jeudi 8 juin 2017

La méthode du chevalier Dupin


D'un rêve long et compliqué (dans une première partie, je devais me rendre, pour y accomplir quelque mission secrète, à une adresse où je savais que, par pure coïncidence, vivait un vague copain qui habitait chez sa mère; or je n'avais pas  envie qu'ils sachent - ni le vague copain, ni sa mère - que j'étais venu (pourquoi? Hum...  disons, à cause du caractère secret de ma mission), aussi, j'élaborais un plan compliqué pour cacher mon sac à dos (qui aurait pu me ralentir dans une entreprise où le timing était important) dans un recoin de la cage d'escalier où on aurait peu de chances de le voir, le temps nécessaire pour que je fasse ce que j'avais à faire dans l'immeuble - j'ai oublié quoi - et naturellement à ce moment je croisais entre-deux étages un de nos amis communs; s'ensuivaient des péripéties qui méritaient sans doute, elles aussi, d'être oubliées) la partie dont je me souviens le plus précisément, c'est celle où je m'attardais à  rêvasser (c'était un rêve nocturne pendant lequel je daydreamais: ça arrive) devant la façade d'un grand bâtiment néo-classique en ruines. Je suivais, en l'écoutant distraitement, une personne qui voulait absolument me faire découvrir un musée contemporain récemment inauguré (elle discourait sur la "philosophie" qui avait "présidé" à la "programmation", vous savez, cette sorte de discours dont on se fatigue très vite). Comme nous approchions de ce fameux nouveau musée, situé dans un quartier qui présentait, comme beaucoup des villes dans lesquelles nous passons notre temps d'éveil, un aspect dévasté, à la fois inachevé et ravagé, je remarquais un bâtiment de l'autre côté de la rue: une vaste construction à l'abandon - peut-être un ancien musée, justement - surabondamment pourvue de pignons, frontons, frises, fausses colonnades. Les ouvertures basses, condamnées par des rangées de briques, suggéraient une démolition programmée. Une coupole écroulée avait laissé entre deux attiques un vide qui avait un faux air de terrasse. Je me disais que, ne fût-ce que pour pouvoir paresser sur ce semblant de terrasse,  j'aurais aimé habiter cette ruine.
Pendant ce temps ma guide, sautant du coq à l'âne, se mettait soudain à déplorer la disparition des petits commerces dans le quartier. 
Était-ce une mise en garde contre la tentation d'emménager dans le coin? 
Avait-elle deviné à mes changements d'expression, ainsi qu'eût pu le faire le chevalier Dupin, le tour qu'avaient pris mes pensées?



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