vendredi 30 août 2013

Un spectacle magnifique


Je ne sais pas ce qu’il en est chez vous, mais là où j’habite l’automne insiste lourdement pour commencer en avance, prétextant qu’il faudrait "rattraper le temps perdu par l’été qui a commencé en retard", qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. On est pourtant dans l'année du Serpent, un animal censé apprécier la chaleur?  J ‘essaie donc d'attirer l'attention du Serpent Céleste en exhumant un fragment d'un de ces textes que Hanns Heinz Ewers appela des Sommermärchen, "contes d'été".


Il s'arrêta une fois. 
Il venait d'apercevoir tout près de lui deux 
couleuvres immenses. 
Ces animaux d'ordinaire si farouches ne semblaient pas avoir remarqué sa présence, tout occupés à leurs ébats. La femelle s'enfuit à travers les buissons et les rocailles, poursuivie par le mâle. 
Soudain elle fit volte-face, se dressa, droite comme un I, pencha la tête en arrière et darda sa langue en direction du mâle. Ce dernier s'enroula autour d'elle; 
il ondoyait, étreignait tout le corps de la femelle 
qui tremblait et se serrait de plus en plus étroitement contre lui. 


Ces corps luisants bleu acier qui brillaient au soleil offraient un spectacle magnifique! Pierrot n'avait pas perdu une miette de cette scène. Avait-il bien vu des couronnes sur les têtes des serpents? De petites couronnes dorées…


Tannhäuser crucifié (un rêve sous le soleil) 
Der gekreuzigte Tannhäuser, 1901 
traduction d'Elizabeth Willenz dans 
La suprême trahison, Encrage Editions, 1993

Photo: X...

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