mardi 4 février 2014

Ciel froid et transparent de Janvier



À deux heures du matin, sous les étoiles qu’à cette heure personne ne regarde, les voyageurs d’outre-espace sont descendus du ciel froid et transparent de Janvier.

Les étoiles que personne ne regarde

Comme un météore, la plate-forme tournant sur elle-même s’est posée sur les broussailles de Castel Fusano.
Sur le disque, assis, couchés, se tiennent les extraterrestres, en éveil, les yeux étincelants: ce sont des chats, gris, plus gros que les chats humains.
Arrivés sur la Terre, ils descendent du disque, pissent et flairent distraitement les buissons inconnus; puis ils retournent sur la plate-forme.
Les oreilles dressées, soupçonneux, ils écoutent le bruit d’une automobile qui passe sur le boulevard Christophe-Colomb, jusqu’à ce que la voiture se soit éloignée avec ses ridicules petits yeux rouges allumés au derrière.


Les extraterrestres, dans Le stéréoscope des solitaires
(Lo stereoscopio dei solitari, 1972)
traduit par André Maugé, 
Gallimard 1977

Note du 9 février: En 1972, à la parution de Lo stereoscopio dei solitari, personne n'a pris au sérieux les mises en garde de Juan Rodolfo Wilcock...  quel aveuglement! voyez ce billet sur le passionnant blog Poemas del Rio Wang.


La photo du ciel nocturne au-dessus 
des broussailles de Castel Fusano provient d'ici 
(tous droits réservés)

4 commentaires:

loeildeschats a dit…

Meilleurs v(i)peux à vous aussi, M. Tororo. Quel dommage que les extraterrestres s'en soient allés si vite après un message très bref. Il est vrai que les chats terrestres s'en sont retournés, ragaillardis (...) à leur cité millénaire. Je suis aussi un lecteur de Juan Rodolfo Wilcock, et je vous souhaite tout autant de félicité dans votre propre cité millénaire... au moins pour 2014. Et merci pour m'avoir fait connaître Poemas del rio Wang.

Tororo a dit…

Merci cher (chère) (s) congénère (s), pour votre visite, vos vœux et surtout pour toutes les découvertes faites grâce à votre blog!

dasola a dit…

Bonjour Tororo, je ne connais pas du tout cet écrivain (Wilcock) mais je ne suis pas très "science-fiction" et extraterrestres félins (ou non). En revanche, je regrette depuis des années de ne plus voir de ciel étoilé. A Paris, avec toutes les lumières la nuit, on ne voit rien. Bonne journée.

Tororo a dit…

Chère Dasola, j'habite aussi une ville dont les étoiles semblent avoir déserté les nuits, et comme vous je m'en attriste; mais si votre visite sur ce blog vous a suggéré une destination pour vos prochaines vacances (pourquoi pas la pinède de Castel Fusano, à mi-chemin de Rome et d'Ostie?), ou vous a donné envie de découvrir Poemas del Rio Wang (ou, qui sait, L'œil des Chats), ce m'est une consolation...