lundi 19 avril 2021

Une comédie de masques

 

Ne croyez pas que, sitôt que je ferme les yeux, ce ne sont que films et séries qui se mettent à défiler devant. Cette nuit, je lisais une bande dessinée, comme font les gens de goût! Je me souvenais, à mon réveil, non seulement des dessins, mais de leur style; il me faisait penser à celui d'Alcatena, vous voyez de qui je parle? Ce n'est pas une grande star de la BD (du moins dans notre pays), mais sa manière est immédiatement reconnaissable.
L'histoire, c'était celle d'un jeune primate à problèmes: apparemment, c'était un mutant né sans poils dans un peuple de grands bipèdes velus, et il avait trouvé pour se fondre dans la masse une idée astucieuse: il s'était confectionné un costume complet d'anthropoïde, un épais matelas de poils qui dissimulait ce qui passait, dans ce peuple, pour des difformités - la BD ne le montrait jamais en entier au naturel (par des astuces de cadrage), mais on devinait que son apparence devait être proche de celle d'un humain "moderne". Il vivait, au sein des différentes tribus d'hominiens auxquelles il essayait de s'intégrer, des aventures qui mettaient parfois à mal son déguisement. Heureusement il rencontrait un protecteur, une massive créature à l'apparence de grand gorille, qui semblait en savoir plus que quiconque sur la nature et la destinée des hominiens. Dans l'épisode final, le "masque" du héros était mis définitivement hors d'usage; son mentor faisait alors un geste inattendu: il ôtait le sien, de masque (il en portait donc un? plot twist! on ne voyait pas tout de suite ce qu'il y avait dessous) et le tendait à son protégé. Le jeune homme s'en revêtait et partait pour de nouvelles aventures; le grand anthropoïde le regardait s'éloigner sans mot dire. C'est alors seulement, dans un unique dessin particulièrement soigné, qu'on découvrait les traits sans masque de ce deus ex machina: un visage humanoïde au profil étrangement allongé, rappelant un peu celui de ce pharaon Akhenaton, sur lequel la littérature populaire a produit tant d'écrits fantasmatiques. Et un récitatif final expliquait qu'après cela, ce personnage énigmatique avait choisi de faire modifier son apparence, d'abandonner la station debout en se faisant greffer des membres de quadrupède (se faisant greffer? il y avait donc quelque part un laboratoire plein de pièces de rechange, dont le récit, jusque là, ne nous avait jamais parlé?). Sous le récitatif, la dernière image le montrait sous sa nouvelle apparence, devenu une sorte de bison géant. Le texte, volontairement ambigu, suggérait que tout ceci s'insérait dans une expérience plus vaste, menée par… qui donc? des extraterrestres? encore un mystère!
Bref, la fin de l'épisode (le réveil!) laissait présager une suite.
Décidément, le scénariste des rêves use des mêmes trucs, des mêmes ficelles que tous les scénaristes.

 

 

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