Hum-hum.
Encore? Pourquoi donc ai-je l'impression d'avoir déjà ressenti cette sensation de... comment dire? de mauvais positionnement dans le temps?
Hum-hum.
Encore? Pourquoi donc ai-je l'impression d'avoir déjà ressenti cette sensation de... comment dire? de mauvais positionnement dans le temps?
Je pince entre les pouces et les index des deux mains la tranche de jambon, et je l'élève dans la lumière. Je contemple avec ravissement le chatoiement des reflets - comme d'une couche de vernis - qui la parcourent. Oui, je sais, c'est un rêve, mon rêve, et a priori il ne tiendrait qu'à moi, dans ce plus privé des cosmos privés, de décrocher un odorant jambon fumé des poutres d'une taverne, de m'en tailler une bonne tranche avec mon coutelas et de la dévorer à belles dents. Mais non, dans ce rêve-ci je me satisfais de m'émerveiller des modestes qualités esthétiques d'une tranche de jambon industriel sortie, ruisselant d'humidité, d'un film plastique.
Puis je me lève et, avant d'aller noter ce rêve (pendant qu'il est encore tout frais et brille de reflets de vernis), je tourne le bouton de la radio; il en sort la voix d'Armstrong "… and I speak to myself: it's a wonderful world".
Le rêve n'ouvre plus sur des lointains d'azur. Il est devenu gris. La couche de poussière grise sur les choses en est la meilleure part. Les rêves sont à présent des chemins de traverse menant au banal. La technique confisque définitivement l'image extérieure des choses, comme des billets de banque qui vont être retirés de la circulation. Dans le rêve, la main s'en saisit une dernière fois, elle prend congé des objets en suivant leurs contours familiers. Elle les saisit par l'endroit le plus usé. Ce n'est pas toujours la manière la plus convenable : les doigts des enfants n'entourent pas le verre, ils plongent dedans. Par quel côté la chose s'offre-t-elle aux rêves ? Quel est cet endroit le plus usé ? C'est le côté qui a pris la patine de l'habitude et qui est garni de sentences commodes.
Walter Benjamin, Œuvres II,
Gallimard, Folio, 2003
ISBN : 9782070426942
Il m'arrive en effet d'en faire, de ces rêves dont "la couche de poussière grise sur les choses est la meilleure part". Je n'en tire pas la conclusion pessimiste de Walter Benjamin, que "la technique confisque définitivement l'image extérieure des choses". Il me semble au contraire que la particularité de ces rêves est qu'ils me gratifient - le temps d'un sommeil paradoxal - d'une capacité d'émerveillement supérieure à celle dont je jouis pendant la journée (une sorte de "remise à neuf" de cette utile capacité à laquelle c'est notre rugueuse existence diurne qui inflige une usure), et je leur en suis reconnaissant, au point de m'éveiller content de n'avoir gardé d'un rêve que le souvenir de quelques grains de poussière dans un rayon de soleil.
Il y a eu, jusqu'à aujourd'hui, un léger flou autour du projet "Tarot de la Marelle", la réédition, pas-tout-à-fait-à-l'identique-mais-presque (pour des questions de droits), de ces fascinants Atouts* dont, nous a appris Roger Zelazny, princes et princesses d'Ambre* ne se séparent jamais, et auxquels Florence Magnin, après avoir illustré les couvertures de la série de romans pour Denoël, avait ouvert un portail* vers l'Ombre* que nous habitons: une réédition que vous attendiez tous depuis des années, n'est-ce pas, amis?; au vu des informations pas toujours concordantes postées ici et là, il était permis de se demander: la souscription serait-elle lancée le 10 novembre, ou plus tard? Sur Kickstarter, ou sur Ulule?
Voici, heureusement, qui va éclairer votre lanterne:
Retrouvez toutes les informations ici!
Cette nuit, c'est James Bond que je rencontre (à moins que je ne regarde un film: ça m'arrive souvent en rêve). Le vrai James Bond, la preuve: c'est à Sean Connery qu'il ressemble le plus (désolé, Daniel Craig: c'était bien essayé). Détendu, bronzé, sous le soleil de quelque Riviéra, il vient sans doute d'effectuer quelques acrobaties dans son Aston-Martin car il en laisse refroidir le moteur sur le bord de la route.
Et c'est dans une discussion très sérieuse et animée à propos du bon usage des gadgets de ladite Aston-Martin qu'il est plongé, avec la James Bond girl qui l'accompagne: elle semble trouver qu'il en a fait un usage un peu inconsidéré. En effet, les cascades précédentes ont laissé quelques traces sur leurs tenues à tous les deux: smoking blanc pour lui, robe de soirée en lamé pour elle, sont un peu froissés et défraîchis, et surtout, trempés (peut-être a-t-il testé la fonction "sous-marin" de la James Bond car en oubliant de fermer le toit ouvrant?). Mais rassurez-vous, même fripés, ils restent tous les deux très sexy.
Vous en avez vu assez à présent, lecteurs éclairés, pour reconnaître la touche inimitable d'une de nos illustratrices préférées
(n'est-ce pas?)…
Mais que nous montre, au juste, cette fenêtre sur un autre monde?
Ouvre-t-elle sur un univers impossible?
Ou sur celui que nous n'avons jamais quitté?
À suivre...
... Mais oui, ce n'est pas simplement un feu follet parmi d'autres, c'est une lanterne portée par une énigmatique figure féminine...
... de quel futur vient-elle en éclaireuse?
De quels arcanes est-elle la messagère?
Le saurons-nous bientôt?
À suivre...
On nous avait prévenus: la nuit allait tomber une heure plus tôt.
Ouille!
Ça n'a pas raté: l'hiver a rajouté une couche, en étendant sur les journées d'hier et d'avant-hier nuages noirs et pluie persistante.
Depuis le changement d'heure, je ne suis pas sûr que le jour se soit encore levé.
Mais… que vois-je, là, tout au bout de l'obscurité?
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