mercredi 21 août 2013

Jack Vance, la mer et la nuit


Du large lui parvint le murmure de voix tranquilles.
 Jantiff prêta intensément l’oreille et des frissons 
de peur coururent sur sa peau.
Nul ne pouvait expliquer les voix de la mer. 
Si l’on cherchait à s’en rapprocher furtivement, 
dans un bateau à la dérive par exemple, elles se taisaient. 
Quant à la signification de ce qu’elles disaient, 
même en écoutant avec la plus extrême attention, 
cela restait inintelligible.

Les voix de la mer avaient toujours fasciné Jantiff.
Il lui était même arrivé d’enregistrer les sons mais, 
en les réécoutant, leur sens lui avait paru encore plus insaisissable.

Les sens secrets, songeait-il…


Il se redressa et écouta. Si seulement il parvenait à saisir un mot et à comprendre le fond, il pourrait connaître alors le sens de toute chose!
Mais, comme si elles avaient deviné sa présence, 
les voix se turent 
et la nuit assombrit l’Océan.

Jack Vance,
Wyst: Alastor 1716, 
1978



Photo: Matthias Heiderich

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