Son journal autofictif est un amer (ne vous y trompez pas: amer, c'est un terme de marine qui veut dire point fixe qui peut servir de repère visuel aux pilotes, quand personne ne sait plus où est la côte*) dans les tempêtes que nous traversons. Il continue, Eric Chevillard, à y esquisser de petites saynètes qui nous semblent à ce point conformes à ce que nous vivons dans notre vie quotidienne qu'il nous faut un moment pour repérer l'endroit où, de la réalité au bloc-notes du Chevillard, il s'est opéré un glissement.
Nous étions si nombreux dans cette salle d’attente que les chaises manquaient. Puis les heures passaient et la porte ne s’ouvrait pas. Cela durait de l’autre côté, cela n’en finissait pas.
À bout de patience, je me levai. Résolument, je tournai la poignée et entrai. Je fus accueilli par un murmure de soulagement émis par toutes les personnes que je découvris là, assises sur des banquettes ou adossées aux murs.
Un homme sauta sur ses pieds et me dit, un brin d’exaspération dans la voix :
– C’est mon tour, je vous avoue que nous commencions à désespérer!
* Bon, d'accord, ça peut aussi être un apéritif, ou un digestif; il semble, d'ailleurs, que mes visiteurs l'apprécient à toute heure, cet amer, même quand le ciel est clair et la mer calme. Santé.
Au fait: vous avez sans doute remarqué que Chevillard (et son ami l'Arbre Vengeur) ont aussi besoin que vous donniez un coup de kick à leur starter! Au cas où ça vous aurait échappé: c'est ici.
2 commentaires:
ah oui celui-ci est formidable
J'ai bien aimé aussi le si sensible et si concis:
"Ça va encore être la guerre entre ma tête et mon cul: il n’y a qu’un coussin."
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