lundi 1 avril 2013

Dingue Donne



Que les hommes vieux 
sont plus fantasques 
que les jeunes

Qui peut lire ce paradoxe qu'il ne  me pense plus fantasque aujourd'hui que je n'étais hier quand je ne pensais pas ainsi?
Et si un jour produit en moi un si sensible changement,  que ne fera le poids des ans?
Etre fantasque est, chez l'homme jeune, un débordement calculé, une folie de ruse; chez le vieil homme, dont les sens ont fané, ce devient naturel, donc plus parfait et plein.
Lors que nous dormons, en effet, notre fantaisie est plus forte,
et de même avec l'âge,  qui est la somnolence avant le sommeil profond de la mort.
Paradoxe III, 
dans Paradoxes et Problèmes

Aujourd'hui, premier Avril, 
est une journée particulièrement recommandable
pour faire tenir une anguille en équilibre
sur le bout de son nez,
et en plus c'est le quatre-vingtième anniversaire
de quelqu'un que j'aime bien:
le calendrier est bien fait, tout de même. 


"Les Paradoxes et Problèmes furent publiés en 1633, 
peu après la mort de John Donne. "Par peur de la honte et 
honte de la peur", il s'était opposé à leur divulgation. 
Ils furent amputés par la censure et il fallut attendre 1980 
pour en lire le texte complet, dont c'est ici 
la première traduction française"
voici ce que dit fièrement le feuillet de présentation 
de l'édition de Paradoxes et Problèmes que j'ai sous les yeux.
(John Donne, Paradoxes et Problèmes
traduit et présenté par Pierre Alferi, 

Illustration: dessin de Lewis Carroll : 
"You're old, Father william..."

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