C'est la publication d'un ouvrage intitulé Le Gigot, sa vie, son œuvre (encore de la bidoche, me demanderez-vous? je n'y peux rien, c'est un fait historique) écrit par l'un, édité par l'autre, qui les fit se rencontrer: et dès ce moment, Éric Losfeld ressentit pour Benjamin Péret une sympathie qui se révéla réciproque et ne faiblit jamais; après la mort prématurée de Péret, Losfeld entreprit la publication de ses Œuvres complètes. Sans doute l'auteur de Trois cerises et une sardine et celui de Cerise ou le moment bien employé était-ils faits pour se comprendre. Les mémoires de Losfeld sont parsemés de récits de petits miracles liés d'une façon ou d'une autre à Benjamin Péret:
Il faut remarquer que cette mutation de la réalité, grâce à la voyance du poète, devient en fait, hors de l'écriture, réalité banale. En 1923, Benjamin publiait un texte en prose intitulé Au 125 du boulevard Saint-Germain dont on peut extraire ces lignes:
"...Aussitôt, la pensée leur vint qu'un crime avait été commis à cet endroit. Une baignoire, jetée d'un quatrième étage et venant s'écraser à leurs pieds, confirma leurs soupçons."
Or, quelques jours après la publication de ce récit, Pierre Naville attestait dans la Revue européenne que "les journaux annoncèrent qu'une baignoire avait été projetée dans la rue par l'éclatement d'un chauffe-bain au 125 du boulevard Saint-Germain, et qu'elle avait écrasé dans sa chute une femme enceinte qui passait d'aventure..."
Bon, je répète ce que j'ai lu, je n'étais pas boulevard Saint-Germain ce jour-là; mais ce doit être vrai, puisque c'est dans un livre, non? Et pas n'importe quel livre:
Éric Losfeld, Endetté comme une mule
ou la Passion d'éditer, Paris, Éditions Belfond, 1979
Réédition: Endetté comme une mule,
avec une préface de François Guérif, Tristram, 2017
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