dimanche 13 mars 2011

Le mont Fuji en rouge (sur Rêves, d'Akira Kurosawa)





La presse de ce dimanche 13 mars
commente gravement "l'incident nucléaire"
(ainsi parle la presse quand elle se veut grave) de Fukushima,
consécutif au tremblement de terre du Japon.
Il y a deux jours, j'ai revu "Rêves", de Kurosawa:
je ne savais pas encore pourquoi j'avais tant envie de le revoir.
Je vous souhaite de l'avoir vu aussi, au moins une fois;
et si vous l'avez vu,
j'espère que vous avez envie de le revoir
de temps à autres.



Les rêves nous parlent avec la cruelle candeur des enfants.

Nous nous couchons en pensant raisonnablement: Non, bien sûr, quelle question, nous ne survivrons pas à notre folie, et c'est bien normal, tout est normal, tout dans l'univers est soumis aux lois de la causalité, quelle chance nous avons qu'il en soit ainsi, et nous sombrons dans un sommeil prosaïque.

A petits pas, le rêve s'approche et nous demande de sa petite voix: Mais est-ce que ça fera mal? est-ce que nous serons tristes?

Est-ce que les images qui nous reviendront quand nous voudrons nous souvenir d'une vieille femme morte, le grand amour de notre vie, telle qu'elle était il y a longtemps, au temps où nous n'avions pas encore cent ans, nous arracheront un petit rire de crécelle?


Est-ce qu'au pied de l'arc-en-ciel où les renards nous attendront, implacables, pour nous tendre de grands couteaux, il y aura des fleurs de toutes les couleurs?



Ou bien est-ce que les corbeaux envahiront le ciel indigo et jaune, jusqu'à ce qu'il soit tout noir?




un lien


la photo illustrant ce billet est © Reuters/Kyodo

Aucun commentaire: