vendredi 11 juillet 2025

Cuisante comme un remords

 Souvent, je rêve que j’écris. Et de belles choses, vous pouvez me croire! Seulement, je n’en ai plus aucun souvenir au réveil, juste une impression, cuisante comme un remords.

 Or ce matin, me revient de l’un de mes rêves, non une de ces pages de poésie nouvelle, mais un échange téléphonique avec une personne de ma connaissance, réellement atteinte d’une maladie grave. Comme je lui demande comment elle se sent, elle me répond : «oh, ça va comme un troupeau.»

 Et immédiatement je comprends le sens de cette heureuse formule : sa santé est fluctuante, ça va ça vient, il y a des jours terribles, des jours meilleurs, certaines de ses forces résistent, certaines déclinent, tout comme il y a dans le troupeau mouvant des bêtes plus vaillantes que d’autres. Oui, l’expression mériterait de rester. Ça va comme un troupeau. Mais alors tous ces écrits oniriques effacés au réveil?!  Ma grande œuvre perdue!  Oh, comme ça cuit!

Éric Chevillard 

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