samedi 22 août 2020

Après les policiers-cow-boys, les médecins-cobayes


Amis lecteurs, une phrase malencontreuse 
dans mon dernier billet 
vous aurait-elle donné l'impression qu'imaginos était 
un blog funèbre, dont la lecture ne pourrait engendrer que 
la mélancolie? 
Il me faudrait, dans ce cas, faire amende honorable 
en vous présentant imaginos sous son vrai  jour: 
un blog attaché à la plus ancienne tradition d'internet, 
dévoué à sa plus noble mission: 

Pourquoi le titre de ce billet? Toutes les explications ici.

jeudi 20 août 2020

Encore des trous dans des cœurs


Il fut un temps où j'avais du mal à comprendre qu'on puisse être affecté par l'annonce de la mort de quelqu'un qu'on n'avait jamais rencontré, juste parce que ce quelqu'un avait, pour une raison ou une autre, compté pour vous.
Je le comprends mieux à présent.

J'envie un peu le vaillant Imaginos de trouver en lui-même les ressources qui lui permettent de poster sur son blog, sous le label "oraisons funèbres", un bref éloge des personnes que, de leur vivant, il trouvait intéressantes; moi, la plupart du temps, le cœur me manque.

Au cours de la dernière année, il m'a manqué pour parler d'Andrea Camilleri, Luis Sepúlveda, Adamov, Nick Tosches, Little Richard, Peter Beard, Robert Frank, Olivia de Havilland, Juan Giménez, Johnny Clegg, Honor Blackman, José Mojica Marins, Isabelle Weingarten, Vaughan Oliver, Gahan Wilson, Pierre Guyotat, Mady Mesplé, Mort Drucker,  Lucia Bosè, Gudrun Zapf, Nobuhiko Ōbayashi, Sarah Hegazi, Charles Gérard, Pierre Le-Tan, Carlos Ruiz Zafón, René Auberjonois, Edén Pastora, Hideo Azuma, Kim Shattuck, Claude Evrard, Mike Resnick, Christopher Tolkien, Idir, McCoy Tyner, Joan-Pau Verdier, Graeme Allwright, Sarah Maldoror, Claudine Auger, Tome, Mory Kanté, Jessye Norman, ils laissent tous un trou derrière eux: qu'est-ce qu'on mettra dedans? Et René Sussan, Ivan Král, Petr Král, Marcel Maréchal, Kirk Douglas, Mirella Freni, Maurice Rajsfus, Michel Piccoli, Charles Portis, René Follet, Genesis P-Orridge, George Steiner, Pertuzé, Jean-Loup Dabadie, tous ces gens dont, ces derniers mois, la disparition m'a attristé, à des degrés divers (parfois, soyons honnêtes, juste un petit peu; souvent, plus que je n'aurais pu l'imaginer, si j'y avais pensé, avant).
J'aurais du mal à écrire leurs noms dans une phrase qui se terminerait par "sont morts".
Et chercher des périphrases n'arrangerait rien.

D'eux tous, on pourrait dire ce que j'ai dit de Bretécher: ce qu'ils faisaient, ils le faisaient bien.

Mais Linda Manz, tout de même!
Linda Manz, c'est différent.


Linda Manz, c'était un morceau de moi.




vendredi 14 août 2020

No such thing


There's no such thing as too much coffee, unless…

Abuse of coffee can be harmful to robots.

unless you are a robot novelist, of course.


There's no such thing as too much Tom Gauld, either.


Much thanks to Dan Wagstaff for bringing to our attention that Tom Gauld has drawn a new cartoon for the New York Times Books section.
Let's have a coffee, now.

Dessin © Tom Gauld / NYT

mardi 11 août 2020

Maintenant? Ou jamais?




Ce matin, france-inter se demandait: 
pourquoi des cabanes? 

En voilà une question.
 
Allons, remuez-vous! Il fait chaud, très chaud, je sais, mais si ce n'est pas maintenant que vous commencez à construire une cabane en branches, ce sera quand, hein?
Quand il fera encore plus chaud? 
Et si demain on annonce qu'on va reconfiner, vous aurez l'air malin.


Alors retroussez vos manches (ou virez carrément toutes vos fringues, la saison le permet).


Fernand le Quesne, La Primavera, 1897

mercredi 5 août 2020

Gilbert Lascault, toujours vert


Vous n'êtes pas encore rassasiés d'exotisme, et les empires lointains vous fascinent toujours?
Gilbert Lascault, vous vous en souvenez, avant de nous emmener compter les minutes dans la Cité des Ombres, nous avait offert une collection de plaisants souvenirs d'enfance (apocryphes), de saisissantes vignettes (apocryphes) d'un îlot tempéré, une hardie tentative de cartographie (apocryphe) des galeries d'un monde miné… il a également décrit pour notre bénéfice, rangées alphabétiquement, les merveilles d'un Empire: l'Empire Vert!
Feuilletons ensemble, au hasard, cette Encyclopédie abrégée:

