dimanche 11 octobre 2020

Poussière de rêve

 

C’était un rêve ; je pensais rentrer chez moi.
Un vers de Louise Glück


Il y a d'abord ces rêves brefs, à peine des esquisses, qui surgissent quand on vient de se coucher et qu'on n'a pas encore trouvé la position qu'on gardera ensuite toute la nuit: là, par exemple, je m'engage dans un escalier, et l'impression d'avoir raté une marche me réveille en sursaut.
Puis il y a les rêves de l'aube, déambulations tortueuses dont on ne parvient, au réveil, à se remémorer que la fin.
Nous rentrons d'une longue promenade, P. et moi, il se plaint de picotements dans les mains et les attribue à l'électricité statique qui selon lui, s'accumule quand il les garde longtemps crispées sur le guidon de son vélo. Cette explication me laisse un peu sceptique; pour que ça ne se voie pas trop, j'affecte de m'intéresser à un des livres que nous avons ramenés de la promenade (les circonstances de cette trouvaille se sont déjà perdues dans les profondeurs du rêve). Les pages sont un peu gondolées, la tranche supérieure et le premier plat du livre sont couvertes de poussière: sans doute a-t-il séjourné des années dans une pièce un peu humide sans que personne n'y touche. Machinalement, j'essuie la poussière: elle est fine et un peu grasse, je m'en mets plein les doigts… et quelques instants plus tard, au réveil, je ressens d'abord étonnement, puis soulagement de ne plus voir sur mes mains aucune trace de saleté, avant de parvenir à la conclusion qu'après tout, c'est un peu normal.

 

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