Les poèmes d'Emily Dickinson n'ont pas de titres.
Emily Dickinson (467, cahier 26)
It slants. |
Dans les écrits d’Emily Dickinson, il n’y a pas d’interrogations rhétoriques. Toute question appelle une réponse pragmatique:
la littérature prodigue en métaphores et en allégories dont avait été nourrie Emily (Shakespeare, Spenser, Milton, Bunyan...) a-t-elle, au fil des siècles, fait de l’Espoir une créature de peu de substance, qui n'est plus ailée que de translucides majuscules ? Emily veillera à ce qu’elle ait un perchoir pour y lisser ses plumes, et lui gardera en réserve - même si elle ne demande rien: juste en cas - une petite provision de miettes.
Dame en Blanc une fleur au bout des doigts, ou petite fille à la recherche d’un endroit tranquille - et bien plat - pour y déployer avec ses amies les fastes de fragiles dînettes de pétales et de coquilles de noix, l'une comme l'autre, partant des mêmes observations, parviennent, par des chemins différents mais avec la même rigueur logique, à la même conclusion: c'est joli, cette prairie fleurie de pierres blanches toutes biscornues, mais, à présent qu'on en a fait le tour, on ne va pas s 'y attarder, on va chercher plus loin.
Levant les yeux du gros recueil de poèmes, le lecteur ne saura pas à laquelle des deux appartient la petite silhouette en blanc qui s'éloigne au bout de l'allée.
Nous, nous serons loin et - tant pis, cette fois, pour la dînette - la main en visière sur notre front pour mieux jauger la distance - how far it is - , on aura l'air qu'on fait semblant qu'on serait des indiens.
« Tell all the Truth, but tell it slant. » E. D.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire