à tout jamais…
lundi 25 mars 2019
À tout jamais, tout jamais et demi
En ce jour, le 25 mars
de l'an 3019 du Troisième Âge,
l'Anneau Unique fut détruit
dans les profondeurs ardentes du Mont du Destin
et Sauron le Seigneur Sombre
disparut du monde
à tout jamais…
à tout jamais…
jeudi 21 mars 2019
Apprenons à détecter les incursions de Nabokov dans notre espace privé
Ce jour terne n’était plus qu’une bande jaune pâle dans le couchant gris, quand, obéissant à une impulsion, je résolus de rendre visite à mon ancien maître d’études.
Comme un somnambule, je gravis les marches familières et frappai machinalement la porte à demi ouverte portant son nom. D’une voix qui était un iota moins brusque et un rien plus caverneuse, il me dit d’entrer.
Je me demande si vous vous souvenez de moi…
commençai-je, tout en traversant la pièce sombre où il était assis près d’un bon feu.
Attendez un peu,
dit-il en se retournant lentement sur son fauteuil bas,
il ne me semble pas…
Il y eut un sombre craquement, un bruit fatal de vaisselle broyée; je venais de marcher dans le service à thé qui se trouvait au pied de son fauteuil d’osier.
Oh! mais si, bien sûr,
dit-il,
je sais qui vous êtes.
Vladimir Nabokov, Autres rivages
(Conclusive Evidence, 1947),
traduit de l’anglais par Yvonne Davet,
Gallimard, 1961
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samedi 16 mars 2019
Retour à Quelquechose's End
Dramatis personæ du rêve de cette nuit:
Alistair, fils aîné de Lord Quelquechose;
Alice, sa sœur cadette;
Angélique, crue fille-panthère.
La dernière addition apportée par Sa Seigneurie à la ménagerie privée du domaine suscite la curiosité d'Alistair et d'Alice: l'étiquette que le lord féru des sciences de la nature a fait apposer sur la cage d'Angélique la présente comme "hybride d'humain et de panthère".
De toute évidence, Alistair n'est pas indifférent aux traits humains qui semblent prédominer chez la jeune hybride, et il expérimente, avec une gaucherie excusable chez un adolescent, différentes méthodes pour s'en attirer la sympathie. Avec un certain succès, dirait-on.
Ce qui trouble la petite Alice, en revanche, c'est plutôt la ressemblance d'Angélique avec les innombrables portraits de famille qui, comme il se doit, couvrent les murs du manoir, une ressemblance si nette qu'elle suggèrerait presque un cousinage ou quelque autre lien de parenté: un mystère de plus qui s'ajoute à la longue liste de questions qu'Alice se pose au sujet de la façon dont on fait les bébés, questions dont la réponse n'est pas incluse dans le programme d'études prévu pour les petites filles de son époque et de sa condition.
Osera-t-elle faire part de ses incertitudes à son grand frère? Le rêve se termine en me laissant, moi aussi, incertain quant au destin de cette famille recomposée.
J'ai oublié, j'en suis confus, le nom et le titre de Sa Seigneurie. En revanche, les trois enfants du rêve, j'en suis sûr, s'appelaient bien Alistair, Alice et Angélique. À moins que... n'était-ce pas plutôt Angélice? Pour en être vraiment sûr, il faudrait que je puisse relire cette étiquette.
dimanche 10 mars 2019
Un décompte de grains de sable
Il y a tant de grains de sable
qu’il ne doit pas en rester beaucoup
qui n’existent pas.
Il y a sept ans déjà, jour pour jour, Li-An notait dans son journal:
"Moebius est vivant!"
Ah.
Vous voulez de l'actualité, et si possible pas trop démoralisante.
Bon.
Éditée chez le Major (autrement dit par Moebius Productions), imprimée (nous avertit, dans un de ses derniers billets, le vigilant Li-An) sur papier fin, l'édition grand public de La faune de Mars.
Un témoignage irremplaçable sur l'exploration spatiale au vingtième siècle, cette épopée sans lendemain: en vente pour seulement trente grains de sable (martien).
L'original était un des joyaux, exposé sous vitrine blindée, de l'exposition Transe-forme. La première édition en était, je crois, une sorte de fac-similé (en noir et blanc, donc; je n'ai pas eu l'occasion d'avoir entre les mains cet artefact inestimable, qu'à présent se disputent les connaisseurs).
Cette édition-ci, qui propose une sélection des dessins du Major, est en couleurs. Je dois avouer une légère préférence pour la version "noir et blanc" de ces dessins (d'où mon choix d'illustrations pour ce billet).
