ne m'abandonnera jamais, ajouta-t-elle en jetant dans l'eau un petit caillou bleu.
- Quelle bonne idée, ma petite fille, dit Pochée en regardant le caillou descendre au fond de la rivière, 

FIN
(illustrations de Claude Ponti), 
l'école des loisirs 1994, 1997 


Illustration de Claude Ponti.

dimanche 10 septembre 2017

Mois doux, mois de s'étendre


Je vous avais promis il y a quelques semaines, chers visiteurs, de vous guider dans vos lectures d'été, et j'avais commencé (avec une sage lenteur) à mettre ce plan à exécution... Mais, peut-être l'avez-vous déjà entendu dire (un certain Robert Burns l'a affirmé avec force, et par la suite un  John Steinbeck non moins certain l'a approuvé sans réserve): "même les plans les plus velus, qu'ils eussent été ourdis par des souris ou par des hommes, finissent souvent en queue de rat";  des circonstances indépendantes de ma volonté ont fait qu'en ce mois d'août 2017, j'ai lu plutôt moins que d'habitude, moins en tout cas qu'en aucun mois d'août dont je garde le souvenir… et, en tous cas, j'ai lu moins de nouveautés.  J'espère que ce mois de septembre sera plus propice à la lecture, et que vous ne m'en voudrez pas si, dans les jours qui viennent, au lieu de vous soumettre mes pronostics pour les prix littéraires de la rentrée, je vous parle de quelques lectures pas vraiment récentes, mais qui ont bien supporté les épreuves du passage du temps et de la confrontation aux souvenirs?