samedi 17 septembre 2022

Un roi est mort, un phénix ne reviendra pas

 Deuxième semaine de septembre. Toujours peu d'occasions de se réjouir.

Vous n'avez pas oublié, lecteurs attentifs, l'académicien don Gregorio Salvador faisant la leçon à Arturo Pérez-Reverte: Julián Marías, qui a été notre collègue à l'Académie, le père de Javier Marías, le romancier... Et voilà qu'il est mort, Javier Marías, le romancier...

Je dois confesser mon ignorance totale de l'oeuvre de Marías père et, presque totale, de celle de Marías fils; et, ne connaissant pas davantage l'opinion du professeur Salvador sur les institutions monarchiques, je ne saurais vous dire pour quelle raison il omettait de mentionner la dignité singulière dont avait été revêtu Javier Marías: il avait reçu la récompense traditionnellement promise par les chevaliers errants à leurs écuyers: une île pour royaume. Ça, au moins (vous connaissez mon intérêt pour la préservation des moeurs chevaleresques) j'en avais entendu parler. Le 6 juillet 1997, Javier Marías devint roi d’un îlot des Caraïbes, quand le monarque du royaume de Redonda, Juan II (l’écrivain John Wynne-Tyson, ardent défenseur des droits des animaux) abdiqua en sa faveur. Le titre de roi de Redonda (nous dit Wikipedia) se transmet dans la sphère des lettres pour perpétuer l’héritage littéraire des rois précédents (n'est-ce pas joliment tourné?): Felipe Premier (Matthew Phipps Shiel, l'auteur azimuté du Nuage pourpre) et Juan Premier (John Gawsworth, un des biographes d'Arthur Machen). Javier Marías accepta de perpétuer la légende et prit le nom de Xavier Premier. C'est une tradition, chez les souverains redondiens, d'afficher des préférences qui ne sont pas celles de tout le monde. Interprétant cette tradition à sa manière, Marías créa sa propre maison d’édition, Reino de Redonda (Royaume de Redonda) spécialisée dans la littérature fantastique.

La popularité de l'idée de monarchie connaît des hauts et des bas, en l'île Redonda comme ailleurs (cette île ronde n'a-t-elle pas été facétieusement surnommée "l'île de trop de rois", alors même que ses seuls habitants permanents sont des oiseaux de mer?); il reste cependant communément admis qu'au moment de la mort d'un roi il convient de crier "Vive le roi!".

 Mais que convient-il de crier quand meurt Axel Jodorowsky, éphémère phénix dans le Santa Sangre de son père Alejandro?


2 commentaires:

Jourdan a dit…

J’ai vu ça le décès de Javier Marías.
Ses titres de romans sont des phrases de Shakespeare. J’avoue qu’il est pas facile à lire,beaucoup de digressions..A l’occasion je retenterai.

Tororo a dit…

Moi non plus, vous voyez, je ne suis pas allé très loin dans la biblio de Javier Marias! Merci d'avoir donné votre impression, il faudra que je retente aussi.