mardi 13 avril 2021

En attendant le paon de jour

 

Lettre ouverte à l’Observer

Monsieur le Directeur,          


Aucun de vos lecteurs ne vous a-t-il signalé la rareté des papillons cette année? Dans cette région où habituellement ils abondent, je n’en ai vu aucun, à l’exception de quelques essaims de papilioninés. Depuis mars, je n’ai observé jusqu’à présent qu’un seul zygène, aucune æthère, très peu de thécles, une chélonie, aucun paon de jour, aucun catocale, pas même une cucullie argentée dans mon jardin qui, l’été dernier, était plein de papillons.
Je me demande si ce phénomène est général, et, dans l’affirmative, à quoi il est dû?

         M. Washbourn
     Pitchcombe, Glos.


Cette lettre, dont je ne peux absolument pas en aucune façon n'insistez pas vous garantir l'authenticité, est citée dans Marelle, de Julio Cortazar - vorace lecteur, comme vous le savez (je ne saurais vous dire s'il a fouillé avec méthode les archives de l'Observer, ou s'il en a trouvé un vieux numéro coincé dans un carton de bouquiniste entre deux numéros de l'Illustration)  mais aussi écrivain adepte d'un humour pince-sans-rire. Qu'il l'ait trouvée toute faite quelque part ou bricolée lui-même, la transcription de cette liste de papilionidés (ne pas confondre les papilionidés, qui sont une famille - nombreuse - de l'ordre des lépidoptères, avec les papilioninés, qui sont une sous-famille de cet ordre) a dû lui procurer un excellent moment de détente dans la composition ardue de Marelle.
Ma contribution au débat: moi non plus, je n'ai vu jusqu’à présent ni paon de jour, ni catocale ni cucullie argentée. On n'est qu'en avril, attendons avec confiance le joli mois de mai.
 

Julio Cortázar, Marelle, chapitre 146
(Rayuela, Emecé, 1963),
traduit de l’espagnol
par Laure Guille-Bataillon et Françoise Rosset,
Gallimard, 1966.
Du monde entier, Gallimard 1967 
 L'Imaginaire (n° 51), Gallimard 1979

9 commentaires:

Chris a dit…

My guess is that the letter is completely genuine. Rabassa's translation of it "back" into English sounds very authentically British, which makes me wonder if Rabassa had access to the original letter.

In any case, I have seen a few mourning-cloaks and cabbage butterflies so far, as well as one "Eastern comma" (which really is named after the punctuation mark)!

Michael Leddy a dit…

On a similar note, there’s James Schuyler’s poem “What Ails My Fern?,” made, I assume, from letters to a magazine or newspaper asking for gardening advice. I can’t find the text online, but you can hear the poem, twice, via PennSound's archives .

Tororo a dit…

Thanks Chris!
Thanks Michael!

May your garden become a haven for butterflies!

Jourdan a dit…

Bonjour. Je ne connaissais pas du tout ce passage dans Marelle de Cortazar.
Joli. Venant de Cortazar ce n’est guère étonnant.

Tororo a dit…

Ah? Un nouveau lecteur de Cortazar! Bienvenue Jourdan, vous êtes ici chez vous!

Jourdan a dit…

Merci beaucoup. J’ai lu attentivement la chronique sur la bibliothèque de Julio Cortazar ”Julio Cortazar y los libros ”de Jésus Marchamalo.C’est toujours intéressant et éclairant de connaître la bibliothèque des gens,qui plus est quand c’est Cortazar.
Je vais voir si l’ouvrage est disponible.

Jourdan a dit…

Pour information,il y a même une BD ,une biographie de Julio Cortazar par Jésus Marchamalo et Marc Torices,un roman graphique .En espagnol .

Tororo a dit…

Sapristi! Je n'avais pas entendu parler de cette BD sur Cortazar, merci de l'avoir signalée!
Quand je suis allé voir si elle était facile à trouver (c'est le cas, chez un certain mastodonte de la vente en ligne...) j'ai constaté que Julio Cortazar y los libros semblait toujours disponible...

Jourdan a dit…

La BD est disponible en français aussi,aux Éditions Presque Lune.
Du coup j’ai fait un tour sur leur site qui est pas mal du tout.
Merci pour ces découvertes.