lundi 30 décembre 2024
Réveillon sans nous
mardi 24 décembre 2024
Réveillon + nous
Des conseils pour une bonne soirée!
- On embrasse tout le monde et on danse une ronde au pied de l'arbre!
- Avant d'aller se coucher, on n'oublie pas de débrancher les guirlandes.
Joyeuses fêtes!
photo © Eli McMullen
dimanche 22 décembre 2024
À la crème d'angélique
Sans faire sonner leurs trompettes ils sont venus la chercher, juste avant la date du Petit Souper Maigre et du Grand Souper Gras: un afflux récent de convives aux banquets célestes rend-il sa compétence nécessaire dans la Cuisine des anges?
En cuisine |
"On n'enlève pas le gras, passe que c'est bon."
Maïté 1938-2024
Bartolomé Esteban Murillo (domaine public)
jeudi 19 décembre 2024
Oh, n'achetez jamais un général
... Un général dans cet état
Ça valait beaucoup moins que ça...
Paroles de Francis Blanche, musique de Pierre Philippe... 1954!
De bon matin me suis levé c'était dimanche
A la carriole j'ai attelé la jument blanche
Pour m'en aller au marché
Dans le chef–lieu du comté
Paraît qu'y avait des généraux à vendre
Mais le soleil écrasait tant la route blanche
La jument s'arrêtait si souvent sous les branches
Que lorsque je fus rendu
On ne m'avait pas attendu
Et tous les généraux étaient vendus
Pourtant là–bas tout au fond du champ de foire
Par un coup de chance il en restait encore un
Il n'était pas couvert de gloire
Mais avec un peu de Ripolin
Il pouvait faire encore très bien
J'l'ai échangé contre un cageot de pommes pas mûres
Quatre choux–fleurs et une tartine de confiture
Tout ça pour un général
C'était vraiment pas trop mal
Et puis je l'ai chargé dans la voiture
A la maison on m'a fait des reproches amers
Encore une fois paraît que j'm'étais laissé faire
Un général dans cet état
Ça valait beaucoup moins que ça
Mais puisque c'était fait tant pis pour moi
Et puis les gosses ont eu peur de sa moustache
Elle était rousse et ça les faisait pleurer
On lui a coupé d'un côté
Mais le chien s'est mis à aboyer
Alors on a laissé l'autre moitié
Il fichait rien pour pas salir son beau costume
De temps en temps il épluchait quelques légumes
Ou réparait l'escabeau
Ou débouchait le lavabo
Mais y ne savait même pas jouer du piano
Pourtant certains soirs, certains soirs d'été
Le général s'asseyait sur la paille
Et les yeux perdus dans l'immensité
Il nous racontait ses batailles
Il nous parlait des Dardanelles
Quand il n'était que colonel
Et de la campagne d'Orient
Quand il n'était que commandant
L'épopée napoléonienne
Quand il n'était que capitaine
Et puis la Guerre de Cent Ans
Quand il n'était que lieutenant
Les Croisades et Pépin le Bref
Quand il n'était que sergent–chef
Et les éléphants d'Hannibal
Quand il n'était que caporal
Les Thermopyles, Léonidas
Quand il n'était que deuxième classe
Et Ramsès II, la première guerre
Quand sa mère était cantinière
Puis le général jusqu'au petit matin
Déroulait le fil de son immense histoire
Puis il s'endormait sur sa botte de foin
Et nous sans parler
Nous rêvions de gloire
Il est resté comme ça chez nous
Jusqu'à l'automne
Sans travailler sans trouver la vie monotone
Ça nous a même étonnés
D'apprendre par le curé
Qu'il avait fait deux jumeaux à la bonne
Et puis voilà que par un beau matin
De décembre
Il est entré sans même frapper
Dedans ma chambre
Il venait de lire dans le journal
Qu'on le nommait Maréchal
Alors il nous quittait c'était fatal
Je l'ai reconduit en carriole jusqu'à la ville
On m'a rendu mes choux–fleurs
Et mes cageots
Et sans émotion inutile
Sans pleurs et sans se dire un mot
On s'est quittés en vrais héros
A la maison la vie a repris sans aventure
Y a plus personne pour nous chiper des confitures
Le général au bistrot
Avait planté un drapeau
Pour la patrie j'ai payé la facture
Je ne suis plus jamais retourné au marché
Mais quelques fois dans le ciel de la nuit d'été
On voit briller cinq étoiles
Et ça nous fait un peu mal
Oh... n'achetez jamais un général
mercredi 18 décembre 2024
Calendrier de Pas-en-Avance
Oh la la, la saison où, sur les blogs sérieux, on suggère des listes de livres à déposer au pied du sapin est de retour!
Yossarian, par exemple, propose, images à l'appui, neuf titres que je n'ai pas eu l'occasion de lire ni même de feuilleter:
Tiny Tango, de Judith Moffett; Conque, de Perrine Tripier; Les champs de la Lune, de Catherine Dufour, OVNI 78, de la bande à Wu Ming; La maison des soleils, d'Alastair Reynolds; Pour mourir, le monde, de Yan Lespoux; Pays de fantômes, de Margaret Killjoy; Un détail mineur, d'Adania Shibli; Jour de ressac, de Maylis de Kerangal...
