dimanche 14 août 2016

A world farfelu


Dans la préface à ces "carnets de rêve" de Graham Greene dont je vous ai déjà parlé, Yvonne Cloetta présente ainsi le projet de son compagnon:

Graham protected his privacy as fiercely as he respected the privacy of others. He always refused to write an autobiography - after he had 'closed the record at the age of about twenty-seven' with A sort of Life - because, as he said, it would have inevitably involved incursions into the privacy of other people's lives. The private world of his dreams, however, was one that he nurtured carefully, recording it almost daily in the dream diaries that he kept over the last twenty-five years.
The project engaged him in the last months of his life. It interested him. And one of the pleasures of this book is the pleasure he clearly took in the making of the selection.  In this world of the subconscious and the imagination - a world
farfelu as he used to call it - where everything intersects and gets tangled up beyond time, Graham obviously feels at ease and happy.

Graham protégeait sa vie privée de façon aussi féroce qu'il respectait celle des autres. Il avait toujours refusé d'écrire une autobiographie complète - après en avoir "clos la narration sur l'âge de vingt-sept ans environ" avec Une sorte de vie - car, comme il disait, cela aurait inévitablement  impliqué des incursions dans l'intimité de la vie d'autres personnes.  Le monde intime de ses rêves, cependant, il prit grand soin de le nourrir, le consignant quotidiennement dans le journal qu'il tint  pendant les quelque vingt-cinq dernières années de sa vie.
À partir de plusieurs cahiers, il fit cette courte sélection pour les lecteurs, opérant ses choix avec soin et de propos délibéré. Il fut engagé dans ce projet jusque dans les derniers mois de sa vie. Il en était captivé. Et l'un des plaisirs que procure ce livre est dû au plaisir que lui-même, de toute évidence, éprouva en effectuant cette sélection. Dans ce monde du rêve et de l'imagination - un monde
farfelu* comme il avait coutume de l'appeler, où tout se croise et s'enchevêtre au-delà du temps - Graham se sent manifestement à l'aise et heureux.
* en français dans le texte (note de la traductrice)


Je vous le confirme: le sérieux avec lequel Greene a abordé le travail de sélection et de révision qu'il effectua l'année qui précéda sa mort n'empêche pas l'humour d'être présent à toutes les pages.


Graham Greene, A World of My Own (A dream diary, Penguin Books, 1991 et 1993); Mon univers secret, traduit par Marie-Françoise Allain, Robert Laffont (collection Pavillons, 1994 - épuisé).

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