vendredi 1 juillet 2022

Par égard pour les survivants, les noms ont été changés

Hum. Je n'étais pas trop d'humeur à bloguer en Juin, peut-être l'avez-vous remarqué? La réalité se met à ressembler un peu trop à la fiction, à mon goût. Surtout à la fiction dystopique qu'en général j'aime bien (c'est trop marrant, les dystopies: imaginer que la Terre devient inhabitable, que les océans sont remplacés par des déserts, les déserts par des océans; que les humains s'aperçoivent enfin que des extra-terrestres vivent parmi eux incognito depuis des siècles; que les plantes vertes intelligentes s'allient aux robots pour prendre le contrôle des multinationales; que les guerres du futur, on les finira au lance-pierres... les possibilités sont sans limites!).

Au printemps d'il y a cinq ans, j'avais déjà eu cette impression; mais alors, c'était seulement l'attitude des électeurs dans les Grandes Démocraties, leur apparente addiction aux choix absurdes,  qui m'avait suggéré que nous dérivions peu à peu dans l'univers de Fargo - le film des frères Coen, mais surtout la série télé, cette série à propos de laquelle Pierre Sérisier écrivait il y a quelques années (ça m'avait frappé à l'époque, alors je l'avais cité) :

Comme dans le film des frères Coen, Noah Hawley joue sur l’absurdité des situations. Les bourdes commises sont tellement énormes, le manque de jugeote est tellement dévastateur qu’on ne parvient pas à croire que cela puisse relever de la réalité. Tout le sel de la série tient au décalage entre ce qui est envisageable par le spectateur et ce qui se produit. Il y a un jeu constant impliquant le spectateur qui se dit: 

"non, ce n’est pas possible, 

ils ne vont pas faire ça"

Et, si. 

C’est exactement ce qu’ils font.

Ce qui a changé, c'est qu'à présent c'est toute la planète qui se met à faire les choix les plus contre-productifs. Les informations que nos recevons d'ici et de là ont l'air  d'être sorties de la tête des scriptwriters de la bande à Noah Hawley... enfin presque, pas tout à fait, car ces derniers sont plus professionnels que les membres de la Confrérie des Scénaristes de la Réalité (je n'ai pas de preuve formelle que cette confrérie existe*, mais il est raisonnable de le supposer, non?): dans Fargo, on n'introduirait pas dans une intrigue des détails comme: un gouvernement rendant solennellement à une famille endeuillée un cercueil contenant une unique dent en or, faute d'avoir pu retrouver aucun autre morceau du disparu; un ministre qui, pour justifier la politique de son gouvernement, décrit minutieusement des événements survenus dans un univers parallèle; ou encore des "passeurs" de clandestins qui masquent l'odeur d'une cargaison de cadavres en décomposition en l'aspergeant de sauce barbecue...  dans un feuilleton ça ne passerait pas, même si on ajoutait la mention liminaire "inspiré d'une histoire vraie": il y a des limites à la suspension d'incrédulité.

Ceci dit, il faudra bien un de ces jours que je vous parle de Fargo et de tout l'univers fictionnel que le film a inspiré, ça c'est un sujet approprié pour un billet de blog.


* Je n'ai pas non plus de preuve formelle que cette hypothétique confrérie s'inspire de Fargo pour ses scénarios, mais il y a tout de même des indices troublants: fin mars, la NASA a "révélé" de nouveaux témoignages de pilotes déclarant avoir vu des OVNIs; et sans perdre de temps, le directeur de ROSCOSMOS a renchéri: oui, oui, des pilotes russes aussi en ont vu, il ne faudrait pas croire que les pilotes russes sont plus bigleux que les américains!


2 commentaires:

Michael Leddy a dit…

I share your perspective here. The bodies sprinkled with steak seasoning are like something from the darkest corner of Infinite Jest.

Tororo a dit…

Some dark corners allover around there, indeed.