vendredi 24 mai 2019

Lâchez-vous, personne ne regarde


J'ai saisi, entre deux occupations plus sérieuses, quelques minutes de la campagne officielle pour les élections européennes.
Curieuse expérience.
Les chargés de communication des différentes listes se sont un peu lâchés, adoptant un ton qu'ils se garderaient bien d'utiliser lors d'un scrutin national ou local, où la priorité absolue est la réélection des têtes de liste et en conséquence la règle d'or est "surtout ne réveiller aucun des électeurs qu'on a eu tant de mal à endormir la dernière fois".
Le résultat, c'est que, tonitruantes, mélodramatiques, matamoresques, les interventions des représentants de chaque liste donnaient - toutes - l'impression d'avoir été produites par un de leurs pires ennemis, qui en aurait écrit le script et l'aurait confié  à une équipe de marionnettistes pour donner de leur programme une image aussi caricaturale que possible: par exemple, celle de "la droite et du centre" par Mélanchon dans un de ses bons jours (ah! l'érection d'une barrière écologique, quelle trouvaille!), celle du "parti des gens pas de l'argent" par un Dominique Seux décoincé et celle d'"en marche" par un Frédéric Lordon pince-sans-rire, celle du cimetière des éléphants par Monsieur le Chien, celle de Madame LP par le regretté Cabu… *
Ceci dit, il manquait à tous les interprètes, décidément trop amateurs (il semble bien que ce n'était pas des marionnettes, après tout), le talent de Coluche pour arracher au public un rire venu du fond des tripes.

* à moins que, plus prosaïquement, elles ne l'eussent été, toutes, par l'équipe du Gorafi.

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