mardi 23 juin 2020
Encore un rêve où l'on met les points sur les i
Dans ce rêve-ci, je fais la connaissance d'une petite fille.
Elle me confie que souvent, des gens lui disent:
"Ta maman est bonne".
Elle se sent, à chaque fois, obligée de préciser:
"Ma maman, elle est évêque".
Dans le rêve, je ne dis rien, mais mon admiration silencieuse est acquise à cette petite fille pour qui il est si important d'utiliser les mots justes.
Deuxième visite onirique, en l'espace de quelques jours, de hauts dignitaires de différentes églises (d'églises différentes, aussi, à ce qu'il semble). Serais-je en passe de devenir fréquentable - au moins en rêve?
vendredi 19 juin 2020
Ne pleurons pas, rions
Il y cinq ans (comme le temps passe) nos amis de l'Œil des Chats, commentant ce billet, résumaient en ces termes la carrière de Ian Holm:
"Un acteur qui a incarné Raymond Poincaré, Napoléon, Himmler, Thénardier, Goebbels, Ponce Pilate et Jack l'éventreur
ne peut pas être mauvais"…
Non, en effet, au théâtre, à la radio, à la télévision ou au cinéma, Ian Holm n'a jamais été mauvais.
Non, en effet, au théâtre, à la radio, à la télévision ou au cinéma, Ian Holm n'a jamais été mauvais.
Il nous est arrivé, en le regardant jouer, d'avoir envie de pleurer, mais on savait bien que c'était pour de faux: c'est ça, être comédien.
Mais non, Alice: il ne pleure pas! Il rit! |
Ian Holm (Lewis Carroll), avec Amelia Shankley (Alice), dans Dreamchild de Gavin Millar (1985)
vendredi 12 juin 2020
Les beaux jours reviendront
L'été est presque là, mais sur les conseils de la Faculté (il paraît que je fais partie d'une catégorie "à risques"), je reste enfermé chez moi comme aux grands jours du confinement. Le grand air commence à me manquer. La tentation est grande de se réfugier dans le souvenir d'étés enfuis.
Il m'en revient justement un, de souvenir d'un jour d'été du siècle passé (1997, si ma mémoire est bonne).
Je suis dans un petit square adjacent à la gare Saint-Charles. L'endroit a un peu changé: alors, on pouvait, avec un peu d'imagination, le décrire comme un minuscule jardin, aujourd'hui, ça ressemble davantage à un parking. Il fait très beau, il y a peu de bruit. Le square est plein de gens qui, comme moi, prennent le soleil. Des blocs de béton servent de bancs. Il y a de tout: des étudiants, des mamies qui tricotent, des lycéens, des chibanis appuyés sur leur canne.
Il y a un couple attendrissant: assis au bord de la maigre pelouse, ils se chuchotent à l'oreille, et tirent à tour de rôle sur une unique cigarette, la dernière du paquet.
La fille est blonde, le garçon est noir.
Passe, d'un pas de promenade, un groupe de trois policiers accompagnés d'un grand chien muselé. Ces patrouilles de police aux abords des gares étaient encore une nouveauté à l'époque, et tout ce qui est nouveau suscite l'intérêt: c'est sans doute ce qui explique que le silence semble s'être un peu épaissi depuis qu'ils sont là. Ils traversent le square en droite ligne, eux aussi silencieux, et ne marquent un temps d'arrêt, avec un ensemble parfait, qu'en arrivant devant le jeune couple attendrissant. Ils demandent à voir leurs papiers, les examinent longuement, échangent quelques hochements de tête.
Le chien, ne trouvant rien d'intéressant à renifler, suit du regard un papillon exubérant comme seuls les papillons savent l'être.
Les papiers sont rendus, avec d'autres hochements de tête, et la patrouille repart, suivant toujours la même ligne droite qui lui fait traverser le square en diagonale, jusqu'à la sortie à l'opposé de celle par laquelle elle est entrée, sans un regard pour les mamies, les lycéens, les chibanis et les étudiants. Seul le chien tourne la tête à deux ou trois reprises, cherchant des yeux le papillon. La cigarette est devenue mégot. Le front noir et le front blond se touchent. Toujours le silence.
Le soleil est toujours aussi chaud.
J'attends impatiemment que l'été commence pour de bon, et l'avis favorable des médecins, pour aller me faire d'autres souvenirs, en prévision des prochains hivers.
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