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LE CAPITAINE JEFFERSON KYLE KIDD
LIRA UN FLORILÈGE D'ARTICLES
SÉLECTIONNÉS
À 20 H 00
AU BROADWAY PLAYHOUSE
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Dans les Remerciements à la fin de son livre, Paulette Jiles écrit: Merci à June et Wayne Chism pour l'histoire de l' ancêtre de Wayne, Caesar Adolphus Kydd, premier lecteur de nouvelles dans les petites villes du Texas dans les années 1870 et qui servit de modèle au personnage du Capitaine, à la fois dans The Color of Lightning et dans ce livre.
Que dire de ce roman (Des nouvelles du monde)? Qu'il s'inscrit dans une tradition bien établie de romans de la Frontière, et qu'il n'y manque pas d'escarmouches, de coups de feu qui, grâce à leur sonorité caractéristique, permettent d'identifier l'arme d'un tireur embusqué (claquement des carabines Spencer, aboiement des Henry), ce qui peut s'avérer bien utile (être attentif, aussi, à l'endroit d'où part la fumée), ni de descriptions de la végétation aux changements de saison. Il y a même une bagarre dans un general store, où l'on casse une assiette sur une tête. Tous éléments de couleur locale qui sont dispensés sans verbiage, dans une langue économe. Vous avez aimé Dorothy M. Johnson? Jim Harrison? Vous aimerez sans doute.
Lu d'une traite, que m'en reste-t-il?
Le souvenir de personnages bien campés, avec tendresse et sans attendrissement intempestif. Ai-je besoin de préciser que je m'y suis attaché, à ces personnages, et que c'est plutôt bon signe quand on s'attache suffisamment à des êtres imaginaires - fussent-ils inspirés de vrais grand-pères et de vraies grand-mères - pour s'inquiéter de savoir s'ils vont s'en sortir, et comment?
Et des leçons retenues au cours d'une longue vie par le Capitaine Kidd, dont certaines lui fournirent des moyens de subsistance dans des temps difficiles; je suivrai son exemple en essayant de mettre une de ces leçons en pratique, voici donc:
Un Florilège d'Extraits
SÉLECTIONNÉS
Des Nouvelles du Monde
(par Mme Paulette Jiles)
Extrait N° 1:
Un souvenir de campagne du capitaine Jefferson Kidd, nouvellement promu, deuxième division de l'armée du général Taylor
Plus tard, quand il se retrouva seul, alors que le feu de mesquite mourait, l'idée lui vint qu'il devrait entreprendre de divulguer ces faits intéressants, non, capitaux, glanés dans les rapports de renseignement et de presse. Par exemple, les luttes qui se déroulaient dans les plus hautes sphères de l'armée mexicaine. Si les gens savaient ce qui se passait véritablement dans le monde, peut-être ne prendraient-ils pas les armes: le Capitaine deviendrait un rassembleur d'informations venues d'endroits lointains, et le monde serait plus pacifique. Il était tout à fait sérieux. (p 48)
Extrait N° 2:
La maturité du Capitaine Kidd
Cette illusion l'avait accompagné de quarante-neuf à soixante-cinq ans.
