mercredi 23 novembre 2022

Un murmure de marquise

 "Les apparentements terribles", c'était naguère le titre  d'une rubrique du  Canard Enchaîné.

On peut aussi appeler ça synchronicité: quelque temps après avoir refermé le roman d'Iegor Gran dont je vous parlais il y a quelques jours, je rouvre (j'éprouvais le besoin d'un peu de légèreté) le petit volume de chroniques parisiennes de la chère Nancy Mitford, et le hasard veut que j'y lise:

Avril 1953

Après le portrait de Staline peint par Picasso, nous avons eu droit, dans l'Humanité, au poème d'Aragon sur le retour de Russie de Maurice Thorez:

Il revient! Les vélos, sur le chemin des villes,

Se parlent, rapprochant leur nickel ébloui.

Tu l'entends, batelier? Il revient. Quoi? Comment? Il

Revient! Je te le dis, docker. Il revient. Oui,

Il revient...

Un texte charmant. Le Canard Enchaîné a écrit à son propos:

"Vous dites qu'il revient", murmure la marquise...


Les discussions au plus haut niveau (des services compétents) sur le portrait de Staline peint par Picasso occupent une place non négligeable dans le roman de Gran; il y est aussi question, de façon plus cursive, des différents séjours de Maurice Thorez en URSS, et le camarade Aragon y est mentionné en des termes flatteurs. En revanche, si on y évoque à plusieurs reprises l'humour du Krokodil de l'ère  khrouchtchévienne, on y parle peu du Canard Enchaîné.


Nancy Mitford: Une Anglaise à Paris (chroniques), traduit par Jean-Noël Liaut

Payot Documents     ISBN: 978-2-228-90287-8

Petite Bibliothèque Payot     ISBN: 978-2-228-90524-4

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