samedi 27 août 2022

Une image pour Morwenna


Je me suis avisé d'une chose: quand je rends visite à Mori, mon amie imaginaire, ou quand c'est elle qui me rend visite, on transporte avec nous une petite bulle de notre continuum. Pas grosse, mais si par exemple j'ai un truc sur les genoux, elle le voit comme si elle était avec moi dans la pièce. Et réciproquement. Ça fait que non seulement on peut se montrer ce qu'on est en train de lire (ce qui résout au moins en partie le problème de partage que je mentionnais ) mais en plus je peux lui montrer tout ce que j'ai sur mon laptop, même dans une salle d'attente: c'est pratique!
(Ça vous paraît dangereux que je lui montre un artefact du vingt-et-unième siècle? Vous pensez bien qu'on a eu plus d'une discussion sur l'éthique de la communication entre personnes qui vivent à des époques différentes, et on a convenu que dès lors que je ne lui donnais pas de plans qui lui permettraient de fabriquer
 dès 1980 un ordinateur portable de 2022, on ne risquait pas de créer de paradoxe temporel. Mori a ajouté en prenant cet air sérieux qu'elle prend des fois: "De toute façon je te rappelle que nous avons une relation IMAGINAIRE, alors si l'un de nous deux montrait à l'autre les plans d'une machine, ce serait une machine imaginaire aussi, non?" ... Ma foi, c'est un raisonnement qui tient debout, on dirait.).
 Je viens de lui montrer cette image:


Et elle est restée un petit moment sans rien dire, à examiner tous les détails de la photo, avec un sourire jusqu'aux oreilles (elle ne connaissait pas le film). Ne me demandez pas pourquoi (il vaudrait mieux demander à Mori, elle est plus forte que moi pour expliquer comment fonctionnent les choses, surtout les choses imaginaires), mais quand Mori me gratifie, donc, de sa présence imaginaire, même si elle reste un peu en retrait derrière moi pour regarder par-dessus mon épaule, même si je ne tourne pas la tête pour voir son visage, quand elle sourit, je le sens.


L'image provient d'un plan du film Sayat Nova (1969), de Sergei Paradjanov.

2 commentaires:

kwarkito a dit…

ah oui, je me souviens de ce film étrange, comme la plupart de ceux de Paradjanov d'ailleurs. Oui cette image est incroyable. Il me faudrait revoir ce film car il ne m'en reste plus beaucoup de souvenirs précis. Juste le vague souvenir d'avoir été très déconcerté...

Tororo a dit…

Je prévois de le revoir aussi et d'être à nouveau déconcerté...
Un abrazo Kwarkito!