Et puis, il en était venu à penser que les gens avaient besoin, fondamentalement, non seulement d'informations, mais de récits qui parlaient de l'inaccessible, du mystérieux, présentés comme des informations. Et c'était lui, tel un coursier immobile, avec son tablier d'imprimeur maculé, qui les leur apportait. Alors, les auditeurs dérivaient pendant un court instant vers un endroit bienfaisant comme des eaux curatives. (p 48)
Extrait N° 3:
Le Capitaine Kidd sent le poids de l'âge
Le capitaine Kidd répondit par un bref hochement de tête et poursuivit sa lecture avec un article du Philadelphia Inquirer consacré au physicien britannique James Maxwell et à sa théorie des perturbations électromagnétiques dans l'éther, dont les longueurs d'onde dépassaient les radiations infrarouges. Cela afin d'ennuyer ses auditeurs, de les calmer et de les inciter à s'en aller, tranquillement. Depuis quelque temps, il ne supportait plus les problèmes et les émotions des autres. (p 15)
Extrait N° 4:
Jefferson Kidd cherche du réconfort dans la pensée que l'existence a peut-être un sens
Pour se réconforter et apaiser son esprit, il repensa à sa vie de messager, de courrier, à Maria Luisa et à ses filles. Peut-être que la vie se résumait à transporter des nouvelles. À survivre pour transporter des nouvelles. Peut-être n'avons-nous qu'un seul message. Un message scellé à notre naissance et dont nous ne connaîtrons jamais vraiment le sens;
peut-être n'a-t-il aucun rapport avec nous, et pourtant nous devons le porter en personne, durant toute la vie, jusqu'au bout, et le remettre, scellé, à la fin. (p 158)
Extrait N° 5:
Je m'appelle Cigale (message scellé)
Je m'appelle Cigale. Le nom de mon père est Eau qui Tourbillonne. Le nom de ma mère est Trois Taches. Je veux rentrer chez moi.
Mais ils ne l'entendirent pas car elle n'avait pas parlé à voix haute. Les paroles prononcées en kiowa, avec leur musicalité tonale, vivaient dans sa tête comme un essaim d'abeilles. (p 18)
Extrait N° 6:
Grand-père Kidd sent à nouveau le poids de l'âge, pour de nouvelles raisons
Il dit: Les vieilles personnes pleurent facilement, ma petite. C'est une des malédictions de l'âge. (p 195)
Extrait N° 7:
Dispositions testamentaires de Jefferson Kyle Kidd, de San Antonio, Texas, sain de corps et d'esprit
Dans son testament, le Capitaine demanda à être enterré avec son insigne de courrier. Il l'avait gardé depuis 1814. Il avait, disait-il, un message à livrer, dont il ne connaissait pas le contenu. (p 269)
Et pour finir, une nouvelle (plus toute fraîche, mais, vous le savez, les temps sont durs et on fait avec ce qu'on a) annoncée par les meilleures revues de cinéma du monde civilisé sélectionnées pour vous par le Capitaine Tororo et dont il vous présente ici une synthèse:
Écriture simple, sèche, récit linéaire et mouvementé juste ce qu'il faut, avec peu de flash-backs judicieusement placés, le roman de Paulette Jiles semblait taillé sur mesure pour une adaptation cinématographique. Ça n'a pas échappé à Hollywood: Des nouvelles du monde , dirigé par Paul Greengrass, un honnête artisan (si on m'avait demandé mon avis, j'aurais plutôt suggéré Kelly Reichardt; mais on ne me l'a pas demandé), est sorti en 2020 (pour le moment, seulement sur Netflix), sous le titre français La Mission.
Je ne l'ai pas vu. Si Helena Zengel, pour le rôle de la petite sauvagesse semble un choix judicieux, pour celui du Capitaine, Tom Hanks… hum. Je réserve mon jugement, avec Tom Hanks on ne sait jamais.
Paulette Jiles, Des nouvelles du monde
(News of the World, William Morrow - HarperCollins Publishers, 2016),
traduit par Jean Esch,
Quai Voltaire - La Table Ronde, 2018
ISBN 9782710382096
Folio, 2019
ISBN 9782072924173
2 commentaires:
Ces extraits du livre viennent éclairer un peu plus ma lecture du film. Celui-ci ne retranscrit sans doute pas totalement la poésie qui ce dégage du style de Paulette Jiles, mais je le crois fidèle à son récit. Évidemment Kelly Reichardt aurait sans doute proposé quelque chose de plus contemplatif. Greengrass emprunte une piste plus grand public, et le choix de Tom Hanks à ce titre correspond bien à ce personnage qui cherche à ressouder le peuple par l'information.
Le mieux est de tenter l'aventure pour se faire une opinion.
Merci Princécranoir! Je vais suivre votre conseil et tenter l'aventure.
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