jeudi 31 mars 2011

Teclopolis




Une petite merveille d'animation, découverte grâce à Algésiras (merci Algésiras!):
Teclopolis, réalisé par le studio argentin CanCanClub.


Dans ce film, nous sommes témoins d'une catastrophe... mais dans ce cas, ne s'agirait-il pas d'une eucatastrophe?

L'image ci-dessus est © CanCanClub

dimanche 13 mars 2011

Le mont Fuji en rouge (sur Rêves, d'Akira Kurosawa)





La presse de ce dimanche 13 mars
commente gravement "l'incident nucléaire"
(ainsi parle la presse quand elle se veut grave) de Fukushima,
consécutif au tremblement de terre du Japon.
Il y a deux jours, j'ai revu "Rêves", de Kurosawa:
je ne savais pas encore pourquoi j'avais tant envie de le revoir.
Je vous souhaite de l'avoir vu aussi, au moins une fois;
et si vous l'avez vu,
j'espère que vous avez envie de le revoir
de temps à autres.



Les rêves nous parlent avec la cruelle candeur des enfants.

Nous nous couchons en pensant raisonnablement: Non, bien sûr, quelle question, nous ne survivrons pas à notre folie, et c'est bien normal, tout est normal, tout dans l'univers est soumis aux lois de la causalité, quelle chance nous avons qu'il en soit ainsi, et nous sombrons dans un sommeil prosaïque.

A petits pas, le rêve s'approche et nous demande de sa petite voix: Mais est-ce que ça fera mal? est-ce que nous serons tristes?

Est-ce que les images qui nous reviendront quand nous voudrons nous souvenir d'une vieille femme morte, le grand amour de notre vie, telle qu'elle était il y a longtemps, au temps où nous n'avions pas encore cent ans, nous arracheront un petit rire de crécelle?


Est-ce qu'au pied de l'arc-en-ciel où les renards nous attendront, implacables, pour nous tendre de grands couteaux, il y aura des fleurs de toutes les couleurs?



Ou bien est-ce que les corbeaux envahiront le ciel indigo et jaune, jusqu'à ce qu'il soit tout noir?




un lien


la photo illustrant ce billet est © Reuters/Kyodo

samedi 12 mars 2011

Comfort food



Quand vient le soir, je rentre chez moi et rejoins mon cabinet d'étude; j'abandonne sur le seuil les vêtements que j'ai portés la journée, témoins des souillures et des fatigues du monde, et, comme pour une cérémonie, c'est mon habit de cour que je revêts en leur lieu.  Ainsi vêtu, je puis solliciter d'être admis en la vénérable compagnie des Anciens: ils m'accueillent avec bienveillance, ils me réconfortent et me dispensent cette ambroisie dont, de naissance, je fus affamé; là je puis sans embarras converser avec eux, m'enquérir des motifs qui guidèrent leurs actions, et eux ont la bonté de me répondre. Quatre heures de rang s'écoulent ainsi, sans que la durée me pèse, sans que le souci me trouble, sans ressentir ni l'angoisse du besoin ni la crainte de la mort.
Lettre de Nicolas Machiavel à Francesco Vettori, 1513

Visiteurs anglophones, retrouvez une version anglaise de ce texte ici, sur l'excellent blog de Makifat: Bibliophilia Obscura.