Les personnages des romans en savent parfois plus long, sur les romanciers qui les ont imaginés, que ces romanciers eux-mêmes. Et il n'est pas sans exemple qu'ils aient eu, davantage que ceux-ci, le souci de leurs intérêts.
Voyez Simon Tanner, désigné dès le premier roman de Robert Walser comme exécuteur testamentaire d'un jeune poète que le froid devait mettre encore cinquante ans à tuer.
Le troisième jour le conduisit dans une ville imposante et belle où il n'avait qu'une affaire à régler: trouver un rédacteur auquel il pût remettre les poèmes de Sebastian.
Arrivé devant la maison qu'on lui avait indiquée,
il pensa brusquement qu'il ne serait pas très malin d'apporter lui-même les poèmes de quelqu'un qu'il avait trouvé mort.
Il écrivit donc sur la couverture du cahier bleu
ce titre:
Poèmes d'un jeune homme trouvé mort de froid
dans une forêt de sapins,
aux fins de publication, si possible,
et il jeta le cahier dans la grande boîte aux lettres prétentieuse,
où il tomba bruyamment.
Cette chose faite, Simon reprit sa route.
4 commentaires:
So eerie. What a great writer Walser was, and what an afterlife his work is having.
I can confirm: again and again,I keep coming back to his books.
Je ne connaissais pas, je vais noter.
C'est une drôle de famille, la famille Tanner.
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