mardi 22 octobre 2019

Cheval su par cœur (choses pas vues, 6)


Nous marchions jusqu'au coin de la rue où elle me laissait, elle revenait alors sur ses pas, s'attardait dans la rue qui menait au fleuve en face de notre maison de campagne, en jouant, me disait-elle, avec un cheval appelé Brinco; de mon côté, occupée à jouer aux billes ou à manger des fruits, je passais le temps sans m'occuper de ce que faisait ma sœur. 
Parfois, il pleuvait, mais cela n'empêchait pas que la scène se répétât. 
Nous rentrions à la maison trempées et notre mère nous mettait en pénitence. Parfois, le visage collé aux barreaux de la grille, j'essayais d'apercevoir Brinco. Je savais qu'il était noir et avait une tache blanche sur le front, je savais qu'il était sauvage et qu'il  avait une queue et une crinière ondulées.

(Ejércitos de la oscuridad, date de rédaction 1969-1970, 
première publication Editorial Sudamericana, 2008) 
traduction d'Anne Picard, 
Éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2018
ISBN 9752721006813

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