vendredi 11 février 2011
Ta Cathy t’a quitté: MURAKAMI Haruki, 8
Le sol où tu te trouves, tu imagines qu'il est solide,
mais pour un rien il peut s'effondrer et te faire sombrer très bas.
C’est, semble-t-il, une idée reçue que Murakami est plus à l’aise dans la forme longue que dans les formes courtes.
Et pourtant... et pourtant...
Peut-être pensez-vous, comme les naïfs explorateurs victoriens, qu’un éléphant, ça ne peut pas disparaître comme ça, que, leur destin dans l’au-delà fût-il de se réincarner en papillons, ils doivent bien laisser en quittant ce monde quelque colossale carcasse: si vous croyez ça, vous perdrez votre temps à chercher en vain toute votre vie le cimetière des éléphants.
Croyez plutôt Murakami: les éléphants s’évaporent.
La femme qui vous aimait, un jour, ne vous aime plus.
Vous vous rappelez soudain que vous aviez quelque chose à dire à votre père, et votre père n’est plus là.
Vous vous êtes peut-être réveillé, un matin, sans mémoire.
Quand vous lirez des rêves, ce seront les rêves de quelqu’un d’autre.
C’est dans Tony Takitani que cette expérience est décrite de la façon la plus dépouillée, la plus nue:
il y avait quelque chose,
et puis un jour,
il y a eu
plus rien.
jeudi 3 février 2011
Attendre le rêve: MURAKAMI Haruki, 7
- A vrai dire, commença-t-elle, j’ai un secret que je n’ai jamais avoué à personne jusqu’ici. J’ai vécu en le gardant seule. Mais aujourd’hui, je voudrais vous le confier. C’est sans doute parce que je ne vous reverrai probablement jamais. Mon père est mort soudainement alors que j’étais encore très jeune, et ma mère, sans m’en dire un mot, a aussitôt...
Nimit tendit ses deux paumes vers Satsuki, puis secoua la tête plusieurs fois:
- Docteur, je vous en prie, ne m’en dites pas davantage. Attendez le rêve, comme vous a dit la femme du village. Je comprends ce que vous ressentez, mais quand on met les émotions en mots, elles deviennent des mensonges.
Thaïlande, une des nouvelles du recueil Après le tremblement de terre
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