Graham Greene tenait un "journal de rêves".
Parmi beaucoup d'autres rêves, il y consigna le suivant:
Je travaillais sur un poème pour un concours de poésie,
je venais d'écrire ce vers:
"La beauté rend le crime noble",
quand, derrière mon dos, T. S. Eliot lança ce commentaire critique:
"Qu'est-ce que cela veut dire? Comment le crime peut-il être noble?"
Je remarquai alors qu'il s'était laissé pousser la moustache.
What does that mean? Why do I have to sport a moustache? |
tout bien pesé, il se trouvait mieux sans moustache.
Dans la vie réelle, entendre T. S. Eliot critiquer votre poésie pourrait vous amener à douter de vos dons poétiques.
Mais vivre cette mésaventure en rêve a l'effet opposé.
Ce rêve pourrait devenir le point de départ d'une fiction. Et, au minimum, cela vous rappelle que peu importe à quel point vous vous sentez "bloqué", vous restez capable de concevoir quelque chose d'inédit, même si c'est tout petit, même si c'est absurde.
Le journal de rêves de Graham Greene, A World of My Own (A dream diary), a été publié en anglais par Penguin Books Ltd (first edition 1991, new edition 1993) et en français sous le titre Mon univers secret, par Robert Laffont (collection Pavillons, 1994 - épuisé), dans une traduction de Marie-Françoise Allain.
Le commentaire de Maria Konnikova figure dans un article paru dans le New-Yorker: How to beat writer's block (mars 2016)
1 commentaire:
Content de vous revoir aussi, M. Tororo, et merci pour cet Old Possum moustachu, je le garderai dans un coin de mes rêves
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