Il y a quelques jours, James Gurney racontait sur son blog une charmante histoire de lapins - quoi de plus normal sur le site d'un peintre animalier réputé? - et plus précisément de lapins blancs: comment, en 1893, le sculpteur Lorado Taft, chargé de superviser l'ornementation sculptée des pavillons de l'Exposition Universelle de Chicago - la Columbian Exposition - et confronté comme il arrive souvent dans les entreprises de cette sorte à une deadline impossible, demanda timidement à son commanditaire, Daniel Burnham, si par hasard, en raison de la pénurie de candidats de sexe masculin qualifiés pour ce travail, il lui serait permis d'embaucher, fût-ce au prix d'une entorse à la procédure habituelle, quelques-unes de ses élèves (il enseignait aux jeunes filles du Chicago Art Institute).
Il lui fut répondu: Pour que le travail soit fait dans les délais, vous pouvez embaucher qui vous voulez, même des lapins blancs!
Aussitôt dit, aussitôt fait: ce furent des Lapins Blancs qui terminèrent fontaines monumentales, arcs de triomphe et groupes allégoriques - tout ce qu'il fallait en 1893 pour une Exposition Universelle réussie.
Une première dans l'histoire des commandes officielles (il y avait moins de trois quarts de siècle que les jeunes filles étaient admises dans quelques écoles d'art (pas toutes); et jusque là, ç'avait été pour développer un talent de société plutôt que dans la perspective d'exercer plus tard un métier).
Qui étaient ces Lapins Blancs? Hé bien, outre Zulime, la jeune sœur de Taft, il y avait Julia Bracken (1871–1942), Carol Brooks (1871–1944), Ellen Rankin Copp (1853-1901), Helen Farnsworth Mears (1867–1916), Margaret Gerow (qui disparut de l'histoire de la sculpture après avoir épousé.... un sculpteur), Mary Lawrence (1868–1945), Bessie Potter (1872–1954), Janet Scudder (1869–1940) et Enid Yandell (1870–1934).
Pour illustrer ce billet, une œuvre (la dernière) d'Helen Farnsworth Mears, un des Lapins Blancs:
Cette allégorie fait le lien avec le billet précédent, consacré en partie au mythe de Perséphone: c'est, bien sûr, la raison pour laquelle je publie ce billet aujourd'hui.
Merci Gurney Journey!
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