samedi 12 mars 2011

Comfort food



Quand vient le soir, je rentre chez moi et rejoins mon cabinet d'étude; j'abandonne sur le seuil les vêtements que j'ai portés la journée, témoins des souillures et des fatigues du monde, et, comme pour une cérémonie, c'est mon habit de cour que je revêts en leur lieu.  Ainsi vêtu, je puis solliciter d'être admis en la vénérable compagnie des Anciens: ils m'accueillent avec bienveillance, ils me réconfortent et me dispensent cette ambroisie dont, de naissance, je fus affamé; là je puis sans embarras converser avec eux, m'enquérir des motifs qui guidèrent leurs actions, et eux ont la bonté de me répondre. Quatre heures de rang s'écoulent ainsi, sans que la durée me pèse, sans que le souci me trouble, sans ressentir ni l'angoisse du besoin ni la crainte de la mort.
Lettre de Nicolas Machiavel à Francesco Vettori, 1513

Visiteurs anglophones, retrouvez une version anglaise de ce texte ici, sur l'excellent blog de Makifat: Bibliophilia Obscura.

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