... et seulement deux que j'ai lus: La sonde et la taille de Laurent Mantese et Le voyage de Shuna de Hayao Miyazaki. Comme ces deux-là, je vous les aurais moi aussi signalés (j'en reparlerai, si, si!), et puisque Yossarian ne recommande pas n'importe quoi (en général), je fais un geste un peu vague dans la direction de son blog (il les tous chroniqués; cliquez sur les images!)
Tiens, puis qu'on parle de sapin, je m'avise que je ne vous ai pas encore parlé d'Eliza Shua Dusapin (ça aussi, j'aurais dû!) sa bibliographie est courte mais bonne, cherchez-la sur le net!
samedi 14 décembre 2024
Détour par la rue Georges Perec
Il y aurait encore des choses à dire sur Jacques Roubaud,
J'ai été séduit (dans l'ardeur de ma jeunesse) par des textes qui sont, je m'en rends compte bien tardivement, relativement marginaux dans son œuvre, tout en en ignorant d'autres qui peut-être comptaient davantage pour lui (?): ses poèmes, surtout. Les Chats (merci les Chats!) ont attiré mon attention sur cette lacune, je vais maintenant (grâce à leur commentaire) me chercher un de ses recueils de poèmes (il y en a des tas); pourquoi pas celui qu'ils ont cité? Je ferai peut-être ça dans la nuit de dimanche prochain? En attendant voici ma réponse à leur commentaire:
rue georges perec 15/03/07:
c’est une rue où
les chats sont
les seuls vrais passants.
Un "Trident", trouvé dans le "dossier Roubaud"
sur le site En attendant Nadeau;
allez-y voir, vous apprendrez plein de choses.
vendredi 6 décembre 2024
Se souvenir des belles choses
Cette fois, c'est Denis Brihat. Aucune mort ne me réjouit (essentiellement, parce que les quelques personnes dont la mort pourrait éventuellement me donner envie de danser s'accrochent à la vie comme des tiques) mais certaines morts m'affectent plus que d'autres: celle des gens que j'ai connus, même peu. Denis Brihat, j'ai découvert ce qu'il faisait à sa première exposition, discrète, à la ferme des Contards (il y a cinquante ans et des poussières), plus tard nous sommes devenus voisins, il m'a fait visiter son laboratoire, j'ai vu quelques-unes de ses expositions suivantes (pas toutes: il en a fait un peu partout).
Nous n'avons jamais été proches, sauf épisodiquement en nous croisant sur ce "plateau des Claparèdes, désert à l’époque" que nous arpentions dans tous les sens "à l’époque" en nous émerveillant des mêmes choses. Elle est bien loin, cette époque, et ce plateau autrefois désert me manque aussi.
Et, coup sur coup, deux jours plus tard, c'est Jacques Roubaud.
Jacques Roubaud, je ne l'ai jamais approché plus près que depuis le parterre du Gymnase quand Maréchal y a monté ses pièces sur le Graal (avant, j'en avais dévoré, comme des romans, les gros volumes écrits à plusieurs mains avec Alix Cléo Roubaud et Florence Delay).
Sa traduction de La Chasse au Snark, ça m'aurait plu que l'éditeur français la choisisse de préférence à celle, si académique, d'Aragon pour accompagner les dessins de Mahendra Singh; une rencontre manquée.
Son Petit traité invitant à la découverte de l'art subtil du go m'accompagne: je l'ai lu une première fois bien trop tôt pour y comprendre quoi que ce soit, et je le relis de temps en temps pour vérifier que je n'y comprends toujours rien (ça m'aide à me sentir jeune). Après tout, c'est un objet fascinant, presque autant qu'un bulbe de jacinthe, un coquelicot froissé ou une toile d'araignée.
photographie de Denis Brihat |
Denis Brihat
1928-2024
Jacques Roubaud
1932-2024
mercredi 4 décembre 2024
Les désirs sont déjà des souvenirs
Il vient à l’homme qui chevauche longtemps au travers de terrains sauvages, le désir d’une ville.
Pour finir, il arrive à Isidora, une ville où les palais ont des escaliers en colimaçon incrustés de coquillages marins, où l’on fabrique lunettes et violons dans les règles de l’art, où lorsque l’étranger hésite entre deux femmes il en rencontre toujours une troisième, où les combats de coqs dégénèrent en rixes sanglantes mettant aux prises les parieurs. C’est à tout cela qu’il pensait quand il avait le désir d’une ville. Isidora est donc la ville de ses rêves:
à une différence près.
Dans son rêve, la ville le comprenait lui-même, jeune; il parvient à Isidora à un âge avancé. Il y a sur la place le petit mur des vieux qui regardent passer la jeunesse; lui-même y est assis, parmi les autres.
Les désirs sont déjà des souvenirs.
Italo Calvino, Le città invisibili, 1972,
Les villes invisibles, traduit de l'italien
par Jean Thibaudeau, Le Seuil, 1974.
Nouvelle traduction par Martin Rueff
Collection Folio (no5460) 2013-2020