Me voilà invité chez une cousine âgée appartenant à la branche la plus "bourgeoise" de la famille; il faudra, comme à chaque fois, que je surveille mes manières, elle ne laisse passer aucun faux pas.
Son accueil est chaleureux; me suis-je inquiété pour rien? Ah, je comprends: elle a un service à me demander. Elle compte sur moi pour allumer et surveiller le feu dans la cheminée de la pièce où nous allons dîner, avant que les autres invités n'arrivent; elle me prévient que des problèmes de tirage font que le feu est parfois long à prendre.
Ce n'est pas, cette fois, ma cousine, c'est la cheminée, en fait, qui me regarde d'un œil sévère; de deux paires d'yeux sévères, plus précisément. L'encadrement de marbre lourdement sculpté est dominé par une insolite figure héraldique de bronze: une sorte de Gorgone, plantureux buste de femme à deux têtes, une de serpent, une de corbeau. Je ne suis pas surpris de la voir là: je savais déjà que cette figure syncéphalienne était depuis des siècles l'emblème de notre famille, mais je ne l'avais pas encore vue représentée avec un tel luxe de détails. Bigre, me dis-je au réveil (dans le demi-sommeil du matin), voilà une image qui plairait à Guillermo Del Toro; il faudra que je lui raconte ce rêve quand je le verrai.
4 commentaires:
Tu en connais du beau monde et des mots savants.
Secrets de famille... tu en as peut-être toi aussi, qui sait?
Ouai, mais c’est secret, je ne peux pas en parler.
Ah, je comprends. Et si je renconte Li-An en rêve, je peux en parler ou pas?
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