samedi 15 mars 2014

Dansez trêve, dansez catale, et, si vous pouvez, dansez espère


2014 a été décrétée année Cortazar 
par les instances compétentes.

Pour toute la durée de l’année Cortazar, 
les Cronopes ont disposé des réceptacles destinés à recevoir des contributions au financement des festivités sur des rebords de fenêtres, des planches en saillie sur des barrières de chantiers, des tablettes de cabines téléphoniques (là où il y en a encore) et différents autres emplacements raisonnablement abrités de la pluie (de préférence, mais pas toujours car on ne saurait penser à tout). 
Ce sont des tasses à thé en porcelaine, des vide-poches en régule hérités de grands-parents, des moques publicitaires aux couleurs de différents pourvoyeurs de restauration rapide, des verres à dent en plastique, des cendriers récemment réformés par les bistros qui les employaient naguère et des soucoupes en aluminium; vous les reconnaîtrez facilement malgré leur disparate, 
car les Cronopes, prévoyants, ont estimé que ce serait dommage qu’ils ne servent à rien du tout tant que vous ne les aurez pas entièrement remplis de monnaie - ce qui, ils en sont conscients, peut vous demander un certain temps - et ils en ont pour l’instant garni le fond de graines destinées aux oiseaux. 
Repérez ceux qui se trouvent dans votre quartier, et attendez pour y déposer votre obole  que les oiseaux aient mangé toutes les graines: ce serait dommage que vos billets rendus moelleux par une longue circulation soient détournés de leur usage fiduciaire pour rembourrer des nids d’hirondelles, et que vos pièces brillantes finissent comme décoration dans les demeures des pies.

Pendant la même période, 
les Fameux ont annoncé par les voies officielles 
qu’en l’honneur de Julio Cortazar
 ils danseront trêve les jours pairs de 16 heures 30 à 17 heures, 
et qu’ils danseront catale les jours impairs 
de 17 heures à 17 heures 30.


Vert et humide, un Cronope s’est posé sur une dalle...


... sur laquelle quelqu’un a gravé: « Julio Cortazar »,
quelque part dans le cimetière du Montparnasse.

Une fois là, ne sachant plus très bien quoi faire,
il sourit d’un air un peu embarrassé.

Post-scriptum du 23 mars: Lecteurs anglophones, si vous avez du mal à déchiffrer le cronope, une version anglaise de ce billet vous attend sur Dreamers rise. Merci au scrupuleux traducteur, Chris Kearin, et bonnes salènes! 



Si vous vous demandez d'où sortent 
les Fameux et les Cronopes: de .

Les photos illustrant ce billet sont: 
la première de Pedro Cambra, 
les deux autres de Anonymous Photographer (Wikimédia), 
toutes deux sous licence Creative Commons.
Le Cronope de pierre est l'œuvre de Julio Silva.

2 commentaires:

Chris a dit…

Tororo,

I love this piece (although in one or two places I can't quite follow the French). Would you permit me to try to translate it into English?

Buenas salenas,

Chris

Tororo a dit…

Thanks so much for visiting, Chris, and buenas salenas back to you!
I'm currently dancing out of joy with the prospect of reading this translation. Feel free to complain if there are too many Gallicisms in this piece, all questions will be answered and criticisms reverently welcomed.
¡Tregua cátala espera!