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Shieldaig.
J’ai dessiné pendant une heure ce bout de décor et maintenant j’y circule…
Je vois tous les éléments que j’ai dessinés, en plus grands…
les maisons, les arbres, la route…
J’ai l’impression d’être dans mon dessin…
C’est intéressant, ce que griffonne Lewis Trondheim dans les bulles qui agrémentent les aquarelles dont jour a près jour, il remplit son carnet de croquis virtuel, mis en ligne sous le titre: Les Petits Riens.
Le contenu est largement tributaire de son humeur: parfois, il se contente de ronchonner, comme tout le monde, à propos de petits tracas quotidiens; parfois, ça devient tout autre chose, allez-y voir, je vous laisse juge.
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Elgin cathedral.
Al Alexander, mort en 1900 à 80 ans,
et sa femme Jessie morte en 1906 à 83 ans,
et leurs enfants…
… John, mort en 1852 à 7 mois…
Janet, morte en 1854 à 1 an…
Francis James, mort en 1859 à 1 an et 2 mois…
Francis William, mort en 1864 à 6 mois…
Mary, morte en 1870 à 22 ans…
Alistair, mort en 1898 âgé de 36 ans…
Robert, mort en 1922 âgé de 75 ans.
Non… je ne vais pas lire les autres.
Lewis Trondheim, auteur de BD au sujet duquel courent bien des légendes urbaines, a adopté, pour son blog à dessins, un parti intéressant: un astucieux petit script, chaque fois qu’une nouvelle page est ajoutée, estompe les couleurs des pages plus anciennes: un peu comme si, oubliées sur l’appui d’une fenêtre, exposées au grand soleil, ces aquarelles pâlissaient peu à peu tandis que leur papier jaunit… (bon, il n’a pas poussé le souci d’authenticité jusqu’à faire jaunir le « papier » virtuel de son non moins virtuel carnet de croquis, mais vous avez saisi l’idée…).
Ce parti-pris, euh… je crois qu’il nous manque un mot, là… «webcomique», ça ne le fait pas, c’est sûr… webéditorial? webdesignesque? C’est moche. «Parti-pris de conception de page web», ça n’aurait sa place que dans un rapport commandé par le ministère… on va dire ce parti-pris tout court… ou ce choix graphique, voilà, me paraît, pour plus d’une raison, digne d’éloges: d’abord, c’est beau, et, quelque part, poétique: ça réconcilie «éphéméride» avec «éphémère».
Ce n'est pas la seule explication, ça s’inscrit dans le projet d’instaurer une distance entre le blogueur et ses lecteurs (Trondheim a, en outre, adopté une mise en page qui décourage la copie, et il n’accueille pas de commentaires; ça peut se comprendre, le dialogue entre l’auteur d’un blog et ses visiteurs, ça peut être aussi bien la meilleure que la pire des choses) accessoirement, ça résout assez élégamment la question de la concurrence que peut faire la publication en ligne à la publication papier (car, vous n’en serez pas surpris, les petits riens sont périodiquement rassemblés en albums: déjà six volumes disponibles, chez Delcourt).
En ce mois de juillet 2014, Lewis arpente l’Écosse, avec une bonne provision de papier. Les paysages l’inspirent: profitez-en maintenant, tant que c’est frais, dans quelques mois*, le temps aura fait son œuvre et les jolies couleurs seront toutes fanées…
Je l’ai mentionné, Lewis Trondheim ne souhaite pas qu’on republie ses dessins n'importe où et n'importe comment sur le web, aussi, pour illustrer ce billet, voici une photo exclusive de l’auteur des Petits Riens pendant ces fameuses vacances écossaises.
Photo: R. B.
2 commentaires:
> ce choix graphique, voilà, me paraît, pour plus d’une raison, digne d’éloges
Et pour ma part, c'est ce que je lui reproche : en ce moment où il poste à la pelle par exemple, tu n'as pas le temps de prendre connaissance de la première image de la série qu'elle est déjà plus ou moins fortement estompée. Et encore, là j'ai la possibilité d'aller voir assez vite ce qu'il a fait de nouveau : celui qui s'en va trois semaines en vacances sans connexion, il rate tout.
Ça a beau n'être que des "petits riens" comme il dit, je trouve ça dommage.
Pour citer une pub qui, je crois, est restée dans toutes les mémoires: «c’est le jeu, ma pauv’ Lucette» …
Ceci dit, je n’en disconviens pas, l’impression produite sur le lecteur n’est pas la même quand le dessinateur met à jour son site une fois par mois et en période de haute productivité, comme maintenant: voir quelque chose qui pouvait passer pour un harmonieux processus naturel se transformer en terrifiante course vers l’abîme, c’est un peu déstabilisant.
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