Venue de quelque part dans les profondeurs de la radio, une des voix interchangeables qui ânonnent les nouvelles résume ainsi le changement apporté par la mort de Bernard Tapie à sa situation judiciaire: "le jugement de son procès en cours n'ayant pas été rendu, Tapie est mort innocent". Savoureux, encore qu'un peu morbide, n'est-ce pas?
À l'heure qu'il est, le rire de Bernard Tapie, que ces dernières années, on n'avait plus entendu que fêlé, chevrotant, réduit par la maladie à un simple murmure, doit éveiller, plus tonitruant que jamais, les échos des voûtes de l'Hadès, et soulever des vagues sur le Styx… tant le tapage fait par les papelarderies hypocrites qui ont accueilli sa mort éclipse celui, pas mangé des vers non plus mais malgré tout plus mesuré, qui avait salué celle de Chirac!
Morts innocents aussi, ni plus ni moins que Tapie,
ceux du mois de Septembre.
Tout le monde (la liste serait trop longue), ce Septembre-ci, a rendu hommage à Jean-Paul Belmondo: moi-même, je vous en fais la confidence, j'ai essayé, devant mon miroir, d'approcher, dans la mesure de mes moyens, la nonchalance de dandy avec laquelle il se recoiffait de son feutre dans le mémorable dernier plan du Doulos. Pauvre hommage: on fait ce qu'on peut.
Belmondo, en voilà un qui savait faire le mort élégamment.
Dans leur coin - presque seuls - Éric Chevillard rendit hommage à Bruno Roy, et Jérôme Leroy à Roland Jaccard: à défunts discrets, hommages dépourvus de boursouflure. Je ne vais pas laisser Septembre s'éloigner sans vous rappeler que le mois passé vit une disparition encore plus discrète: celle d'Henriette Valium, en vous montrant une de ses œuvres (relativement) récentes, judicieusement intitulée:
Last Moments.
Au revoir Septembre, à la prochaine.
Image © Henriette Valium
4 commentaires:
Je ne connaissais pas le décès du fondateur de Fata Morgana.
J’avais lu chez l’éditeur une galerie de portraits:Les discours du pince gueule de Julio Cortazar,moins connu que le reste de son œuvre.
Le catalogue de Fata Morgana recèle de petits trésors. Ce titre - Les discours du pince-gueule - éveille en moi de vieux (mais vagues) souvenirs; ce texte n'aurait-il pas été repris en volume avec d'autres textes courts?
Oui repris dans Nouvelles ,histoires et autres contes.
Mais dans l’édition de Fata Morgana,il est agrémenté de dessins.
Notre Cortázar a sa statue dans un quartier de cette belle ville de Bruxelles.
Bruxelles sait reconnaître les mérites de ses enfants. ^___^
Et la présentation des livres de chez Fata Morgana est toujours particulièrement soignée. Je n'ai pas celui de Cortazar; mais je vois qu'il est toujours disponible…
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