Il vous est actuellement possible de vous procurer pour un prix tout aussi modique: trente-cinq écailles (c'est aussi sur papier fin, et aussi sous forme de fac-similé de carnet de voyage: coïncidences fortuites?) le Traité de Flore et de Faune dans les rêves des dragons, compilé par Jidus et édité par Scriptarium (la couverture est de Florence Magnin).
Conclusion provisoire: n'oubliez pas, amis lecteurs, de noter vos découvertes les plus curieuses dans vos carnets de voyages, ça peut toujours servir.
images © Moebius Productions
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dimanche 3 mars 2019
Données chiffrées
Mission délicate que celle de cette nuit, et potentiellement dangereuse: par où commencer?
- Quelle est la superficie totale de l'agglomération lyonnaise?
Je pose cette question à mon partenaire dans cette mission, mon vieux pote D (je devrais rêver de lui plus souvent, son sens pratique fait merveille dans les rêves).
De mémoire, sans hésiter, D me répond:
- 2 019 000 km2.
Bigre! Deux millions dix-neuf mille kilomètres carrés. C'est plus grand que je ne pensais: à peine moins que Paris, dirait-on (Paris, c'est bien trois millions de kilomètres carrés, non? Désolé, même en rêve, je n'ai pas autant de familiarité que D avec les chiffres).
Dans un tel espace, comment choisir l'endroit où commencer nos recherches, sinon en se fiant aux quelques informations incomplètes que nous possédons, et au hasard?
Alors, ici autant qu'ailleurs.
Mais la météo m'inquiète.
- Quelle probabilité qu'il tombe de la neige aujourd'hui?
Cette fois, il consulte brièvement sa tablette. L'estimation qu'il me donne doit donc être toute récente:
- 4% .
C'est faible. Pourtant l'impression ne me quitte pas qu'il pourrait bien neiger dans la journée, ce serait contrariant: à un moment crucial de notre mission, il sera important que nous ne laissions aucune trace, et si à ce moment-là le sol était couvert de neige…
Bah, concentrons-nous sur ici et maintenant. Dans cette petite rue en pente, la municipalité organise une exposition en plein air d'œuvres de maîtres-verriers.
À chaque croisement, un socle entouré d'une barrière supporte un objet de verre, des panneaux indiquent le nom de l'artiste et rappellent qu'il s'agit aussi d'une compétition: les œuvres seront jugées à la fois par un jury de professionnels et un vote du public, les passants sont invités à voter en ligne. Nous dépassons une sculpture de cristal limpide, en forme de grosse goutte de la taille d'une pastèque; plus loin, une autre, plus grande, ressemble à un drap froissé de verre strié; encore plus loin, une sorte de cosse de pâte de verre céladon. Au sommet de la pente, une petite place autour de laquelle les maisons se raréfient, laissant place à des terrains vagues, puis à une sorte de garrigue: sommes-nous déjà si loin du centre-ville? C'est un quartier de Lyon qui ne ressemble à aucun de ceux que je connais.
Au centre de la place, une sculpture plus grande que celles que nous avons vue jusqu'à présent (un mètre de haut, trois mètres de large, à peu près).
D'un caractère différent, aussi: rien d'abstrait, mais un blason baroque, fait d'éléments de verre de couleur encadrés de plomb, comme un vitrail: mais ce n'est pas un vitrail, c'est en trois, pas en deux dimensions (de part et d'autre de l'écu, d'énormes lambrequins de verre transparent, aussi d'inspiration baroque). La forme générale suggère qu'elle pourrait être destinée à orner le linteau d'un portail.
Des passants échangent des remarques sarcastiques sur le caractère kitsch de cette œuvre, et sur le fait qu'on lui ait donné ce qui semble être une place d'honneur: ce serait une commande, et de quelqu'un qui possède une certaine surface, dans tous les sens du terme.
Sans raison précise, l'idée me vient que la présence de cette chose pourrait avoir un rapport lointain avec notre mission.
D se fie aux chiffres, j'ai tendance à accorder une certaine importance à mes intuitions: c'est comme cela que nous nous complétons.
Il fait toujours doux et humide, malgré les prévisions il pourrait bien neiger, je le sens dans mes os.
Rêves et statistiques: à une de ces deux choses, il ne faut pas trop se fier.
vendredi 1 mars 2019
Ça veut dire quoi, déjà, "bordibordabouze"?
Vu la semaine dernière au Festival International des jeux de Cannes (sur le stand de l'École des Loisirs).
Allons, tout n'est pas perdu, les occasions ne manqueront pas de continuer à amasser des trésors à l'exemple du vieux brigand.
Edit du 02/03: Ah, je vois, vous aimeriez en savoir davantage sur les stars de ce festival des jeux, c'est ça? Une visiteuse qui a eu plus de temps que moi pour en explorer les allées vous parle ici de ses découvertes.
Les Trois Brigands est un jeu de l'École des Loisirs.
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