Sir Thomas Browne, vous vous souvenez de lui? est mort le jour anniversaire de sa naissance, comme les gens qui aiment les comptes bien ronds: ce jour anniversaire, c'est aujourd'hui, le 19 octobre. Levons nos verres à sa mémoire.
Quelques comptes ronds à propos de Sir Thomas Browne:
- Selon les éditeurs de l'Oxford English Dictionary, il occupe, dans ce dictionnaire la 69ème place (ou la 70ème, il y a un doute) de la liste des auteurs les plus souvent cités comme source d'un mot.
- 775 (ou 777?) entrées attestent que dans la phrase citée le mot défini apparaît pour la première fois dans la langue anglaise,
- 4131 signalent prudemment que jusqu'à présent les auteurs n'ont pas trouvé de preuve formelle que le mot ait été employé auparavant,
- 1596 fois, il est noté que Browne emploie pour la première fois dans une nouvelle acception un mot qui était déjà en usage dans une autre.
Quelques exemples de ces apports de Sir Thomas à la langue:
'ambidextrous', 'antediluvian', 'analogous', 'approximate', 'ascetic', 'anomalous', 'carnivorous', 'coexistence', 'coma', 'compensate', 'computer', 'cryptography', 'cylindrical', 'disruption', 'ergotisms', 'electricity', 'exhaustion', 'ferocious', 'follicle', 'generator', 'gymnastic', 'hallucination', 'herbaceous', 'holocaust', 'insecurity', 'indigenous', 'jocularity', 'literary', 'locomotion', 'medical', 'migrant', 'mucous', 'prairie', 'prostate', 'polarity', 'precocious', 'pubescent', 'therapeutic', 'suicide', 'ulterior', 'ultimate', 'veterinarian'.
Autant de mots qui, dans des écrits du dix-septième siècle, paraissent anachroniquement modernes. On dirait que Browne anticipait les besoins de ses descendants du vingt-et-unième siècle, non?
Ou alors, puisqu'il était si intuitif, il pressentait peut-être qu'un jour Edward Gorey ressentirait le besoin de faire des listes de mots biscornus à faire figurer, dans des banderoles, au-dessus d'animaux également biscornus sur des fresques pour nurseries. Dans ses rêves de zodiographe, Sir Thomas Browne voyait-il des fantods, des Osbick birds ou autres dubious guests?
2 commentaires:
Mais il semble que chez lui (ou en tout cas chez Richard Braithwaite, première apparition 1613), le mot "computer" signifie "homme qui calcule vite" et non pas machine ou boulier. On est donc passé d'une capacité humaine à un dispositif sans l'homme. Pour "ordinateur", il paraît que Jacques Perret avait pris un adjectif théologique décrivant un attribut divin et on est donc passé du Deus à la Machina.
Pour le boulier, on avait déjà le mot abaque. Quand on a ressenti le besoin de nommer la capacité (humaine: ni Braithwaite ni Browne ne pensaient sans doute à attribuer cette capacité à une machine) à faire des opérations arithmétiques plus complexes que les seules additions et mustiplications, on a encore regardé, bien sûr, du côté du latin, et un mot dérivé de computus désignait déjà les calculs compliqués: le comput (ecclésiastique). La théologie n'était-elle pas alors regardée comme la première des sciences, en ancienneté, en dignité et en universalité? Peut-être Jacques Perret s'en est-il souvenu?
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