samedi 26 janvier 2013

Chants de glace et de feu


Le Service Météorologique australien a modifié l'échelle qu'il utilise depuis ses débuts pour les cartes et graphiques de température qu'il publie; cette échelle, qui s'arrêtait à 50 degrés Celsius, "monte" désormais jusqu'à 54.
Que des températures aient dépassé les 50° n'était pas sans précédent, mais de telles observations étaient si rares que, considérées comme des phénomènes marginaux, elles n'étaient pas reportées sur les graphiques. Cependant, les météorologues s'attendent à ce que ces extrêmes deviennent plus fréquents dans les quarante prochaines années: il était donc temps de prendre des mesures.
On a choisi pour cette "tranche" (51°-54°) une couleur d'un violet très vif, qui contraste avec celle de la tranche immédiatement inférieure (46°-50°), d'un pourpre presque noir. (Global warming is turning the volume of extreme weather up, Spinal-Tap-style, to 11. The temperature forecast for next Monday by Australia's Bureau of Meteorology is so unprecedented - over 52C - that it has had to add a new colour to the top of its scale, a suitably incandescent purple - The Guardian, 8 janvier)

En Australie, le précédent record de température moyenne diurne (sur l'ensemble du territoire), détenu par l'été 1972-1973, a été pulvérisé début Janvier: 40,7°C. La semaine dernière, on a noté un "pic" de 46° à Sidney; et dans le Sud du continent, plusieurs au-dessus de 50°.


L'Australie est sortie à l'automne dernier seulement (l'automne austral, bien sûr: pour nous, le printemps) d'une période de dix ans d'une sécheresse exceptionnelle, qui a rempli l'outback de bois mort bien sec. Aussi, à présent que l'Australie est entrée dans son mois habituellement le plus chaud, la brousse de Nouvelles-Galles du sud (la région où les températures les plus hautes ont été relevées) est en train de flamber.


Pendant ce temps, aux États-Unis, il fait si froid qu'il s'est écoulé neuf jours entiers (pour être précis, 221 heures: ça aussi, c'est un record) sans que l'on constate un seul meurtre dans les rues de New York. "We're rooting for more cold weather", ça nous arrangerait si la vague de froid continuait, a remarqué Raymond W. Kelly, police commissioner du NYPD (la dernière fois qu'à New York une semaine entière s'était écoulée sans homicide sur la voie publique, ce n'est pas au froid qu'on avait attribué ce répit, mais à l'ouragan Sandy).

Sources: The Guardian; The New York Times.
L'image illustrant ce billet est © Australian Bureau of Meteorology. 

dimanche 20 janvier 2013

Un rêve d'oreilles noires


Sur le divan de la salle d'attente, j'ai pour voisin le célèbre Mickey Mouse. 
Les années ne l'ont pas épargné: à la surface sphérique de sa tête noire, entre ses deux fameuses oreilles noires, s'arrondit une tonsure blanche - pas totalement dépourvue de ressemblance avec la mienne. 

Pour détendre l'atmosphère, je me penche vers une de ses grandes oreilles et je dis assez fort 
(je connais sa date de naissance: tout de même, 
ce frimeur de Mickey, avec ses prétentions à la jeunesse 
éternelle, il pourrait être mon père!) 
en articulant bien par précaution: 
- Nous pourrons échanger des idées.
- ... 
- Sur la meilleure façon. 
- ...
- De nous coiffer. 

La précaution n'est pas inutile: après avoir ponctué ma phrase, pourtant courte, de plusieurs 
"Hein?"
il met quelques instants à me répondre, d'un air un peu égaré: 
"Quoi? Ah, oui, bien sûr."

Nous ne sommes pas là depuis longtemps,  pourtant du gros tas de cookies qui à notre arrivée s'élevait dans une assiette sur la table basse devant nous, il ne reste déjà presque rien.


mardi 15 janvier 2013

Verres presque pleins (ou, au moins, presque pas vides)



Pour commencer l'année dans l'état d'esprit le plus positif, essayons de recenser les raisons que nous avons d'envisager l'avenir avec optimisme.
Où les trouver? Mais dans des blogs éminemment recommandables, bien sûr!

Sway nous rappelle que, quand le monde ne finit pas, ça veut dire qu'il continue.

Swaaayyy!!!

Tom Gauld fait appel aux meilleurs experts en développement personnel.

Tom Gauld!!!!!!!!!
(son tumblr est aussi
génial que son blog)


Et quand rien d'autre ne marche, il y a encore une ressource: transmise jusqu'à nous par l'entremise des mystiques précolombiens (dont on oublie trop facilement que, s'ils collectionnaient de gros cailloux, ce n'était pas pour les sucer: ils suçaient tout autre chose - d'ou, au sujet desdites collections de cailloux, certains malentendus historiques):
 la Sagesse Mystérieuse des Grands Anciens.


Cazaaaaaaaaaaaa!!!!
(ses e-books sont ici)


Le grand Caza  l'a étudiée comme peu d'autres l'ont fait, et il l'a résumée dans cet aphorisme:

Foutu pour foutu, manger du chocolat. 
Caza


Tous les dessins ci-dessus sont, évidemment, la propriété de leurs auteurs.

dimanche 13 janvier 2013

Bonjour, 2013


Vous l'avez compris à la lecture du billet précédent, c'est avec des sentiments mêlés que j'ai pris congé de l'année dernière.
2012 avait tout pour être une année  mémorable - ou était-ce mémorielle? mes idées sur la question sont un peu confuses à présent. C'était l'année où Edward Lear aurait eu deux cents ans, où Alan Turing en aurait eu cent…
Bien sûr, nous savions bien, en accueillant 2012, qu'il ne nous serait pas donné d'y scander He's a jolly good fellow pour réjouir  Edward Lear, de crooner Voulez-vous danser, grand-père? pour émouvoir  Alan Turing: nous allions nous contenter, pour fêter ces anniversaires, d'échanger entre nous des vers de mirliton, des dessins défiant le sens commun et des devinettes mathématiques, et nous avions pris notre parti de l'absence des héros de la fête…
Mais nous ne nous attendions pas à ce que, dans la même année, juste après Ronald Searle, disparaissent Dorothéa Tanning, Moebius, Maurice Sendak, Ray Bradbury, Antonio Tabucchi, Harry Harrison, Chris Marker et Gore Vidal, Spain "Trashman" Rodriguez et Boris Strougatski, Roland C. Wagner et Nakazawa Keiji…
Après avoir dit au revoir à 2012, j'ai hésité quelque temps à partir à la rencontre de 2013 pour la saluer. C'était assez tentant, de passer à côté de la nouvelle année en faisant mine de ne pas la voir et en espérant qu'elle serait elle-même trop occupée pour rien remarquer.
Ça a été reposant, de vivre sans le temps, avec juste l'espace, pendant quelques kilomètres (oui, parce que quand il n'y a pas de temps, on compte en kilomètres), à ne rien faire parce que plus rien ne pressait.
Et puis…
... vous savez ce que c'est,
quand la pendule n'est pas là pour nous dire qu'il est temps de cesser de ruminer (on rumine beaucoup dans l'espace), inévitablement on se retrouve avec, coincées dans les dents, des pensées désagréables:
et si, à rester trop longtemps en-dehors du temps, on se retrouvait, comme l'astronaute dans 2001, à dériver si loin de la grosse machine qu'on n'arriverait plus à la rattraper?

Ce rare document d'époque témoigne
des premiers pas dans le monde de l'année 1913.
C'est mignon à cet âge-là,  faudrait pas que ça grandisse.

Bonjour donc, 2013. Ce serait plutôt sympa de laisser cet endroit dans l'état où tu l'as trouvé en arrivant; même, si tu ne sais pas quoi faire de tes minutes, il ne t'est pas interdit de penser à apporter quelques petites améliorations.
Tiens, j'ai une idée: ce serait cool si tu pouvais faire en sorte que Siné soit en pleine forme pour fêter avec nous la prochaine Saint-Sylvestre, et si pour permettre ça il faut rétablir un quelconque équilibre cosmique (on peut supposer que tu as sans doute, comme ta collègue 2012, un quota de trous à remplir), tu pourrais lui donner l'occasion de suivre l'enterrement de quelques-uns (tous, ce serait sans doute trop demander?) des petits malins qui, naguère, l'ont enterré,  lui, un peu prématurément.


Le document d'époque est de J.-C. Leyendecker.

mardi 1 janvier 2013

Au revoir, 2012.


À vrai dire, je ne sais pas si on se reverra.

Je ne cherche pas systématiquement à rester en contact avec les années passées - il y en a même que j'évite lorsque je les croise.
2012 emporte avec elle des personnes et des choses que je regretterai - toutes les années font ça, mais je ne peux me défendre de l'impression que cette année-ci en a pris plus que sa part.
En dernier lieu, Lebbeus Woods, décédé le 30 octobre, de qui j'affiche ici un dessin, dont la légende, si on voulait en mettre une, pourrait être quelque chose comme "restons légers".




dessin de Lebbeus Woods