Décadence
Depuis quatre mille ans (murmure à son adjoint le troisième historiographe de l'Empereur, l'homme à la mémoire circulaire, celui qui possède quatre-vingt-trois stylographes en jadéite), oui, depuis quatre mille ans, l'Empire Vert ne cesse pas d'être en décadence. Depuis quatre mille ans il se désagrège comme la toile pourrie d'une tarentule. Dès qu'il est apparu, les politiciens et les historiographes ont remarqué que les haines entre les provinces, l'ambition des généraux et des maréchaux, l'étendue du territoire, la diversité des climats, la lourdeur de la bureaucratie, l'injustice des promotions et la misère des peuples rendaient difficile la survie de l'Empire. Elle n'a jamais cessé d'être difficile, mais elle ne l'est aujourd'hui ni plus ni moins que la nuit sanglante où le Premier Empereur, le prince albinos au regard torve, est monté sur le trône, après avoir égorgé lui-même ses sept sœurs, et ses neuf oncles.
Il y a quatre mille ans, déjà.

Convives
Après l'assassinat du Ministre des Cultes et Sortilèges, les policiers croient découvrir de nombreux complices des assassins à la Cour et parmi les hauts fonctionnaires. Ils considèrent également comme complices tous ceux qui, au cours des années précédentes, ont tenté de limiter les pouvoirs de la police ou de diminuer la part du budget qui lui est attribuée. Ils multiplient interrogatoires, arrestations, exécutions sommaires.

Deuil
D'un ministre, nul ne dit jamais qu'il est mort. On préfère affirmer qu'il a remis son âme au vent, ou aussi que sa voix a rejoint celle du tonnerre, ou encore qu'il est allé rependre ses pendus ou écorcher une deuxième fois ceux qu'il avait déjà condamnés… Chacun, à l'intérieur du ministère, s'efforce de n'avoir l'air ni de se réjouir de sa mort, ni de déplorer l'heureuse venue de son successeur. Certains feignent d'être malades pour éviter ces problèmes, mais ils apparaissent alors comme trop habiles et s'attirent la méfiance de leurs supérieurs hiérarchiques.

Écrivains
Dans la plupart des maisons d'édition de l'Empire Vert tout manuscrit reçu est d'abord envoyé à un hôpital pour être désinfecté. Il est ensuite porté à un exorciste, Prêtre des Éclairs Sanglants, qui doit éliminer les maléfices qui ont pu être introduits dans le papier. L'exorciste est particulièrement vigilant quand la manuscrit traite de questions sociologiques… Toutes ces précautions étant prises, l'ouvrage est confié aux lecteurs de la maison qui récitent sept prières avant de donner à  l'éditeur leur avis sur le texte.

Empoisonneurs
Dans les débits de boisson de l'Empire, les clients boivent des alcools purs et se racontent sans lassitude des histoires d'empoisonneurs de puits. Chaque année les journaux de la Capitale et des provinces lancent de grandes campagnes contre ceux qui jettent de l'arsenic dans les puits.  Des manifestations ont lieu devant les palais des Gouverneurs, exigeant le châtiment des coupables. Plus de cent personnes, dont une dizaine d'enfants, sont chaque année lynchées parce qu'on les soupçonne de ce crime. Pourtant un rapport du cinquième Juge de la Cour, chargé des chenils, des jardins et des fauveries, indique que ce délit a beaucoup diminué. Il y a cent cinquante ans, plus de mille puits étaient chaque année empoisonnés dans l'Empire Vert. Actuellement, il y en a environ deux douzaines par an. Mais, comme l'écrit le  cinquième Juge: "Plus un phénomène désagréable devient rare, plus ce qu'il en reste est perçu comme insupportable".

Miroirs
Dans les villes, la plupart des femmes portent dans une poche un miroir brisé. Elles s'y regardent parfois. Elles peuvent aussi l'utiliser pour défigurer celui ou celle dont l'œil, la bouche ou la façon de marcher leur déplaît.


Tanflûte. Je vous présente mes excuses. Je croyais, en vous offrant ces quelques morceaux choisis de l'Encyclopédie abrégée de l'Empire Vert, vous emmener dans un nouveau grand voyage, fertile en surprises et en émerveillements, et, déception! Il ne se passe rien dans l'Empire Vert dont nous ne pourrions prendre connaissance chez nous en tournant le bouton étiqueté "nouvelles locales" sur une petite boîte d'ébonite. L'Empire Vert, c'est au bout de la rue en tournant le coin.


Gilbert Lascault, Encyclopédie abrégée de l'Empire Vert
Collection "Papyrus", 
Les Lettres Nouvelles / Maurice Nadeau, 1983
ISBN: 2-86231-048-4

dimanche 2 août 2020

Interlude


Livre refermé, page marquée, 
vous vous décidez à sortir pour effectuer 
des démarches de première nécessité.
Soyez prévoyants, 
suivez l'exemple de
ces jeunes gens dévoués 
à l'intérêt général:


sortez masqués!