Ce billet-ci est la suite de celui-là.
UNDERWATER ne rencontra pas, c'est le moins qu'on puisse dire, un grand succès, même auprès des anciens abonnés de Yummy Fur (le précédent comic auto-édité par Chester Brown), qu'on pouvait pourtant supposer habitués aux bizarreries de ce cher Chester. Le fait que les personnages y parlent un charabia incompréhensible déplut fort aux lecteurs nord-américains, qui aiment bien que dans les comics, même s'ils sont indépendants, tout soit bien clair et carré.
Voici quelques réactions de lecteurs au n°1, publiées dans le n° 2:
Si vous trouvez que c'est trop petit, vous pouvez les voir en plus grand en cliquant dessus. |
Si vous avez bonne mémoire, amis lecteurs de comics, vous vous souvenez que dans les années 60-70 Richard Corben (qui avait pourtant une base de fans bien plus étendue que Brown) s'était brouillé avec certains de ses lecteurs en employant des procédés plus ou moins analogues: dans son comic Rowlf, par exemple, les personnages "gentils" parlaient en bon anglais; les "démons", en revanche, (les méchants de l'histoire: une armée de mutants contrefaits), Corben, pour suggérer l'existence, entre les deux camps, d'un fossé linguistique, avait choisi de les faire s'exprimer...
... en espéranto (!).
Ça vous paraît bien innocent, sans doute?
Hé bien, comme Chester Brown, Corben reçut des lettres de lecteurs indignés: "Qu'est-ce que c'est que ça? On ne comprend rien!"...
Pourtant, le jeu avec le langage dans Underwater n'est pas gratuit, tout au contraire: c'est même, pour une bonne part, ce qui fait l'intérêt de cette mini-série.
Les premiers strips montrent un accouchement difficile: les intervenants semblent parler une langue inconnue.
Puis l'image devient subjective: un enfant nous est né, de vagues formes mouvantes l'entourent, dans les bulles de dialogue s'inscrivent des lignes qui ne sont, cette fois, même plus organisées en phrases, comme pour transcrire des sons brouillés.
Peu à peu, dans cette bouillie sonore, Kupifam remarque que certains mots reviennent souvent (oh no), ou qu'ils sont plus faciles que d'autres à prononcer, et elle apprend à les utiliser.
Quand elle dit "okay", par exemple, ça semble mettre de bonne humeur les grandes personnes qui s'occupent d'elle.
Quand elle dit "no!", en revanche, ça ne les met pas de bonne humeur, pas du tout. C'est dommage, parce qu'elle trouve beaucoup d'occasions de l'employer, ce "no!".
Ne me dites pas que cette situation n'éveille en vous aucun souvenir?
A suivre....
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