Vous devez vous dire, lecteurs attentifs, qu'en ce mois du souvenir, j'ai oublié beaucoup de choses: de vous rappeler les anniversaires de Masamune Shirow et d'Alan Moore; pour Masamune Shirow, c'était le 23, vous pouvez encore le lui souhaiter un peu en retard, quant à Moore, il est par ailleurs bien présent dans l'actualité, avec un gros livre de magie (un bumper book indeed) auquel il a travaillé (avec son quasi-homonyme Steve Moore) une bonne quinzaine d'années. John Coulthart en a enrichi la maquette d'une ribambelle de fanfreluches qu'il a sorties de sa manche et il n'en est pas peu fier! Vous pouvez aller voir.
Tout ça ce n'est pas à cause de trous de mémoire, c'est parce que tout le mois j'ai été très occupé ailleurs.
Ce dont j'aurais vraiment dû vous parler plus tôt, c'est du dernier Jaworski: une toute petite plaquette intitulée "Les Fauteurs d’Ordre" (dans la collection Lunes d'encre de Denoël).
Ça parle d'un salaud ordinaire qui fait des saloperies ordinaires et à qui il arrive une saloperie ordinaire: un sujet que des nouvelles de Jaworski ont déjà traité avec plus de souffle (Mauvaise Donne, Profanation, Désolation...); si l'auteur a fait si court, c'est sans doute qu'il avait envie d'aller droit au but. Il se concentre sur l'enchaînement des faits, sans donner beaucoup de place au worldbuilding (à première vue - mais je peux me tromper - ça ne se passe pas dans l'univers du Vieux Royaume, mais dans un monde de fantaisie historique plus générique). Comme dit Alias, ce qu'on retiendra surtout, c'est que "toute ressemblance avec des événements récents n’est pas une coïncidence."
En effet, Oncle Alias a fait de cette nouveauté un compte-rendu très mesuré: "on a connu Jean-Philippe Jaworski plus subtil" et hasarde une hypothèse: " L’auteur, que l’on imagine très énervé pendant la réaction de ce texte, ne prend pas de gants pour montrer la montée du fascisme et ses effets." Et il conclut: "Je ne recommanderais pas forcément Les Fauteurs d’Ordre comme une lecture indispensable, mais pour son prix – une thune, soit cinq euros (ce qui, à la réflexion, fera sans doute plus qu’une thune en Suisse) – c’est une trentaine de pages qui se laissent lire sans déplaisir."
Oui, on peut imaginer Jaworski énervé. Dénoncer le fascisme est un travail de Sisyphe. Mais il paraît que, si on a beaucoup d'imagination, on peut aussi imaginer Sisyphe heureux.
Et moi qu'est-ce que j'en pense? C'est du Jaworski, alors je prends. Si vous hésitez, vous les retrouverez sûrement plus tard, ces fauteurs, dans un recueil de nouvelles, en compagnie d'autres félons et canailles. Vous pouvez aussi le considérer comme un manifeste, et le faire circuler autour de vous comme d'autres l'ont fait en d'autres temps pour Indignez-vous! de Stephane Hessel...
Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé de Jean-Philippe Jaworski dans ce blog! Ce n'est sans doute pas trop grave, il a fait parler de lui tout seul: ça ne vous a sûrement pas échappé, il a publié deux branches des Rois du Monde, des nouvelles et des articles un peu partout et tout récemment - je pense qu'on y reviendra - Le Chevalier aux épines! Trois tomes chez les Moutons Électriques, deux poches chez Denoêl.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire