lundi 30 novembre 2020

À la miaou

 

Disons, à ce Novembre avare de sourires, au revoir avec un miaou...


... celui de ces nekogirls trop kawaii qui étaient là bien avant que ce soit la mode.

 

Fragment d'une mosaïque romaine,
début du troisième siècle de notre ère
(Musée archéologique de Sousse, Tunisie)
© Ad Meskens / Wikimedia Commons.


 


samedi 28 novembre 2020

A la fenêtre avec saint Thomas d'Aquin

 

Un compagnon du jeune saint Thomas d'Aquin dit à celui-ci, en présence d'autres jeunes moines, de regarder par la fenêtre 'pour voir un bœuf qui vole'; ce que fit le saint, sans ne rien voir, bien entendu. Tout le monde se mit à rire, mais saint Thomas, imperturbable, fit cette remarque:
« Un bœuf qui vole est chose moins étonnante qu'un moine qui ment. »

C'est ainsi que Frithjof Schuon rapporte l'anecdote.
Chesterton (dans son essai sur saint Thomas d'Aquin,
St. Thomas Aquinas: The Dumb Ox), est plus concis:
Deux novices voulant plaisanter lui dirent de regarder à la fenêtre, car on voyait, disaient-ils, un bœuf en train de voler. Thomas se déplaça à la fenêtre, et leur répondit :
« J'aurais été moins étonné de voir un bœuf voler qu'un religieux mentir. »

 
Contacté tout récemment par nos soins, le saint, depuis le céleste séjour, a déclaré:
« Je reste à ma fenêtre, on ne sait jamais. Les nouvelles d'en-bas qui parviennent jusqu'
ici ne sont pas des plus distrayantes, et  je ne désespère toujours pas de voir, un jour, un bœuf voler: au moins, ce serait plus remarquable et moins déplaisant que d'entendre un policier mentir. » 

 

mardi 24 novembre 2020

Gris et bleu

 

Il y a quelques jours, j'ai dû, sur ordre de la Faculté, porter un holter tensionnel (un MAPA) pendant vingt-quatre heures. Ce n'était désagréable que lorsque le brassard de l'engin, toutes les quelque dix minutes, me serrait le biceps à le broyer, en émettant de petits sifflements; mais dans ces moments-là, c'était vraiment désagréable, aussi je voyais approcher l'heure de me coucher avec appréhension, pensant que l'indiscrète mécanique me tiendrait éveillé, ou au moins perturberait mon sommeil. Vaine crainte: comme de coutume, je me suis endormi sitôt la tête posée sur l'oreiller, et j'ai dormi comme un bébé. Au réveil, me restait l'image d'un chat, gris très foncé - pas noir, mais pas non plus du gris argenté des chartreux - sauf la queue, marquée tout du long d'anneaux de ce bleu électrique particulier à certains papillons exotiques.
Bien que paré d'attributs si distinctement oniriques, le chat se contenta de me regarder sortir du rêve, ni plus ni moins énigmatique que les chats de plein jour.
Quant au holter, il continua ses manigances jusqu'au terme prévu, comme si de rien n'était.

 

mercredi 11 novembre 2020

Nos jeunes grand-pères (1)


Le 7 novembre 2018

Mon cher papa,
J'ai recopié comme j'ai pu toutes les cartes qu'Edmond a écrites à ses parents pendant qu'il était prisonnier en Allemagne, du printemps 1916 jusqu'à la fin de la guerre. Ce n'a pas été toujours facile, comme tu peux t'en douter; elles sont écrites en tout petit et au crayon à papier effacé par le temps. D'autant plus que je ne connais pas la plupart des personnes citées, et que tu ne peux pas me renseigner tellement davantage puisque Edmond, malheureusement, tu ne l'as pas connu. C'est pour cela d'ailleurs que je me permets de l'appeler Edmond, mon jeune grand-père; après tout il a l'âge de mon fils, ton petit-fils. J'ai donc recopié ces cartes comme j'ai pu tout en insérant mes propres réflexions, mes propres doutes, au moment même de l'écriture; comme ça tu peux lire ce que j'ai lu au moment même où je le découvrais. Il m'a semblé que, en procédant de la sorte, ça devenait un objet littéraire, autant qu'un témoignage historique. Du coup je l'ai proposé à un éditeur, qui en effet a bien voulu le publier. Le livre paraît demain, nous fêterons ça à l'Espace l'Autre Livre, à Paris, 13 rue de l'Ecole Polytechnique, à partir de 19h. Ce serait compliqué pour toi d'être parmi nous mais je sais bien que tu le seras par la pensée. Comme tu as déjà pu le voir, le livre est un bel objet. Et comme dit Edmond dans l'une de ses cartes que mon éditeur cite en couverture, «ce sera un souvenir». C'est une bonne chose car nous n'en avons pas beaucoup. 
Je te quitte mon cher papa, en empruntant à ton père sa formule habituelle, qui dit bien ce qu'elle veut dire.
Ton fils qui t'aime de tout son cœur,
Philippe

Philippe Annocque, Mon jeune grand-père
éditions Lunatique, 2018

jeudi 5 novembre 2020

Unlikely stories (mostly)

 

Les choses étant ce qu'elles sont, j'essaie de mettre moi-même en pratique les conseils que je donne aux autres: j'ai à côté de moi une pile de bouquins, et de temps en temps, j'en tire un, en essayant de ne pas faire tomber les autres.
Je vous ai déjà parlé d'Alasdair Gray, n'est-ce pas?
C'est dans un livre d'Alasdair Gray que je suis plongé en ce moment: ça s'appelle Unlikely Stories, Mostly (pas encore traduit en français: les quelques ouvrages de Gray qui ont été traduits, vous pouvez les trouver au catalogue des éditions Métailié).
Le titre vous livre un indice sur le contenu: ce sont des textes courts, féroces, décalés, en un mot weird: du Alasdair Gray, quoi.
Comme il en avait l'habitude, non seulement il en a illustré la couverture, mais en plus il en a parsemé les pages de petits dessins de sa plume: il y en a de mignons, il y en a de mordants.
Je vous fais profiter de celui qu'il a mis à la fois au début et à la fin du livre: il l'a agrémenté d'une citation de Dennis Lee qui lui plaisait beaucoup (il y a une anecdote pittoresque à propos de cette citation).


 

Et les choses étant ce qu'elles sont, j'espère qu'elle vous aidera, amis lecteurs, à garder vos esprits tournés vers le haut (translation: keep your spirits up, friends!

 

Alasdair Gray: Unlikely Stories, Mostly
Harmondsworth: Penguin Press, 1984.
ISBN: 0-14-006925-9

repris dans Every Short Story by Alasdair Gray 1951-2012
Canongate Books Ltd 2012
ISBN-13 : 978-0857865601