mardi 8 février 2022

Un explorateur s'est perdu: Jacques Abeille

 Je ne sais pas si j’en aurai la force, 

car je décline sévèrement et j’en souffre, 

mais j’ai encore quelques pages à écrire. 

Jacques Abeille (interview, 2018)

 


Je m'en souviens comme si c'était hier (bien que je sois incapable de préciser la date: ce devait être quelque part dans les années 80): dans un article d'une revue quelconque, j'avais lu ce nom, un nom qui m'avait instantanément fasciné: Terrèbre. Qu'est-ce que ce nom pouvait bien désigner?  L'article renvoyait à un obscur bouquin, qu'à l'époque j'ai été bien incapable de trouver (on a écrit des pages sur les "mésaventures éditoriales" de l'œuvre de Jacques Abeille: pour en savoir plus sur ces mésaventures,  je vous recommande deux articles parus dans En attendant Nadeau: un entretien donné par l'écrivain en 2018 que vous pouvez lire ici et un retour sur Le Cycle des Contréesici). J'ai continué à me demander ce que pouvait être Terrèbre.

Quelques années plus tard j'ai découvert par hasard dans une librairie poussiéreuse la première édition des Carnets de l'explorateur perdu: j'étais encore loin de Terrèbre, mais mon voyage d'exploration pouvait commencer. Ces Carnets ne m'ont pas quitté depuis: j'ai bon espoir d'y découvrir, un jour, un indice qui me conduira vers le second lieu de ma force.

Puis les éditions Attila... puis Le Tripode... ont commencé à publier le cycle en son entier.   Ai-je besoin de vous le dire? Je les ai acquis l'un après l'autre (je pense que c'est ce que vous devriez faire, si ce n'est déjà fait).

Car à présent on ne trouvera plus, ni dans des ruines dévastées, ni aux pieds de statues vivantes,  ni dans des campements de barbares, de carnets d'explorateurs, d'écrits de Lécriveur, de chroniques scandaleuses....

Les ténèbres envahissent la terre.

Terrèbre doit être là, quelque part.

Jacques Abeille, 1942-2022 


En couverture des romans d'Abeille chez Le Tripode: des dessins de François Schuiten!

2 commentaires:

Jourdan a dit…

En effet l’auteur est décédé en janvier dernier.

J’ai passé de super moments avec la lecture du Cycle des Contrées. Il écrit vraiment très bien.C’est bien de lui rendre cet hommage.

Tororo a dit…

Oui, son décès a été annoncé il y a déjà une quinzaine; je ne l'ai su qu'un peu plus tard (on en a moins parlé que d'autres décès).Mais il nous manque, n'est-ce pas? J'espère qu'il a pu concrétiser ce projet, dont il parlait il y a quatre ans, "d'écrire encore quelques pages".