Longtemps, à chaque apparition de Trump dans les media, m'est revenu en mémoire, automatiquement, cette affiche de campagne du siècle dernier, qui montrait une photo de Richard Nixon faisant son plus beau sourire, avec cette légende légèrement perfide: "Achèteriez-vous une voiture d'occasion à cet homme?" ("Would you buy a used car from this man?")…
… et je ne pouvais m'empêcher de me demander "Non mais sérieusement, il existerait quelque part des gens qui achèteraient une voiture d'occasion à ce Trump? On pourrait même en trouver plusieurs millions? Sérieusement?"
Je ne me pose plus la question depuis que j'ai pris le temps, ces jours-ci (la curiosité était trop forte) de parcourir quelques sites pro-Trump. L'explication est simple: les gens qui le soutiennent sont encore beaucoup plus cinglés que lui, au point de le faire paraître presque normal.
Il est bon de se demander, de temps à autre, ce que "normal" peut bien vouloir dire.
Pendant ce temps, Éric Chevillard, toujours fasciné par les bizarreries du langage, se demande quelle réaction chimique improbable peut bien se produire si, mû par la curiosité scientifique, on parvient à introduire les mots "Trump" et "humanisme" dans la même éprouvette:
Le trumpisme est un humanisme, hélas. Ce nom de trompette fanfaronne et néanmoins bouchée devrait être celui de l’espèce. Comme Trump, nous refusons d’admettre notre défaite, nous nous accrochons au pouvoir alors que nos décisions ont toujours été calamiteuses, pour ne pas dire criminelles, entachées d’abus de faiblesse et de prises illégales d’intérêts. Trump que nous sommes, nous ne reconnaissons pas l’échec complet de notre action, nous caressons l’idée d’un coup d’état encore, sur les mers et sur les forêts, après avoir réussi déjà l’exploit de faire de la banquise une terre brûlée. Au lieu de nous retirer, piteux, misérables, la trompe entre les pattes, dans les steppes les plus reculées, au fond des grottes, au lieu de laisser la place à de plus nobles bêtes. Tristes Trump que nous sommes…